Date stellaire 87201.4, Deep Space Nine.
Une jeune andorienne s’installa à une table, au fond de la terrasse du Réplimate. Ce lieu convivial permettait d’avoir une vue imprenable sur la promenade et la voûte étoilée. Elle prit à deux mains la tasse de thé junja, qu’elle s’était commandée. Elle la porta lentement à ses lèvres. Elle fixa avec émerveillement le spectacle qui s’offrait à elle. Un ballet infini de voyageurs, commerçants, touristes… Elle adorait ce lieu si vivant. Rien à voir avec la vie à bord d’un navire stellaire. Elle sourit un instant lorsqu’elle vit une personne s’approcher du Réplimate. Elle faillit d’ailleurs bousculer un officier de Starfleet. L’andorienne reconnut l’uniforme de ce dernier et suivit du regard la direction qu’il prenait.
Le Bar de Quark. Un lieu où l’on pouvait boire, s’amuser et s’y perdre le temps d’un instant. Ses rêveries furent interrompues par l’arrivée d’une personne. Cette dernière lui sourit et la jeune andorienne la reconnut. C’était celle-là même qui faillit renverser l’officier de Starfleet. Un homme séduisant, portant de courts cheveux noirs, accompagnés d’une barbe bien taillée, dans un uniforme de flotte aux couleurs blanches et rouge sang. Elle était fascinée par les hommes en uniforme. Elle émergea de ses pensées pour revenir vers la personne qui avait accosté sa table.
La jeune andorienne l’invita et lui proposa un thé junja. Son invité refusa. Normal, se disait la première.
- As-tu les données, Huginn ? demanda l’andorienne en souriant, et en reprenant une gorgée de son thé.
- Cela n’a pas été facile, mais je les ai, répondit la jeune métisse.
Elle était née d’une union entre une cardassienne et un bajoran. Une union taboue, voir interdite, même à plus de trente années de la libération de Bajor des cardassiens. Elle était l’enfant de deux mondes. Elle sortit, d’une poche intérieure de sa veste, deux puces isolinéaires. Elle les posa sur la table et les fit glisser vers la tasse de thé.
- Il y a tout, lança l’andorienne,
- Oui, les deux puces contiennent toutes les données de la flotte de Starfleet à étudier. Des enseignes jusqu’au amiraux, en passant par les fichiers techniques des navires la composant.
- Impressionnant.
- Pensez-vous que cela nous servira ?
- L’histoire nous le dira. Nous agirons en fonction de ce que contiennent tes données, en les associant à celles que je détiens. J’espère que nous pourrons éviter l’avènement de La Longue Nuit.
******
-STAR TREK-
MARE TENEBROSUM
L’Espace, ultime océan de ténèbres. Occultant une multitude de civilisations, de cultures exotiques, d’espèces, de dangers insoupçonnés. Notre quête… Repousser la frontière de l’inconnue.
Ex Astris, Scientia.
******
Date stellaire 86052.88, USS Benou
Le Capitaine Langford étudia plusieurs dossiers et autres rapports, affichés sur les divers PADDs que lui avait transmis son officier en second. Le Capitaine Langford était un humain vieillissant, issu d’une longue tradition familiale d’exploration. L’un de ses cousins eut l’honneur de servir à bord de l’USS Voyager. Il passa sa main dans ses cheveux grisonnants pour les ramener en arrière. Perdu dans ses réflexions, il ne remarqua pas qu’on attendait devant sa porte.
Le Lieutenant Beth Corvi. Elle se tenait debout, devant cette porte. Sans montrer le moindre signe d’impatience. On avait plutôt l’impression qu’elle guettait le moment où la porte prendrait vie et s’ouvrirait. Elle activa de nouveau le panneau d’appel. Cette fois-ci, le Capitaine Langford l’entendit. Il activa le monitor de son bureau, en pianotant le clavier incrusté dans son bureau. Un panneau coloré fit son apparition devant ses yeux. Une série de textes de programmation s’élança un instant avant de présenter une image. Il découvrit, sur l’écran, le Lieutenant Beth Corvi qui l’attendait devant sa porte. Il sourit et ordonna à l’ordinateur de lui ouvrir la porte de ses quartiers.
Le Lieutenant Beth Corvi faisait partie d’une poignée de survivants du Corvi. Un transporteur humain qui sillonnait l’espace de la Fédération, depuis que l’homme savait naviguer parmi les étoiles. Ces humains étaient évoqués sous le nom de « Boomer. » Le Lieutenant Beth Corvi et lui partageaient un point, ils descendaient tous deux d’une longue lignée de voyageurs. Elle se présentait sous les traits fins d’une femme humaine de taille moyenne, et athlétique. Ses cheveux noirs étaient coupés courts. Une mèche, tombant près de son œil droit, masquait une cicatrice datant de l’abordage du Corvi par les nausicaans.
Le Lieutenant Beth Corvi franchit la porte et salua son Capitaine. Celui-ci le lui rendit et l’invita à s’installer dans le petit salon. Le Capitaine ne fit aucun commentaire, ni excuse pour avoir laissé le Lieutenant patienter un long moment. Il voulait jauger sa réaction. Le lieutenant n’en montra aucun.
Une fois installé, le Capitaine proposa un rafraîchissement au Lieutenant, avant de débuter le briefing. Elle lui commanda un raktagino. Le Capitaine en commanda alors deux à son synthétiseur. Le raktagino était un café klingon, beaucoup plus fort que ceux de la Terre. Le Capitaine Langford remit une tasse à son Lieutenant avant de s’installer face à elle. Quelques PADDs étaient éparpillés sur la table basse qui les séparait.
- Avant de débuter le briefing, j’aimerais savoir comment vous allez, Lieutenant ? demanda le Capitaine, avant de prendre une gorgée de raktagino.
- Bien, répondit-elle calmement.
- Vous vous plaisez à notre bord ?
- Pourquoi cette question ? Interrogea le Lieutenant, surpris par une telle demande.
- Pour ce que j’en sais, vous conservez vos distances avec le reste de l’équipage et vous ne vous y êtes fait aucun ami, jusqu’à maintenant. Y a-t-il quelque chose qui vous perturbe ?
Un silence s’installa.
- Rien, Capitaine. Sauf votre respect, je suppose que ce n’est pas la raison de ma convocation, Capitaine ? Lança le Lieutenant, en posant sa tasse de raktagino sur la table basse.
Le Capitaine sourit. Il sentait bien qu’elle voulait éviter la question. D’un geste naturel, il prit l’un des PADDs de la table basse et le lui remit. Elle parcourut le document qui y était affiché. Pendant ce moment, le Capitaine se leva et se présenta face à la baie vitrée de ses quartiers. Il adorait perdre son regard dans la contemplation de la voûte céleste.
- Comme vous le savez certainement, nous faisons cap sur le système Vega… commença le Capitaine.
Il laissa le silence s’installer dans ses quartiers. Le Lieutenant releva lentement la tête vers le Capitaine. Elle posa le PADD et prit une gorgée de sa boisson.
- Un artefact iconien ?
- Exact. Il s’avère qu’il était occulté depuis tout ce temps. C’est la raison pour laquelle on n’avait jamais découvert son existence, lorsqu’on a bâti cette colonie.
- D’après les premiers rapports, la structure est bien conservée. Etonnamment bien. A l’exception du système d’occultation. Le Professeur Korth et son équipe, du Conseil Archéologique de la Fédération, sont descendus du Sovereign, il y a quelques heures déjà. Ils attendent les équipements supplémentaires qu’ils nous ont demandés.
- Je suppose que cela explique notre arrêt à la Starbase Sol, dernièrement. Quelle est la mission ?
Le Capitaine tourna légèrement la tête en direction du Lieutenant. Une image lui revint. Il sourit en repensant au passé.
- Vous vous présenterez au téléporteur 3. Là vous y retrouverez l’Enseigne Liim de l’Ingénierie, ainsi que les équipements techniques à remettre au Professeur Korth.
- Pourquoi m’avoir choisi, alors ?
- Vous refusez la mission, Lieutenant ? Lança le Capitaine, en fronçant les sourcils.
- Non, j’émettais juste une observation.
Le Capitaine Langford revint s’installer à côté du Lieutenant. Il prit au passage sa tasse de raktagino. Il fixa le Lieutenant un instant, avant de reporter son regard vers son bureau.
- Pourquoi vous, Mademoiselle Beth ? Demanda le Capitaine Langford.
Répondez à ma première question : Pourquoi souhaitez-vous rester à l’écart de toute relation ? Ce n’est pas ce qu’aurait souhaité, Nathaniel.
Le Lieutenant vira son regard soudainement vers le Capitaine. De multiples questions se chevauchaient dans son esprit. Pourquoi ? Pourquoi de tous les capitaines de Starfleet, elle était sous les ordres du seul qui nommait son père par son prénom. Un père qu’elle ne connut uniquement qu’au travers des rapports de mission de Starfleet. Une voix émergea du combadge du Capitaine pour lui signaler que le Benou arrivait en vue de la colonie Vega.
- Bien, dit-il en faisant une moue. Il regarda le Lieutenant, un instant, avant de se lever et de se diriger vers la porte.
Nous remettrons cette discussion à plus tard. Rompez, Lieutenant.
Le Lieutenant Beth Corvi se leva et rejoignit son officier supérieur vers la sortie de ses quartiers. Elle se retourna vers lui.
- Puis-je vous poser une question personnelle ?
- Allez-y.
- Où avez-vous connu, Nathaniel Beth ?
Le Capitaine s’approcha d’elle et posa la main sur son épaule. Il lui souffla :
- Nous nous sommes connus lors de la guerre contre le Dominion.
Soudain, le Capitaine se jeta violemment sur son Lieutenant. Ils se retrouvèrent tous les deux, enlacés à même le sol. La violence de l’impact leur fit perdre connaissance quelques secondes. Aussitôt, le Capitaine se redressa et activa son combadge pendant que le Lieutenant se relevait. Une seconde secousse ébranla de nouveau le navire. L’Alerte rouge se déclencha aussitôt.
- Capitaine à passerelle, lança sèchement ce premier.
Rapport.
- Une violente perturbation de neutrinos, appuyée par une invasion Borg, Capitaine, répondit Suren, le Premier Officier du Benou. Cet officier était de naissance Vulcaine. Il avait la pleine confiance de son Capitaine, malgré une attitude hautaine et arrogante vis-à-vis du personnel dont le comportement était basé sur leurs émotions dites « primaires, » selon son point de vue.
- D’après nos premières analyses, l’épicentre de la perturbation serait situé au… continua l’officier.
Une nouvelle secousse ébranla la course du Capitaine et de son Lieutenant vers la passerelle. Il fit signe
à son officier de s’arrêter.
- …niveau du site de fouille sur Vega. De plus, je dois vous informer que nous venons de recevoir un appel de détresse du Sovereign. Le signal est très faible. Il semblerait qu’il soit en grande difficulté. Il affronte deux cubes borgs, actuellement. Poursuivit le Commandant Suren.
- Pourquoi n’avons-nous pas détecté plus tôt leur signal de détresse et les borgs ? demanda le Capitaine.
- Correction, Capitaine, le terme exact est le borg. Pour rappel...
- Entendu, Numéro Un !
- Nous enregistrons actuellement un parasitage de nos senseurs et nos communications. Impossible de joindre l’équipe scientifique sur Vega ou le Sovereign.
- Avez-vous d’autres nouvelles de ce genre ? Interrogea le Capitaine agacé.
- Sachez qu’une perturbation des neutrinos pourrait engendrer la naissance d’un vortex.
- Est-il possible que cela soit l’objectif du collectif borg ? Intervint le Lieutenant.
- Nous ne sommes pas en mesure de pouvoir corroborer votre analyse, Lieutenant. Mais cela est une possibilité à ne pas écarter. Répondit le Commandant.
Le Capitaine se tourna vers le Lieutenant.
- Lieutenant, rendez-vous sur le site de fouille avec l’Enseigne Liim et une escorte. Tâchez de découvrir ce qui s’y passe et prenez les décisions nécessaires à leur résolution. Pendant ce temps, le Benou se portera au secours du Sovereign. Rompez.
Le Capitaine et le Lieutenant se séparèrent. Leurs regards se croisèrent un instant, avant de se séparer. Des souvenirs lointains émergèrent dans l’esprit du Capitaine. Plus de trente années auparavant, lors de la bataille de Chin’toka…
******
La Planète Vega était une planète de classe M. Inhabité, ce monde fut colonisé par la Fédération pour devenir l’un des plus grands greniers du secteur. La planète vivait essentiellement de son agriculture tant terrestre que maritime. La vallée, si calme de Ten’Val, avait été l’objet d’agitation ces derniers temps. Il y a peu, suite à une terrible tempête, une concentration anormale d’énergie fut enregistrée. Une équipe scientifique et d’ingénierie fut aussitôt envoyée sur place. Ils découvrirent sous la surface de la vallée, des ruines anciennes, concentrées autour d’une immense Tour Obsidienne. Après enquête, il s’avéra que la tour était la source de cette concentration d’énergie. Très vite, le conseil planétaire de Vega informa la Fédération qui dépêcha le Professeur Korth sur les lieux. Ce dernier, accompagné de son équipe, rentrait d’un séminaire archéologique qui se déroulait sur Bajor. Le Capitaine du Sovereign s’était proposé comme taxi, devant rentrer à Utopia Planitia pour maintenance.
Suite à une première étude du site, le Professeur Korth put même constater que les ruines étaient d’origine iconienne. Une civilisation éteinte depuis des centaines de siècles déjà. Il fit alors une demande de matériels supplémentaires à la Fédération, afin de pouvoir, lui et son équipe, se montrer à la hauteur de la tâche.
Toutefois, un mystère demeurait. Le Professeur n’avait fait part de cette information qu’à son équipe et au Conseil Archéologique de la Fédération. En effet, la Tour Obsidienne n’était pas d’origine iconienne. Elle était encore plus ancienne que cette civilisation, aujourd’**** éteinte. Des glyphes recouvraient toute sa surface extérieure. L’intérieur de cette tour était encore plus étonnant. On pouvait y accéder par une porte, qui s’ouvrait uniquement en palpant une série de glyphes, dans un ordre déterminé. Cette séquence et la porte d’accès furent découvertes par accident.
L’intérieur se composait d’une unique salle circulaire où trônait, en son centre, en apesanteur, une sphère composée d’un liquide émeraude. On pouvait voir, sur la surface du globe, des sillons se formant et disparaissant. Un peu comme si la surface de l’objet était constamment balayée par de puissants vents.
Seena Lax était encore hypnotisée, sinon captivée par les événements de ces dernières heures. La découverte d’une cité iconienne, couplée d’un artefact mystérieux, était de trop pour elle. Seena était une trill, ayant suivi le cursus scientifique de Starfleet Academy. Bien avant de rejoindre cette dernière, elle s’était unie à Lax, un symbiote, lors d’un rite de passage, comme la tradition l’exigeait. Rares étaient les élus qui avaient accès à ce rite. Certains étaient refoulés, d’autres patientaient des années avant de pouvoir être lié à un symbiote. La récompense : un enrichissement personnel tant pour le trill que pour le symbiote, car l’un et l’autre partageaient les connaissances et les expériences de chacun.
- Ces ruines sont aussi uniques que cet instant. Ne trouvez-vous pas, chaperon ? Lança Seena Lax, en balayant les lieux avec son tricordeur. L’agent de Starfleet qui avait été assigné à sa sécurité, tourna lentement la tête dans sa direction en levant un sourcil. Le Professeur Korth avait formé des binômes pour explorer les ruines antiques, afin de cartographier les lieux et les sécuriser. Seena Lax revint aux données que lui affichait son tricordeur.
Cet appareil était très utile à une scientifique comme Seena Lax. Il tenait facilement dans une main et permettait de détecter, d’enregistrer et d’analyser un objet ou un environnement immédiat. Le tricordeur nota une information qui retint l’attention à Seena Lax. Elle fit une moue de surprise et se ravisa rapidement.
- Chaperon ? demanda-t-elle.
Savez-vous qui se trouve dans cette direction ?
L’agent de sécurité s’approcha de Seena Lax qui lui tendit son tricordeur. En se rapprochant, Seena put remarquer que son chaperon était un bajoran, au grade d’enseigne. Comme elle. On lui avait souvent raconté qu’un bajoran était une sorte de moine contemplatif de la sagesse et des bienfaits que lui apportaient ses Prophètes. Un terme que les bajorans utilisent pour nommer leurs Dieux. Elle en savait peu sur leur religion, peut-être qu’elle pourrait compter sur cet enseigne pour lui en apprendre plus.
- Enseigne, je me nomme Erun pour commencer… lança le bajoran, d’un ton sec.
D’après votre tricordeur, c’est un humanoïde de l’espèce humaine.
- Normalement, nous sommes les seuls dans cette partie des ruines, répondit Seena Lax.
- Alors c’est peut-être l’un des vôtres qui aurait fait un excès de zèle et aurait semé son « chaperon. » annonça Erun en souriant à Seena Lax.
On va en avoir le coeur net. Je passe devant, suivez-moi.
Elle se positionna derrière Erun en surveillant régulièrement les données transmises par le tricordeur. Ils avançaient lentement, mais prudemment. Au fur à mesure de leur expédition, les ténèbres gagnèrent du terrain autour d’eux. Plus ils s’éloignaient de la Tour Obsidienne, et plus la lumière s’affaiblissait. Les ruines iconiennes paraissaient moins attrayantes et plus sinistres à Seena Lax.
Ils approchaient de la forme de vie, d’après le tricordeur. En arrivant en vue de la forme humanoïde, Erun
activa la lampe de son fusil et la pointa dans sa direction. Il demanda, sur le coup, à l’inconnu de s’identifier. Mais ce qu’il vit dans la lumière, le surprit. Seena Lax regarda alors par-dessus l’épaule d’Erun. Elle reconnut le Professeur Korth. Elle l’appela et vit ce qu’Erun voyait. Elle fit un pas en arrière. Elle n’en croyait pas ses yeux. Jamais elle n’aurait pensé en voir un jour. Erun tenta de joindre ses compagnons. Aucune réponse.
Dans les ténèbres les encerclant, une centaine de points lumineux rouges apparurent…
******
Un léger bourdonnement brisa le silence des lieux. Ce bruit précéda l’apparition d’éclats de lumières bleutés, au centre des poteaux. Ces derniers étaient reliés entre eux par un fil de lumière azur, dessinant un large cercle luminescent. Les éclats bleutés laissèrent place à des faisceaux de lumières dans les mêmes teintes. Aussi éphémère que le phénomène précédent, elles disparurent et furent remplacées par des formes humanoïdes.
Cinq formes pour être exact. Ils portaient l’uniforme de Starfleet. Les vestes écarlates et noires, de quatre d’entre eux, marquaient leur appartenance au département des opérations, contrairement au dernier, dont la couleur écarlate cédait la place à une autre plus dorée. Celle du corps des Ingénieurs. Ce corps expéditionnaire était mené par le Lieutenant Beth Corvi. L’ingénieur, quand à lui, n’était autre que Liim.
Liim était un bolian, né sur Terre. Il était issu d’une longue tradition de coiffeur. La surprise fut grande, pour sa famille, lorsqu’il annonça sa motivation pour intégrer Starfleet Academy au lieu de celle de coiffure. Depuis cet instant, sa famille était restée très distante avec lui. Malgré leur antipathie envers sa décision, Liim prenait le temps de leur écrire régulièrement. Liim sortit son tricordeur et commença à scanner les lieux environnants. Le Lieutenant avait été clair lors du briefing. Le premier objectif était de localiser l’origine de la perturbation des neutrinos, la deuxième, porter secours à l’équipe du Professeur Korth, et la troisième, découvrir les motivations des borgs, le cas échéant. Le Lieutenant adressa la confirmation de leur arrivée au Benou. Aucune réponse. Elle se doutait que les communications devaient être parasitées. Mais elle voulait en avoir le coeur net. Elle n’appréciait pas de rester dans le doute. Elle fit une dernière inspection du corps expéditionnaire. Elle activa son fusil phaseur et enjoignit le reste du groupe à la suivre.
Avant de descendre, le Lieutenant fit régler les fusils de l’équipe sur un système de rotation des fréquences des faisceaux du phaseur, tous les trois tirs. Cela permettait d’éviter que les borgs s’adaptent trop rapidement à leurs armes. Une fois qu’un borg avait assimilé les données du phaseur, il s’avérait très difficile de pouvoir le vaincre. Lorsqu’on partait affronter des Borgs, mieux valait être préparé. Sinon on avait tôt fait de rejoindre le Collectif Borg, par l’assimilation.
Le groupe descendait de la colline où trônaient les bornes d’amplifications des empreintes moléculaires, grâce auxquelles ils purent se téléporter sans difficulté. A cette profondeur, le faisceau de téléportation aurait été trop faible pour permettre ce type de manœuvre. Le Lieutenant et son équipe faisaient route vers la Tour Obsidienne, la source de la perturbation des neutrinos. Ne connaissant pas le temps dont il disposait réellement, avant l’ouverture probable d’un vortex, le groupe se mit en marche forcée. Le temps était une donnée importante pour cette opération.
L’ Enseigne Liim se mit à la hauteur du Lieutenant, son tricordeur en main. Il l’observa un instant, avant de sourire et de se lancer.
- Vous croyez que l’on va devoir affronter des borgs ?
- Lieutenant, Enseigne Liim, lança froidement le Lieutenant.
- Lieutenant, croyez-vous que l’on va devoir affronter les borgs ?
- Cela dépend du volume sonore de votre voix, Enseigne.
- J’ai lu énormément de rapports sur les borgs, notamment ceux de l’Amiral Janeway…
- Ils sont au programme de Starfleet Academy, Enseigne, coupa-t-elle.
- J’ai toujours été intéressé de pouvoir étudier leur technologie. Une symbiose parfaite entre l’homme et la machine… un peu comme les trills et leurs symbiotes. Vous concevez une telle chose ?
Le regard du Lieutenant se tourna légèrement vers Liim. Elle crut apercevoir, à ce moment, une larme brillée au coin de son oeil gauche.
- A mon grand désarroi, j’ai fait plusieurs requêtes auprès du département d’Ingénierie, afin de pouvoir en étudier… leur technologie, vous voyez. Mes demandes ont été refusées. J’espère que vous me laisserez prendre quelques échantillons de leurs technologies.
- …
- Pour une étude, bien entendu. Mais ce que j’apprécierais le plus, c’est d’en ramener un, afin de pouvoir étudier cette symbiose entre la machine et l’homme. J’ai découvert, au sein de Starfleet, la présence d’un autre borg indépendant. Il se nomme Kirt, je crois.
- …
- Penseriez-vous que je pourrais ausculter ses interfaces borgs, un jour ?
- …
- D’après mes sources, je ne pourrais pas disposer du corps de Seven of Nine. Ce qui est fort regrettable, d’ailleurs. Lança tristement Liim en s’inclinant vers le Lieutenant. Il remarqua alors sa cicatrice, masquée par sa longue mèche corbeau.
- D’où vous vient cette cicatrice, Lieutenant ?
Le Lieutenant dirigea son regard, de nouveau, vers l’enseigne. Elle était inexpressive. Liim se demandait si le Lieutenant n’était pas une vulcaine dont les oreilles auraient été érodées par le temps. Si son visage était inexpressif, Liim remarqua que son regard brûlait d’une violence intérieure.
- Enseigne, je vous ordonne de vous taire. Me suis-je bien faite comprendre ?
******
Les borgs… Ce mot faisait encore écho dans les pensées d’Erun. Il se demandait pourquoi ils étaient ici ? D’après les brillants tacticiens de Starfleet, l’Amiral Janeway avait infligé de sacrés dommages à leur force, lors de son retour sur Terre. Seven of Nine était donc dans le vrai, pensait-il. Erun se demandait comment il s’était retrouvé embrigadé dans cette nouvelle affaire.
En effet, Erun était affecté à l’USS Horizon, un navire scientifique de classe Intrepid. Ces derniers étaient des vaisseaux, développés dans le but de pouvoir effectuer de longues explorations. Quelques jours plus tôt, il avait demandé une permission à son Capitaine, sur la colonie Vega. Il avait entendu parler de la renommée d’un nouveau thé, cultivé sur cette colonie. Etant grand passionné de boisson à base de plante, Erun décida d’utiliser une permission pour acquérir son précieux. L’Horizon, étant retardé par une nouvelle mission, il se joignit, en attendant, à l’expédition du Professeur Korth. Une mission simple, à ce qu’on lui avait dit…
Combien de temps s’était écoulé depuis leur retraite forcée ? Seena Lax n’arrêtait pas d’y songer. Elle suivait Erun depuis qu’il lui avait évité de partager le triste sort de ses camarades et du Professeur Korth. La simple pensée de se voir injecter toute une série de nano-borg dans le corps, lui apporta une dose de frisson dans la colonne vertébrale. Ce n’était pas une expérience à découvrir, d’après elle. Même pour une trill symbiotique. Elle avait perdu pied lorsqu’elle avait découvert l’assimilation du Professeur. Cet état de choc fut suivi d’un instant de panique. Elle empêcha Erun de faire feu sur leurs camarades. Même assimilés, elle n’aurait pas pût supporter d’avoir permis que l’on verse leur sang. Cela contraignit Erun à devoir improviser pour leur sauvegarde à tous les deux. Il se lança dans une violente confrontation au corps à corps, usant de son fusil phaseur comme d’une arme de mêlée. Son action leur permit de se frayer un passage… seulement un court instant.
Les borgs sont très difficiles à abattre au corps à corps. Ils ne ressentent pas la douleur. Leurs actions sont calculées et synchronisées avec le reste du collectif. Seena Lax fut agrippée par l’un d’eux. Cela obligea Erun à tenter une nouvelle action, plus physique. Elle allait subir l’assimilation. Erun se débattait pour pouvoir l’atteindre. Finalement, il utilisa son fusil phaseur pour se frayer une ouverture vers Seena Lax. Il était trop loin. Il hurla de rage. Les Borgs étaient trop nombreux. Dans la mêlée, Erun perdit son arme. Les Borgs l’étreignaient. Ils étaient perdus. Seena Lax se voyait déjà assimilée. Une petite perle glissa le long de sa joue, suivie d’une explosion. Une pluie de particules de lumières retomba sur Seena Lax.
Le bras du borg venait de disparaître. La surprise était de taille. Une seconde explosion libéra Erun de l’étreinte mortelle dans laquelle il était plongé. Erun ramassa son phaseur. Les borgs analysèrent cette menace. Un peu plus haut, au niveau d’un étage en ruine, se tenait un humanoïde à la peau cendrée. Son visage était recouvert de plaques de pierre. Il portait l’uniforme de Starfleet à la grande satisfaction du couple. Un genou posé à terre, il abattait les borgs, un à un. Cet étranger visait juste et rapidement. Chaque fois qu’un borg tentait de se saisir d’Erun, il était aussitôt mis à terre. Erun en profita pour atteindre Seena Lax et l’extraire du Collectif. Sans attendre, ils plongèrent au sein des ruelles en ruines de la cité, afin d’échapper au sinistre essaim. Leur sauveur se redressa, et se laissa tomber de son nid d’aigle, pour les rejoindre.
Leur sauveur fermait la marche du groupe, depuis leur départ. Aucun borg ne les suivait. Cet humanoïde ignorait tout de sa culture d’origine. L’équipe scientifique qui le découvrit sur Janus VI l’avait baptisé Quartz. La raison : des plaques de Quartz couvraient son corps à la peau cendrée. Au tout début, on supposait que Quartz formait une nouvelle génération d’Horta. Une espèce intelligence, constituée de Silicium, qui travaillait en osmose avec les mineurs de Janus VI. Il n’en était rien. Par chance étant découvert par la Fédération, Quartz put obtenir sa citoyenneté et son intégration à Starfleet Academy, à l’issue de son examen d’entrée. Depuis le début de l’invasion, une question le torturait. Les borgs qu’il venait d’affronter ne correspondaient à la définition qu’en faisait les tacticiens et les divers rapports de Starfleet. Le premier constat était simple : ils semblaient ni pouvoir s’adapter, ni synchroniser leurs actions de manières cohérentes. Cela était étrange, et pourtant, le reste de l’équipe scientifique et de son escorte s’était fait assimilé. Cela l’intriguait.
Le groupe s’arrêta et prit une pause au sein de l’une des ruines iconiennes. Ils devaient faire un point sur les derniers événements et établir un plan de route pour la suite. Cela convenait à Seena Lax qui en profita pour se ressaisir et remettre ses pensées en ordre. Quartz et Erun sondèrent les alentours, avec l’aide de leurs tricordeurs.
Durant ce court instant, Seena activa le sien et analysa les données qu’il enregistrait. Elle les lut et comprit ce qui se déroulait du côté de la Tour Obsidienne. En relevant la tête de son appareil, Seena Lax vit Quartz et Erun revenir.
Elle sourit, se sentant rassurer par leur présence. Quartz l’observa un moment et aperçut le tricordeur dans la main de Seena Lax.
- Il me semble utile de faire acte de présentation. Je me nomme Quartz, agent de sécurité, affecté au Corps Archéologique du Professeur Korth. Il me semble que j’ai échoué dans cette tâche.
- Et moi donc, lança Erun en se tournant vers Quartz.
Erun… de l’USS Horizon. Affecté temporairement à cette expédition. Monsieur Quartz, je vous présente…
- …Seena Lax, coupa-t-elle,
scientifique et archéologue rattaché au Corps Archéologique du Professeur Korth. Je suis enchanté de faire votre connaissance, Quartz.
- Et moi de même. Répondit Quartz.
Les environs sont sains. Que dit votre tricordeur ?
- Nous avons une perturbation importante de neutrinos du côté de la Tour obsidienne.
- Une perturbation de neutrinos ? Questionna Erun.
- Une proposition, Professeur ? Interrogea Quartz.
- Ce type de phénomène est généralement précurseur…
- …de l’ouverture d’un vortex, s’éleva une voix masculine derrière Erun et Quartz. En se retournant, le couple découvrit, en même temps que Seena Lax, la présence d’un groupe de cinq personnes. Toutes portant l’uniforme de Starfleet, mais pas la même coupe que celui de l’expédition. Ils devaient vraisemblablement provenir d’un navire stellaire.
La personne de tête, dont le grade de Lieutenant se lisait sur le col de son uniforme, fit un pas en avant.
- Lieutenant Beth Corvi, de l’USS Benou.
******
Le Lieutenant Beth Corvi entendait résonner à l’horizon les tambours de la guerre. Elle reprit lentement connaissance sur le sol glacé du pont d’un navire. Du sang perlait sur sa joue droite. Elle se redressa péniblement. Ses idées étaient confuses. Elle dut s’appuyer sur une cloison pour éviter de tomber à la renverse. Elle se demandait ce qui s’était passé. Elle fit une brève observation de son environnement. Elle se trouvait à bord d’un navire, dont on pouvait ressentir la lente agonie, rien qu’en palpant les cloisons. Des corps ensanglantés de civils s’étendaient le long des couloirs. Elle les reconnut, ainsi que le navire. Comment était-elle arrivée en ce lieu ?
Cette révélation lui fit ouvrir en grand les yeux. Elle pouvait… Sur cette idée, elle s’élança dans les couloirs. Il pouvait y avoir une possibilité de… Le Lieutenant fut repoussé en arrière. Elle resta étendue un moment avant de se relever. Une bergère, accompagnée d’un héron au plumage grisâtre, se tenait à l’autre extrémité du couloir. La jeune bergère était humaine, d’après ce que pouvait voir le Lieutenant. De longs cheveux bruns bouclés descendaient le long de son corps. Elle fixait le Lieutenant d’un regard émeraude. Une couleur que l’officier remarqua malgré la semi obscurité du couloir. Celle-ci ressentit une angoisse soudaine. Comme si on sondait son âme. Cette sensation lui rappelait quelque chose.
Elle rassembla les fragments de souvenirs qui émergeaient lentement de sa mémoire. Elle était descendue avec un corps expéditionnaire sur la Colonie Vega. L’Enseigne Liim l’accompagnait. Ils prirent la route en direction de la Tour Obsidienne. Ils trouvèrent un groupe de survivants, avec lequel ils mirent en commun leurs informations. Elle les invita à rejoindre son cortège. Ensemble, ils établirent une stratégie afin de prendre d’assaut la Tour Obsidienne où des borgs opéraient.
L’objectif : empêcher coûte que coûte les Borgs d’ouvrir un Vortex. Le Lieutenant organisa ensuite l’affectation de chacun. Elle choisit les enseignes Liim et Seena Lax afin de l’accompagner dans la Tour. Ils seront couverts par un duo d’Enseignes, installé en hauteur, et escorté par le reste du corps expéditionnaire. Une fois dans la Tour, l’escorte en gardera l’accès jusqu’à ce qu’ils aient posé les charges. L’opération reposait sur deux points observés : les borgs étaient désynchronisés et ils subissaient une sorte d’entropie.
Messieurs Quartz et Talim s’installèrent dans les étages en ruine d’une des nombreuses structures de la cité iconienne. Ils choisirent leur emplacement en fonction de l’angle de vue qu’ils avaient sur l’entrée de la Tour Obsidienne et des possibilités de retrait. Le Lieutenant demanda à Monsieur Erun de prendre la tête de l’escorte. Leurs courts échanges, durant la planification, avaient permis au Lieutenant de bien mesurer son potentiel. Monsieur Liim et Mademoiselle Seena Lax avaient pour devoir de s’assurer, une fois dans la Tour, d’empêcher l’ouverture du vortex.
L’assaut fut rapidement mené et sans entrave. Les Borgs se comportèrent comme prévu. Ils furent neutralisés très rapidement et sans difficulté. Le corps expéditionnaire atteignit rapidement l’accès à la Tour Obsidienne. Les borgs qui la peuplaient furent vaincus. Monsieur Liim, aidé par Mademoiselle Seena Lax, installa les charges au sein de la salle circulaire. Quelqu’un murmura à son oreille. Une voix douce et réconfortante. C’est à cet instant que ces souvenirs devinrent confus, presque chaotiques. Juste avant de perdre connaissance, elle aperçut une sphère émeraude en lévitation s’illuminer. Une étrange sensation l’envahit…
La Sphère. Les yeux de cette bergère lui rappelèrent cette sphère. Celle qui trônait au centre de l’unique salle de la Tour Obsidienne. La bergère inclina légèrement la tête sur le côté. Le Lieutenant se leva difficilement. La bergère fit un pas en avant.
- Que recherchez-vous ? Lui demanda-t-elle.
- Qui me questionne ? Répondit le Lieutenant.
Le Lieutenant fut projeté en arrière par une force invisible. Plus la bergère approchait et plus elle avait l’impression que des milliers de voix murmuraient un chant à son oreille.
- Que recherchez-vous ? Interrogea de nouveau la bergère,
- Je souhaite les sauver, cracha le Lieutenant.
La bergère s’arrêta. Son regard plongea de nouveau dans celui du Lieutenant. La bergère murmura le mot « Entropie. » Le lieutenant leva la tête brusquement.
- Entropie, répéta le Lieutenant.
- Ne vous a-t-on pas offert une vie linéaire, humaine ?
- …
- Ne vous a-t-on pas offert une vie linéaire, humaine ?
- De quoi parlez-vous ?
De nouveau, le Lieutenant fut repoussé violemment dans le couloir. Elle glissa sur le dos, durant un instant. Elle se leva de nouveau. La bergère lui faisait face maintenant.
- Ne vous a-t-on pas offert une vie linéaire, humaine ?
- Nous avons toujours vécu ainsi…
- Pourquoi ?
- Sinon, nous sommes condamnés à répéter nos erreurs.
- Entropie.
- Je comprends maintenant, dit le Lieutenant en hochant la tête.
- Li fèt mèt… Un vieux proverbe de la Terre du passé. Il signifie qu’il faut aller de l’avant, poursuivit une voix masculine derrière le Lieutenant.
Le Lieutenant tourna légèrement la tête. A l’extrémité du couloir, un inconnu approchait. Son pas était lent et régulier. L’homme portait l’uniforme de Starfleet. Celui qui était en vigueur en l’année 2373. Le grade de Capitaine était épinglé à son col. Elle reconnut l’officier, mais avait du mal à y croire. Il avait disparu durant la bataille de Chin’Toka. Cet homme qu’elle avait tant espéré pouvoir rencontrer un jour. Le Lieutenant, encore ému par cette apparition, n’arrivait plus à marcher. Elle leva une main timidement, une larme glissant le long de sa joue.
- C’est impossible… finit-elle par dire.
- J’ai toujours été à tes côtés, Arhlys, répondit-il en souriant.
Et tu le sais.
- Le temps nous est compté, Nathaniel, coupa la bergère.
- Vraiment ? Lança-t-il en se frottant l’arrière du crâne.
Le Lieutenant tourna la tête vers la bergère. Elle avait l’impression de vivre une sorte de rêve. Elle revint vers l’Officier de Starfleet. Elle lui sourit.
- On m’a autorisé à revenir pour une seule raison. Que tu prennes conscience qu’il faut aller de l’avant. Commença l’Officier.
- Qui ? Murmura le Lieutenant
- Peu importe. Lorsque le moment viendra, tu devras répondre à l’appel.
- Quel moment ?
- Tu le sauras quand il viendra.- Maintenant, intervint la bergère.
- Un instant, lança le Capitaine à la bergère.
Il posa sa main derrière la tête d’Arhlys et vint lui poser un baiser sur le front.
- Arhlys. Murmura-t-il à son oreille.
Un bon Capitaine doit avoir la capacité de toujours avoir l’esprit ouvert, d’être protecteur envers son équipage et le plus important, à mes yeux, de gagner leurs amitiés.
L’officier s’écarta du Lieutenant. Il sortit une petite boîte en fer, recouvert d’une légère poudre noire. Il la tendit au Lieutenant.
- Avant de repartir vers l’Abysse, sache qu’un seul d’entre nous pouvait revenir. Elle a préféré que je puisse faire ta connaissance, et elle m’a remis cette boîte en fer. Tu l’as oubliée en quittant le Corvi. Une dernière chose, où que tu ailles, nous serons toujours à tes côtés.
Arhlys prit la boîte en fer. Elle n’en croyait pas ses yeux. Elle était réelle. Il recula, lui tourna le dos et s’en alla vers une lumière émeraude. Cette lumière douce et accueillante engloutit ce Capitaine surgi du passé. Le regard d’Arhlys se détacha de cette lumière afin de rencontrer celui de la bergère. Cette dernière la dévisagea et demanda à Arhlys de faire ce qui devait être fait. Arhlys perdit connaissance soudainement et s’effondra sur elle-même.
Elle s’éveilla dans la salle circulaire de la Tour Obsidienne. Elle avait mal au crâne. Elle se redressa et constata la présence de Seena Lax et de Liim à ses côtés. La Sphère avait disparu. Elle remarqua alors qu’elle tenait, dans sa main droite, la boîte en fer que lui avait ramené son père. Elle n’avait pas rêvé. Elle était heureuse et se sentait revivre. Elle s’aperçut de l’inquiétude qu’elle avait provoquée aux deux enseignes qui l’avaient accompagnée. Elle leur sourit et leur demanda si tout était en place.
- Lieutenant Beth Corvi, tout est en place, lança Liim,
- Merci, Monsieur Liim, dit chaleureusement Arhlys.
- Que s’est-il passé ? Questionna Seena Lax,
- Une résurrection, murmura Arhlys, en fixant le lieu où s’était tenue la sphère quelques instants auparavant.
Son combadge émit un son, informant Arhlys qu’on tentait de la joindre. Elle l’activa.
- Corvi, à l’écoute.
- Lieutenant, ici le Benou. Je dois vous informer qu’à compter de cet instant vous avez la charge de Capitaine du navire.
******
L’Enseigne Travis faisait partie des dernières recrues du Capitaine Langford. Il venait tout juste de sortir de l’académie. L’instant était marquant pour lui. Depuis son arrivée sur le Benou, il n’avait jamais eu une telle responsabilité sur ses épaules. Appartenant au corps d’ingénierie de Starfleet, il avait eu en charge, jusqu’à maintenant, les opérations de maintenance mineures, et son utilisation du téléporteur s’était limité à des marchandises. Jamais d’êtres intelligents. Du moins, pas jusqu’à aujourd’****.
La tâche et la responsabilité, qu’on lui avait assignées, étaient importantes à ses yeux. Il devait rapatrier le corps expéditionnaire majoré de trois personnes. Cette tâche aurait été ordinaire si elle n’incluait pas le seul officier apte à prendre la capitainerie du navire. Les borgs étaient venus. Ils avaient abordé le Benou quand une brèche apparut dans l’harmonique des boucliers du navire. Ils se matérialisèrent là où des officiers étaient postés. Leur plan se révéla alors. En un instant, tous les officiers furent éliminés. Une action synchronisée qui fut suivie par la retraite immédiate des borgs, au grand étonnement des survivants. Seuls les cadavres des officiers attestaient de leur passage. Aucun officier ne survécut à cet assaut, sauf un : le Lieutenant Beth Corvi. Etant absent du navire, elle avait échappé à ce triste sort.
L’Enseigne Travis avait entre ses mains la vie de la seule personne qui pourrait les guider. Depuis la disparition des officiers, l’équipage avait perdu le moral. Durant l’affrontement contre les borgs, le Benou reçut de sévères blessures et agonisait tel un oiseau brisé. Les diverses équipes, tant des opérations, que celles du corps médical et scientifique en passant par l’ingénierie, étaient éparpillées à travers le navire. Elles s’afféraient sur différents chantiers dont le but était de restaurer la santé du navire. Malheureusement, l’absence d’officiers ne permettait pas de prioriser les tâches, ni de coordonner correctement les équipes entre elles.
Heureusement que l’assaut contre les borgs se terminait par leur fuite. Cette pensée réconforta l’enseigne Travis. Peu de temps après avoir déposé le Corps expéditionnaire sur Vega, le Benou s’était lancé au secours du Khitomer. D’autres navires de Starfleet vinrent les rejoindre. La rencontre fut brutale. Les borgs battirent en retraite, à la surprise générale, après avoir abordé les navires de la flotte afin d’éliminer les officiers supérieurs.
Sa mission était vitale. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Il s’était renseigné sur le Lieutenant. On lui avait appris que c’était une très belle femme, au coeur aussi froid qu’une vulcaine. Elle avait vu des nausicaans, dans sa prime jeunesse, massacrer l’équipage entier de son navire natal. C’est ce qu’on lui avait raconté.
L’Enseigne Travis se remémora ses cours à l’académie. Il fit un premier diagnostique de sa console, puis activa les différents programmes de capture. L’ordinateur saisit les coordonnées du corps expéditionnaire. Huit signaux. Ils étaient regroupés dans le cercle amplificateur d’empreintes moléculaires. La tâche allait être plus aisée. Il augmenta progressivement l’énergie du téléporteur. Des étincelles azures inondèrent la pièce, précédant le bourdonnement caractéristique. Des faisceaux bleutés s’illuminèrent au-dessus du podium de la machine. Huit formes humanoïdes apparurent. Elles prirent consistance et devinrent solides.
- Capitaine Corvi, vous êtes attendue sur la passerelle, dit timidement l’Enseigne Travis.
******
Arhlys descendit la première de l’estrade du téléporteur. Elle remercia l’Enseigne pour sa célérité. A peine Arhlys et son escorte s’étaient-ils retrouvés au centre de l’anneau de lumière, créé par les amplificateurs qu’ils étaient déjà sur le Benou. Le rapport qui avait été transmis à Arhlys, durant son trajet de retour à la zone de téléportation, était accablant. La flotte s’était donnée rendez-vous au sein de la voûte céleste de Vega. Leur objectif : enrayer l’invasion des borgs. Bien qu’étant diminués par un facteur inconnu, les borgs frappaient sévèrement la ligne de défense planétaire. L’USS Khitomer, un croiseur d’assaut, s’était retrouvé en première ligne et en mauvaise posture. Cette situation fut suivie d’un abordage. La confrontation entre les borgs et Starfleet tourna au massacre. Plusieurs navires furent détruits, et ceux qui se retrouvèrent mutilés par ce conflit furent abordés et amputés de leurs officiers.
Le Benou fit parti des mutilés. Amputé de son commandement, le navire, comme tant d’autres, ne représentait plus une menace. A la surprise générale, les borgs battirent en retraite, pour d’obscures raisons. Arhlys s’interrogeait sur ces curieux événements. Depuis que l’Amiral Janeway leur avait porté un coup fatal, afin de pouvoir revenir au sein du Quadrant Alpha, les borgs ne s’étaient plus manifestés dans cette partie de la galaxie. Aujourd’****, ils étaient revenus. Affaiblis et différents. Arhlys se disait qu’il leur manquait une pièce du puzzle. Les réponses viendraient en temps voulu, pensa-t-elle.
En revenant sur le Benou, ses premières préoccupations furent de lui restaurer ses ailes brisées. Les derniers rapports montraient une activité Borg en périphérie du système. Avant de se séparer de l’enseigne Liim, elle lui demanda de rejoindre les équipes techniques pour préparer au mieux le navire au combat. Quant à Seena Lax, Quartz et Erun, elle les invita à la suivre. Elle aurait probablement besoin de leurs compétences pour tenir la passerelle.
Durant le trajet menant à la passerelle, l’Enseigne Liim fit un rapport technique complet et détaillé sur la situation du Benou. Malgré l’utilisation abusive de termes techniques, Arhlys comprit que le navire n’était pas en état de subir une nouvelle confrontation. Elle ordonna à l’Enseigne Liim de faire le nécessaire. Les borgs étant en route, elle voulait pouvoir leur montrer l’hospitalité de Starfleet.
La passerelle était déserte, à l’exception de l’enseigne qui tenait encore la console technique. Elle affichait divers graphiques et schémas, concernant l’état du navire. Ceux-ci avaient viré au rouge sang. Cette vision confirmait les propos incompréhensibles de Liim. Arhlys rassura l’Enseigne sur le déroulement des opérations en cours, et le félicita pour le compte rendu qu’il lui avait fait parvenir.
Elle fit signe à ses invités à prendre place aux diverses positions vacantes. Seena Lax prit place à la console scientifique, Erun à la console tactique, tandis que Quartz empoigna la timonerie. Arhlys s’installa à la place du Capitaine. Elle activa les panneaux de contrôle du fauteuil. A sa demande, l’ordinateur lui transféra les commandes du navire. Elle sonda la passerelle d’un regard et les différents acteurs qui s’y trouvaient l’informèrent qu’ils étaient prêts. Arhlys acquiesça et interrogea Liim sur sa situation, via son combadge.
Ce dernier avait paré au plus urgent, avec l’appui des équipes techniques du navire. Ils avaient rétabli l’alimentation au sein des différents EPS. Ces systèmes avaient pour fonction de distribuer l’énergie au sein des différentes sections du vaisseau. Leurs rôles étaient essentiels au bon fonctionnement du navire et de la survie de ses occupants. Cette action entraîna la régénération partielle des boucliers, contrairement, aux armements qui fonctionnaient de nouveau normalement. Arhlys se disait que cela valait mieux que rien. Les équipes techniques avaient bien oeuvré. Arhlys fit part de ses remerciements à Liim et aux équipes d’ingénierie.
Elle scruta l’horizon, au travers de l’écran principal qui lui faisait face. Elle se leva de son fauteuil et fit un pas en avant.
- Monsieur Quartz, rejoignons nos camarades au large.
Quartz tourna légèrement la tête. Il s’exécuta. Quartz n’était pas un as du pilotage de navire stellaire, mais il pouvait s’en sortir. Les commandes lui étant familières, il déclencha une série de commandes qui projeta le Benou sur le front. Une dizaine de navires de Starfleet affrontait déjà un trio de Cubes borgs. Ce triumvirat de dés d’acier présentait de multiples plaies béantes, sur ses flans, d’où fuyaient des nappes de plasma. Ce spectacle fit comprendre à Arhlys que Starfleet n’y était pour rien dans ces blessures. La multitude de faucons qui tournoyait autour du trio ne pouvait pas provoquer de telles séquelles sur leurs flancs. Mais l’heure n’était pas à la question, mais à l’action. Le Benou plongea rejoindre le reste de la flotte dans cette mêlée d’acier brûlé et de plasma.
******
Les borgs furent vaincus, au cours d’un affrontement qui dura une éternité. Tout était fini maintenant. Le Benou et le reste de la flotte de défense vinrent en orbite autour de la colonie Vega pour panser leurs blessures. Liim avait estimé qu’il faudrait au moins une semaine de maintenance, pour que le Benou puisse faire le trajet jusqu’à la Starbase Sol sans incident. Le navire avait subi de lourds dommages. Une remise à neuf paraissait judicieuse. Pendant que Liim et les équipes d’ingénierie s’afféraient à remettre en état le Benou pour son prochain voyage, Arhlys s’était retirée dans le hangar à navettes.
Arhlys se tenait seule devant les corps alignés des officiers du Benou. Les corps avaient été emmenés dans la salle du hangar à navettes. Chaque corps reposait dans une sombre coque en acier noire, drapée du drapeau de Starfleet. On avait fait frapper chaque coque d’un héron aux plumages cendrés. Le symbole du Benou. Cet oiseau, issu d’une ancienne religion de la vieille Terre, pouvait représenter autant la mort que la résurrection. Arhlys avait bien compris l’image que lui avait adressée la bergère. Elle posa une main sur le dernier lieu de repos de son Capitaine. Depuis son retour sur le Benou, Arhlys n’avait pas eu le temps de faire le point sur les derniers événements. Ils marqueraient à jamais le système Vega, comme la bataille de Wolf 359 ou la bataille de Chin’Toka. Starfleet était de nouveau en deuil. La porte s’ouvrit. Arhlys tourna la tête. Elle vit l’Enseigne Erun s’approcher d’elle. Il lui tendit un PADD. Elle prit connaissance de son contenu. Elle revint vers le sarcophage du Capitaine Langford.
- Erun, connaissez-vous une prière adéquate pour nos morts ? demanda Arhlys.
- Nous ne prions pas nos morts.
- Etrange pour un peuple aussi mystique que le vôtre. Erun rit.
- Nous psalmodions une lamentation représentant nos pleurs, en utilisant conjointement une lampe que nous nommons Duranja.
- C’est bien plus intéressant que le rite funéraire auquel je vais devoir présider. Sans vouloir être irrespectueux envers ceux qui nous ont quittés.
- C’est le devoir du Capitaine, si vous me permettez.
- Ce rôle n’est que temporaire. Starfleet nommera une personne plus compétente à notre retour sur la Starbase Sol.
- Je ne pense pas. Vous nous avez démontré vos capacités de commandement lors de notre affrontement contre les borgs.
- Ne soyez pas aussi familier avec moi… C’est encore trop tôt, lança-t-elle, après quelques secondes de silence. Arhlys sourit un instant.
- Que faisons-nous maintenant ?
- En ce qui me concerne, le Capitaine de l’Horizon réclame son Enseigne.
Erun sourit en secouant la tête.
- Alors nos chemins se séparent ainsi.
- Le devoir avant tout, répondit Arhlys.
Le Benou est un navire école. Vous ne trouverez aucun défi à la hauteur de vos compétences.
- D’après ce qui est inscrit sur mon col, je suis encore enseigne.
- Pas à mes yeux, vous auriez fait un parfait compag… numéro un pour le Benou. Dit Arhlys légèrement gênée.
- Je vous remercie pour ce compliment. Dit Erun en s’approchant d’Arhlys.
Seena Lax et Quartz entrèrent dans le mausolée improvisé. Ils s’aperçurent qu’Arhlys et Erun n’avaient pas remarqué leur présence. Ces deux derniers étaient proches de l’un de l’autre. Seena Lax toussota et observa leur réaction. Arhlys et Erun les fixèrent. Seena Lax eut un léger rictus contrairement à Quartz qui resta de marbre devant cette scène. Sur le moment, Erun parut troublé, contrairement à Arhlys.
- Nous vous demandons la permission de quitter le navire, demanda Quartz.
Arhlys vint à leur rencontre. Elle tendit une main vers Quartz. Ce dernier la fixa et la prit avec beaucoup de vigueur.
- Monsieur Quartz, Madame Seena Lax, j’ai été honoré de vous connaître. Permission accordée.- Merci, Capitaine. Répondirent-ils en coeur.
Arhlys se tourna vers Seena Lax et lui présenta sa main. Seena Lax la prit en souriant. Erun les dépassa.
- Capitaine, je demande la permission de prendre congé, coupa Erun.
- Accordé, Monsieur Erun.
Arhlys les regarda s’éloigner et quitter le hangar. Elle se dirigea vers la porte extérieure et ordonna à l’ordinateur de l’ouvrir. Celle-ci se leva, dévoilant l’immensité de l’espace. Un simple champ de force séparait Arhlys du vide spatial. Le panorama qui s’ouvrait était saisissant. Une dizaine de navires stellaires croisait dans l’orbite haute de la colonie Vega. Un spectacle magnifique. Elle remarqua l’USS Horizon qui approchait lentement du Benou, ainsi que le Leamington un peu plus loin.
Elle ouvrit la veste de son uniforme et en sortit une petite boîte de métal. Elle l’ouvrit. A l’intérieur, une plume noire et un petit carnet y reposaient. Un objet dont la couverture en cuir arborait, en lettres dorées, les mots suivants : « Journal du Capitaine – Arhlys Beth Corvi. » Elle l’ouvrit délicatement et le parcourut. Les textes qui défilaient sous ses yeux avaient été rédigés de la main d’une enfant. Sa propre main, quelques décennies plus tôt. Elle remarqua sur l’intérieur de la couverture un texte, dont elle n’était pas l’auteur. Cette écriture n’était pas la sienne, mais elle lui sembla familière. En bas du texte, on pouvait remarquer deux signatures. Elle lut le texte, et redressa sa tête. Une larme glissa le long de sa joue et elle prononça quelques mots à l’encontre de ses parents.
******
Une jeune andorienne fit son apparition dans l’encadrement d’une porte. Elle ramena sa mèche argentée derrière l’oreille. Elle avait été convoquée avec Huginn, une métisse cardasso-bajorane. La salle qui s’étendait devant eux était étrange.
Une vaste singularité spatiale illuminait l’endroit où devait se tenir un plafond. Cette anomalie variait dans les teintes écarlates au fil du temps. Telles des mains griffues, les branches d’un arbre semblaient l’agripper afin de la relier à des milliers d’engrenages qui composaient le sol de la salle. Ces milliers de pièces de métal ambré de diverses tailles étaient envahies par les racines de l’arbre. La jeune andorienne remarqua que cette mécanique complexe était recouverte d’un champ de force. Au centre de la pièce, là où trônait l’arbre gargantuesque, une fine silhouette se détachait.
Elle était vêtue d’un long kimono aux motifs étranges, constitué de multiples couches de soies toliennes. La jeune andorienne reconnut l’espèce de la personne qui se tenait face à eux. La jeune femme présentait des antennes, identique aux siennes, une peau cendrée et des yeux réflectifs. Cela ne faisait aucun doute. C’était une aenar. Une espèce ayant de puissants dons de télépathique malgré une cécité génétique, vivant recluse dans les profondeurs de la lune d’Andoria Prime. Elle en avait toujours entendu parler comme d’une légende. La jeune aenar leva une voie douce et sucrée :
- Nous ne sommes pas une légende. Approchez, mes jeunes plumes noires, en faisant signe au couple.
La jeune andorienne et Huginn posèrent un pas hésitant sur le champ de force, servant de sol. Elles étaient fascinées par les mouvements des milliers d’engrenages qui se jouaient sous chacun de leurs pas, ainsi que la singularité qui les illuminait au-dessus de leur tête. L’aenar leur sourit et s’inclina pour les saluer. D’un doigt, elle leur montra un mécanisme complexe, qui fonctionnait sous le champ de force.
- Voyez, à cet instant même les borgs sont vaincus, présenta l’aenar.
Mais telle n’est pas votre interrogation. Vous êtes appelées car je l’ai désiré et que cela était défini dans la toile stellaire de vos vies.
- Où sommes-nous, demanda la jeune andorienne,
- Au pied de l’Arbre de la Vie, Muninn, répondit l’aenar.
Nous devons nous hâter, mes enfants.
- Pourquoi ?
- Car notre ami rassemble ses forces, Huginn. Il risque de retarder le crépuscule de la Longue Nuit, par son ignorance. Votre conte sera d’aller croquer la pomme, ce fruit qui mûrit au cœur de la Vénérable Fédération. Seulement ainsi, nous accéderons à cette connaissance qui nous fait aujourd’**** défaut.
FIN - Nous étions unRelecteurs : Isania & Senok
Histoire publiée dans
WARP 01
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Le soleil se levait sur la vallée de Kendra, l’une des provinces de Bajor. Ses rayons frappaient les vastes champs d’herbes et inondaient les pieds des arbres centenaires qui avaient pris racine en amont de ce lieu. Une légère brume s’en échappait, glissant vers le soleil ascendant et voilant la légère rosée matinale qui tapissait le reste de la vallée. Ce panorama était saisissant.
Le tapis brumeux qui envahissait la vallée de Kendra était percé de multiples trous. Les pas d’Arhlys. Comme tous les jours, depuis neuf mois, elle remontait en courant la vallée de Kendra. Ce rituel lui permettait de bien commencer la journée et de se relaxer. Elle se dirigea vers la forêt qui s’élevait, depuis quelques instants, face à elle. Arhlys avait revêtu la tenue d’entraînement réglementaire de Starfleet. En arrivant aux pieds de la forêt, elle pourrait se lancer sur l’un de ses parcours sportifs qui avait été installé pour l’entraînement de la milice bajoranne. Ce parcours proposait de nombreuses variations chaque jour. Elle se demandait pourquoi Starfleet Academy n’en avait pas de tel.
Au moment de s’engouffrer dans les bois, son combadge s’activa.
- Arhlys ?
- Capitaine, nous vous informons que nous captons un signal de détresse. Répondit une voix masculine.
- Lieutenant Shoo, quelle est l’origine du signal ?
- Un navire Boomer en difficulté, Capitaine.
Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas entendu ce terme. C’était ainsi que l’on nommait les transporteurs stellaires lorsque l’humanité avait commencé à explorer le quadrant.
- Pendant que je ferai route vers la passerelle, veuillez faire corriger notre cap, à la timonerie. Faites prévenir le Capitaine du transporteur que nous venons leur prêter assistance.
- Entendu, Capitaine.
Arhlys leva la tête vers les cieux, en prenant une grande inspiration. Un vent frais vint lui caresser le visage. Elle ferma les yeux un instant, respira l’odeur de l’herbe fraîche. Elle demanda à l’ordinateur de fermer le programme. Une voix douce et mélodieuse accusa réception de son ordre. L’environnement verdoyant qui encerclait Arhlys s’effondra. Elle se retrouva, l’instant d’après, à l’intérieur d’un cube dont les façades étaient quadrillées de bandes jaunes. La brise, le soleil, le chant des oiseaux… tout venait de disparaître comme si rien n’avait existé.
Arhlys sortit de l’holodeck. Cet espace permettait de créer de multiples lieux virtuels. Leur but premier était de divertir les membres d’équipage d’un navire. Arhlys sourit et activa son combadge.
- Monsieur Liim ?
- Capitaine ? Répondit le Lieutenant Liim.
- Nous allons avoir besoin de vos services à la passerelle ?
- Une urgence, Capitaine ?
- Pas dans l’immédiat.
- Je finis de réaligner les injecteurs de plasma, et j’arrive.
- Arhlys, terminé.
Suite aux événements survenus dans le système Vega, Arhlys avait été promue à la Capitainerie du Benou. Sa nomination à ce poste avait été effective une fois de retour à la Starbase Sol. A sa demande, l’amiral Quinn avait autorisé Arhlys à poursuivre la mission première du Benou, pour neuf mois seulement. Son devoir était d’encadrer et de former une nouvelle génération de membres de Starfleet. L’aboutissement des années académiques, en quelque sorte.
L’une des premières décisions d’Arhlys avait été de promouvoir l’enseigne Liim au rang de Lieutenant. Liim s’était bien illustré lors de la restauration des systèmes internes du Benou. Les opérations de maintenance avaient été menées avec célérité. Ainsi, le Benou avait pu prendre de nouveau son envol, au bout d’une semaine. Ses actions leur avaient permis de rentrer rapidement et sans incident sur la Starbase Sol.
La porte du turbolift s’ouvrit et tira Arhlys de ses pensées. Avant de le prendre pour se rendre sur la passerelle, elle était passée par sa cabine pour faire une toilette rapide et revêtir son uniforme. Elle fit un pas, et sortit ainsi de la cabine étroite de ce transporteur. Elle observa un instant la passerelle. Le Lieutenant Shoo se tourna vers elle. Il l’informa qu’ils étaient arrivés à destination. Arhlys remercia Shoo et se présenta à ses côtés.
- Ouvrez un canal de communication avec le Corvi, demanda Shoo à la communication.
- Le Corvi ? Lança une Arhlys surprise, en se tournant vers son numéro un.
-STAR TREK–
MARE TENEBROSUM
« L’Espace, ultime océan de ténèbres. Occultant une multitude de civilisations, de cultures exotiques, d’espèces, de dangers insoupçonnés. Notre quête… Repousser la frontière de l’inconnu. Ex Astris, Scientia. »
NOV’M
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- Heureux de vous revoir, Dame Arhlys, lança une voix masculine en provenance de l’écran principal de la passerelle.
Le Capitaine du Benou tourna la tête en direction de l’inconnu. Durant un instant, elle avait oublié que Shoo venait d’activer les communications. Cette voix, tout comme les traits qu’elle voyait, ne lui étaient pas inconnus. Elle cherchait à mettre un nom sur ce visage. Un portrait issu d’un passé très lointain. Une réminiscence. Voyant sa difficulté à renouer avec le passé, l’homme prit la parole, avec le sourire. Cela eut l’air de l’amuser.
- Je suis surpris de vous revoir après toutes ces années, Capitaine Laim.
- Laim, murmura Arhlys.
- Vous le connaissez, Capitaine ? Demanda Shoo.
Laim, l’un des neuf survivants de feu le Corvi. Le transporteur qui l’avait vue grandir durant quelques années. Comme elle, il avait perdu toute sa famille lors de l’abordage de leur navire natal. Laim était l’aîné d’Arhlys d’une vingtaine d’années. Il fallait aussi ajouté qu’il était désormais le dépositaire de la mémoire du transporteur. Des survivants, il était celui ayant le plus longtemps vécu à bord. Il n’y avait donc rien d’étonnant à ce qu’il réssussite cet illustre navire. De ce qu’elle se rappelait, Laim avait l’étoffe d’un Capitaine. Ou du moins, c’était ce qu’elle avait entendu dire à l’époque. Elle ne l’avait pas revu depuis leur sauvetage. Peu après, ils avaient été tous séparés. De plus, Arhlys avait coupé toute relation avec eux. A l’époque, elle n’en voyait pas l’intérêt. Surtout, si c’était pour souffrir à nouveau si l’un d’eux venait à disparaître.
- Oui, Numéro Un, répondit-elle en se tournant vers lui durant un instant. Laim… Cela explique le nom de votre navire. Pourquoi le Corvi ?
- Pourquoi une telle question ? Dit-il en souriant. Je m’attendais plutôt à un comment allez-vous, ma petite corneille.
- Petite corneille ? Lança Liim en sortant du turbolift.
La passerelle se tourna vers Liim comme un seul homme. Ce qui surprit Liim, qui lâcha un petit cri de peur. Sur le coup, il fit tomber sa mallette par inadvertance. Ce qui l’effraya le plus, c’était le regard de son Capitaine. Cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas vu brûler une telle rage au fond des yeux. Il se disait qu’il ferait bien de rester cloîtré en salle d’ingénierie. Du moins, jusqu’à la fin du voyage du Benou. Il n’appréciait pas le Capitaine lorsqu’elle avait ses humeurs. Une idée lui vint afin de se faire oublier. De son côté, cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas appelée ainsi. La dernière fois, c’était à l’académie. Elle n’avait pas apprécié. Elle fixait toujours Liim.
- Pourrais-je connaître le motif de ma présence, Capitaine Corn... Tenta maladroitement Liim.
- Vous n’allez pas tarder à le savoir, n’est-ce pas Monsieur Laim ? Demanda Arhlys.
Elle revint vers Laim, contrariée. Cela le fit sourire. Malgré ses cheveux courts, il revoyait la petite fille qu’il avait connu. Il était heureux de la revoir. Cela faisait longtemps qu’ils étaient séparés. Trop longtemps.
- Suite à la traversée accidentelle d’une anomalie, le Corvi avait été gravement endommagé. Répondit Laim.
- N’avez-vous pas d’Ingénieur à bord ? Demanda Arhlys.
- Hélas, nous avons perdu notre ingénieur en chef et son second.
- Désolée.
- Ceux sont les risques du métier, Capitaine.
- Hormis des pertes humaines, quelles sont les symptômes du malade ? Lança Liim en s’approchant.
Arhlys guetta la réaction de Laim, vis-à-vis de son ingénieur en chef. Ce dernier avait l’habitude de parler d’un navire, comme un médecin évoquait un patient. Cela était perturbant au début, mais on s’y faisait très vite. Par contre, ses conversations étaient trop souvent tournées sur le navire.
- Nous avons perdu notre propulsion, Monsieur. Annonça Laim, tristement.
- Intéressant, dit Liim en se frottant le menton.
- Monsieur Liim, votre opinion ? Demanda Arhlys.
Liim réfléchit un instant. Il releva la tête et fit face à l’écran de la passerelle.
- Tout d’abord, il me faudra faire un diagnostic de votre ingénierie. Ensuite je pourrai définir le ou les opérations à effectuer sur le malade, ainsi que des délais.
- Cela peut prendre longtemps ? Questionna Laim inquiet.
- Cela dépend grandement de la gravité du mal, Monsieur.
- Je vais vous accompagner, Monsieur Liim, annonça Arhlys
- Je serais enchanté de vous recevoir, lança Laim. Nous aurons à loisirs de rattraper le passé, Capitaine.
- Veuillez nous fournir vos coordonnées de téléportation, Merci.
- Capitaine, il ne me semble… Voulut intervenir Shoo
- Monsieur Shoo, vous avez la passerelle, coupa Arhlys.
- Bien, Capitaine.
En émergeant de ses pensées, Laim ne put se retenir davantage. Il prit dans ses bras Arhlys. Heureusement, Liim lui rappela qu’il était là aussi. Le Capitaine du Corvi s’excusa, l’air gêné par sa conduite, avant de les conduire à la machinerie. Son Numéro Un, Kee’los, les attendait là-bas. En voyant Arhlys, Laim se disait que le temps passait décidément trop vite. Le sauvetage du Corvi lui revenait en mémoire. A cette époque, elle avait les cheveux longs, très longs. Elle s’était même colorée quelques mèches de cheveux. Notamment lors d’une escale sur Deep Space Nine. La dernière qu’effectua le Corvi. Elle était adorable, et sa mère encore plus. Malgré les années qui s’étaient écoulées, il n’arrivait pas à lui pardonner. C’était lui. Cela aura du être lui. Laim se demandait toujours, comment elle avait pu épouser ce stupide officier de Starfleet.
Ses pensées se coupèrent brutalement suite à l’intervention verbale de l’être à la couleur de peau lapis lazulis. Cet humanoïde devait être Bolien. Du moins d’après ses souvenirs, à moins qu’il ne se soit présenté comme tel à son arrivée. Celui-ci avait réactivé la console d’ingénierie. Il effectuait une analyse des divers systèmes du Corvi, deuxième du nom. Lui et son Numéro Un débattaient des divers problèmes techniques qui affectaient son navire. Liim et Shoo se retournèrent.
- Des relais EPS ont grillé, ainsi que divers systèmes secondaires, d’après ce que je lis ici, annonça Liim.
- Est-ce réparable ? Interrogea Laim, en souriant.
- Oh que oui ! Malheureusement, le peu que j’ai emmené avec moi ne suffira pas. Heureusement que le Benou n’est pas loin, annonça Liim en se redressant.
- Je vous propose, pendant que Monsieur Liim va chercher son matériel, de vous faire visiter mon navire, Arhlys, proposa Laim.
- J’en serais ravie, Capitaine, répondit Arhlys.
- Kee’los, restez avec notre invité. Je n’aimerais pas le perdre dans les entrailles du Corvi.
- A vos ordres, Capitaine, confirma le Numéro Un.
Le duo se retira, laissant Liim à ses travaux. Ce dernier contacta le Benou afin de se faire rapatrier tout le matériel dont il avait besoin. Il sortit son tricordeur en se rendant à proximité d’une entrée d’un tube jefferies. D’après les plans qu’il avait consultés, il y trouverait l’un des relais EPS. Il ouvrit le panneau et s’engouffra dedans. Les données de son appareil étaient étranges. Elles lui indiquaient que le… soudain il s’effondra.
- Une surprise, murmura-t-il en lui faisant un clin d’œil.
- Une surprise ? Répéta Arhlys.
Elle n’eut pas le temps de finir que la porte coulissa. Elle révéla ce qui attendait derrière. Sept autres personnes se tenaient debout. Le faible éclairage ne permettait pas à Arhlys de les distinguer. En approchant, elle s’apercevait qu’ils n’étaient pas debout. Ils étaient maintenus verticalement. Leurs corps présentaient de multiples mutilations. Arhlys reconnut les sept personnes, même si cela faisait des années qu’elle ne les avait pas vus. Elle pivota brusquement vers Laim. Elle voulait obtenir des explications. Malheureusement, Laim anticipa son action et lui présenta un phaseur. Arhlys tenta de le désarmer, mais il fut plus vif et tira. Arhlys fut projetée contre le sol de la soute.
- Ne vous inquiétez pas ma fille, je vous ai simplement paralysée. Votre Ingénieur nous rejoindra bientôt.
… un flash de lumière inonda la passerelle. Tous les systèmes, à l’exception de celui qui gérait l’environnement, se désactivèrent. Le Lieutenant Shoo hurla en voyant le Corvi réactiver brusquement ses nacelles de distorsion et disparaître dans l’obscurité de la Galaxie. Le Benou étant paralysé, son Numéro Un se retrouvait dans l’incapacité de se lancer à la poursuite de Laim.
- Tu es là, Liim, dit une voix grave dans son dos.
Il la reconnut. C’était la voix de son père. Il ne l’avait plus entendu depuis son intégration à Starfleet Academy. Il se tourna vers lui. Son père était vêtu d’un magnifique costume terrien. Cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient plus tenus face à face. Liim serra les poings. Il n’avait jamais pensé revoir son père dans de telles circonstances. Il déglutit serrant de nouveaux ses mains. Elles devenaient moites. Il avait toujours eu du mal à l’affronter. Leur seul duel avait été lors de son annonce de départ pour l’Académie. Son père s’éloigna. Il se tenait à quelques mètres de lui. Il commença à aiguiser sa lame, comme il le disait si bien. C’était un vieux rasoir de barbier du XIXème siècle. Liim déglutit. Il ne se souvenait pas avoir vu son père utiliser une seule fois ce type de matériel. Mais cette fois-ci, il sentait quelque chose de différent. Voir même d’inquiétant. Une lueur qu’il n’aurait jamais cru voir dans le regard de son père.
- Que fais-tu ? S’inquiéta Liim.
- Tu le vois bien, mon fils, répondit son père. Ainsi, tu as pris ta décision brisant la tradition familiale par ton acte.
- Nous avons déjà eu cette discussion. J’ai décidé…
- …de suivre ma propre voie. Interrompit sèchement son père.
Il s’approcha de Liim. Celui-ci n’avait toujours pas bougé. Il restait dos à la porte d’entrée.
- Bien, si tu souhaites tant couper les liens avec la trad… commença son père.
…celui-ci s’élança vers lui et lui taillada le torse à l’aide de la lame du rasoir. Liim hurla. Sur sa poitrine se dessinaient des lignes de sang azur. Une voix plus douce l’appelait. Il la connaissait. Elle répétait régulièrement : « Monsieur Liim, Monsieur Liim. »
Liim perdit de nouveau connaissance en s’écrasant sur le sol froid et huileux du Corvi
Quant à leurs compagnons, ils étaient alités. Ils sommeillaient telles des poupées de chair en attente du funeste événement. Il ne pouvait en être autrement. Arhlys se doutait que Laim devait avoir neutralisé le Benou. Sinon, son plan n’aurait pas marché. En y réfléchissant, elle se doutait où il les conduisait. Mais après, qu’allait-il faire d’eux ? Elle appela son ingénieur. Celui-ci ne répondit pas. Il était encore inconscient. Du moins, elle espérait qu’il n’était pas trop tard pour lui. Il fallait qu’elle trouve un moyen pour le maintenir éveillé. Il devenait très bavard lorsqu’on parlait machinerie. Une idée vint à l’esprit d’Arhlys. Elle baissa la tête pour la relever brutalement. Sa tête percuta celle de Liim, violemment.
- Monsieur Liim ?
- Oui, Capitaine.
- Est-ce que vous tenez le coup ?
- Est-ce un ordre ou…
- Monsieur Liim ?
Arhlys inspira profondément et réitéra son précédent coup.
- Capitaine ?
- Dès que nous rentrerons, vous me ferez le plaisir de remplacer les convertisseurs EPS MK II, par leurs équivalents CAS 300-A.
- Je me dois de m’opposer vigoureusement à votre demande, murmura lentement Liim
- Ce n’est pas une demande, c’est un ordre, hurla Arhlys.
Elle sourit en son fort intérieur. Même au bord de l’inconscience, Liim répondait à ce stimulus. Il fallait qu’elle le garde le plus longtemps éveillé. Il ne fallait pas qu’il retombe dans les bras de Morphée.
- Et je m’y refuse, Capitaine, insista Liim.
- Expliquez-vous, Lieutenant ?
- Ceci serait contraire à la règlementation de Starfleet. Les connectiques sont incompatibles avec les standards de Starfleet. De plus, j’ajoute que ce modèle, bien qu’équivalent, possède des performances bien inférieures à celui du MK II. Et même très largement.
Arhlys souriait. Elle était satisfaite de la réaction de Liim.
- Rien que de penser à votre ordre, j’aurais presque envie de demander à votre vieil ami d’en finir avec moi.
- Vous n’y songez pas, Monsieur Liim.
- Et pourquoi pas ? Vous me demandez d’insérer cette chose dans notre… cracha Liim.
- Si vous mourrez, rien ne pourrait m’empêcher de le faire…
- Pourquoi tant de raffut, Arhlys ? Coupa Laim. Monsieur Liim ? En lui adressant un large sourire.
Laim se tenait dans l’encadrement de la porte. Son torse était à découvert. Celui-ci était scarifié. Les mêmes motifs qu’il leur avait appliqués à tous.
- Un rituel ? Murmura Arhlys
Laim bondit face à elle. Il prit sa tête entre ses deux mains.
- Nous devions tous mourir, ma petite corneille, lui rappela-t-il
Son visage qui avait pris une expression inhumaine sur ces dernières paroles, retrouva ses traits habituels. Il observait le visage d’Arhlys.
- Tu ressembles beaucoup à ta mère. La seule marque de ton père, tu la portes.
- Tu as la mémoire courte, Laim. Tu m’as retirée mon uniforme.
Il lécha la cicatrice d’Arhlys, située en haut de sa joue droite, en lui murmurant des promesses si elle se pliait aux exercices décadents qu’il lui soufflait. Elle le regarda et le frappa avec son genou, en prenant appui sur l’un de ses pieds. Le choc brutal entre les deux parties corporelles provoqua le génocide d’un millier d’êtres semi cellulaires. La douleur de ce contact plia Laim qui s’agenouilla devant Arhlys. Liim prit note de faire attention de ne pas la contrarier à l’avenir. Laim, souffrant de la perte dont Arhlys s’était rendue responsable, pointa son regard vers elle. Un rictus se dessina sur son visage. Arhlys comprit.
- Alea jacta est, ma bien-aimée, souffla Laim.
Une terrible vibration se répandit dans l’ossature d’acier du Corvi, suivie de multiples convulsions. L’intercom du navire cracha qu’un vaisseau nausicaan les attaquait. Cela confirma la dernière réflexion d’Arhlys. Laim avait l’intention de reproduire les derniers instants du Corvi.
- Malheureusement pour toi, l’histoire se répètera ! Lança Arhlys.
Elle avait débuté par une simple disparition. Ce kidnapping, dont Quartz avait été informé, concernait une Capitaine de Transporteur stellaire. Elle se nommait Cheema, une andorienne. Elle était venue sur la colonie afin de livrer des matières premières et de nouvelles unités informatiques. Quartz se demandait à qui profiterait le rapt d’un Capitaine qui venait de vider ses cales ? Il avait pris l’affaire en charge.
Par mesure de précaution, il avait fait consigner tous les navires à quai, le temps de l’enquête. De plus, il avait constitué la liste de tous les transporteurs ayant quitté la colonie, à partir du moment où Cheema aurait disparu. Il avait contacté une collègue de la branche scientifique, Seena Lax, pour l’aider dans ses investigations. Il se doutait qu’il aurait besoin de ses compétences.
Ils avaient débuté leur enquête par la cabine de Cheema. Seena avait fait divers relevés et prélèvements, pendant que Quartz s’afférait à interroger l’équipage. Au cours de son investigation, Quartz avait appris que Cheema se rendait régulièrement au Zero, un bar fréquenté par les Boomers de passage. Un Boomer était le terme que l’on utilisait pour désigner les humanoïdes ayant fait de leur navire un foyer. Ce qui était le cas de la majorité de ceux qui suivaient la voie du transport spatial. C’était en se rendant dans ce bar qu’ils avaient trouvé le début d’une piste sérieuse.
Le Zero était sous la direction de Kheevas, un vieux bajoran. Il s’était retiré dans ce coin pour y terminer ses jours. Kheevas avait fait partie des soldats qui étaient montés en première ligne lors de la guerre contre le Dominion. Il avait perdu bon nombre de ses amis et une jambe dans ce conflit. Malheureusement pour lui, ce havre de paix qu’il avait trouvé avait été la proie du Collectif Borg, huit mois plus tôt. La guerre ne cessera-t-elle jamais ? Songeait-il, lorsque que les voyageurs épuisés venaient conter leur histoire à son comptoir. Un peu plus d’une trentaine d’années s’étaient écoulées entre la fin de la guerre contre le Dominion et l’entrée de la Fédération dans une nouvelle. Ce n’était pas une réelle surprise. A de nombreuses occasions, les Klingons grondaient. Leur traité avec la Fédération, au fil des décennies, ne leur permettait plus de couvrir leurs maisons de la Gloire dont ils rêvaient. La guerre contre le Dominion avait résonné comme un appel à leur culture profonde et avait planté la graine de la discorde. Cette semence avait entraîné une rupture entre l’Empire Klingon et la Fédération.
Quartz avait donné rendez-vous à la Trill au Zero. Ils s’étaient retrouvés à la nuit tombée. Le Zero faisant salle comble à ce moment, ils avaient plus de chances de pouvoir obtenir les informations qu’ils convoitaient. Ils avaient mené un subtil interrogatoire auprès des Boomers. Seena Lax s’en était sortie avec plusieurs invitations, tandis que Quartz avait obtenu du tenancier les informations tant espérées.
La veille de sa disparition, le Capitaine Cheema avait rencontré son homologue, le Capitaine Laim. Kheevas avait appris à Quartz, que ce dernier n’était pas tellement apprécié par les Boomers du coin. Il frayait et commerçait avec les nausicaans. Lors de négociations commerciales, Laim n’hésitait pas à faire savoir à ses concurrents qu’ils s’exposaient à de nombreux dangers lors de leurs voyages spatiaux, s’il n’obtenait pas le contrat. Kheevas ne connaissait pas les motifs de son entrevue avec Cheema, mais cela s’était très mal terminé. Plusieurs Boomers avaient dû les séparer, et Laim avait été jeté dehors lorsqu’il avait commencé à menacer Cheema. Laim commandait un transporteur du nom de Corvi. Ce dernier était déjà parti lorsque Quartz avait ordonné la consignation des Transporteurs situés en orbite. Il avait levé son ordre avant de consulter le plan de route du Corvi et le dossier de Laim. Ce dernier s’était révélé très instructif. Laim avait séjourné dans un institut médical de la Fédération. Son médecin traitant avait appris à Quartz qu’il souffrait d’une pathologie mentale. Il avait été traumatisé par les évènements tragiques survenus sur son navire natal, qui avaient conduit à sa destruction. Laim se lançait dans de longs monologues stipulant qu’il aurait tous dû y mourir, que leur place était auprès du Corvi… Finalement, Laim avait été soigné et avait quitté l’institut au bout de cinq longues années. Quartz avait eu une intuition et avait tenté de retrouver les survivants du Corvi. Parmi eux, se trouvait le nom du Capitaine Arhlys. Une femme qu’il avait rencontrée avec Seena Lax sur Vega, lors de l’invasion des borgs.
Seena Lax et lui avaient découvert que tous les survivants du Corvi, premier du nom, avaient tous disparu. Par contre, ils n’avaient aucune confirmation sur une éventuelle disparition d’Arhlys, son navire ne répondant pas à leur appel. Seena Lax avait proposé à Quartz de se rendre sur les lieux du sauvetage du Corvi, premier du nom. Laim devait probablement s’y rendre, s’il voulait mettre à exécution son plan, ramener les brebis égarées auprès de leur maison, le Corvi Originel. Cette pensée donnait des frissons à Seena Lax. Ils avaient emprunté un Runabout pour y attendre le nouveau Corvi.
En arrivant à proximité de la nébuleuse Briar, ils avaient masqué leur présence en s’y introduisant. Il n’avait pas fallu attendre longtemps avant qu’un navire nausicaan apparaisse dans le secteur. Seena Lax et Quartz étaient maintenant confortés dans leur intuition.
Il s’inquiétait de la tournure des événements. Kidnapper des Boomers était une chose, mais un Capitaine de Starfleet… Il avait toujours dit que Laim le mènerait à sa perte. D’après lui, le contrat était simple. Les nausicaans leur avaient remis une liste de huit Capitaines de Transporteur à capturer. Ces premiers récupéraient la marchandise à proximité de la nébuleuse de Briar. Ce contrat devait très bien payer. Un acompte substantiel avait fini par le convaincre.
Laim était un dingue de première, mais il leur avait dégoté les affaires les plus juteuses du quadrant. Il ne pouvait pas le nier. Il s’écarta du fil de ses pensées pour revenir à la console des opérations. Les nausicaans étaient à l’heure pour le rendez-vous. Cela lui plaisait. Il ouvrit les communications et bascula l’affichage sur l’écran principal de la passerelle.
L’écran afficha le visage effrayant du nausicaan. Quiconque les ayant rencontrés, pouvait vous dire que leur sauvagerie concordait avec leur physique. La personne qui apparut avait de longs cheveux sombres, une peau à la couleur terre orangée et en guise de bouche une paire de griffes autour d’un trou. Il se nommait Farsh. Laim et Kee’los avaient fait plusieurs fois affaire avec lui.
- Vous avez la marchandise ? Lança brutalement Farsh.
- Oui, répondit Kee’los
- Très bien… termina le nausicaan en coupant les communications.
Kee’los allait prévenir Laim quand on l’informa que les nausicaans tiraient une salve de trois torpilles sur eux. à cause de la proximité des deux navires, Kee’los n’eut pas le temps d’ordonner de lever les boucliers que le Corvi vibra sous le coup des impacts. La timonerie explosa, projetant en arrière son opérateur. Kee’los tomba à terre. Il se releva difficilement. Le Corvi fut alors soumis à de terribles convulsions. En revenant à la console, Kee’los découvrit que les nausicaans avaient entamé une procédure d’abordage. Il tenta de rallier l’équipage au combat, mais les intercoms avaient été déconnectés. Une rapide investigation lui permit de se rendre compte que cela n’était pas dû à une panne, mais à la volonté de Laim. Ce dernier avait désactivé le système et encodé sa réactivation. Il ne lui restait plus qu’une option… un disque de lumière se dessina au milieu de son front, créant l’apparition d’un couloir cylindrique dans la tête de Kee’los.
- Où en est l’abordage, demanda Arhlys, une fois libérée.
- Il ne reste plus que nous, répondit Seena Lax en utilisant son tricordeur.
- Je crois qu’il ne faudrait pas s’éterniser ici plus longtemps, lança Quartz
- Alors je vote pour qu’on quitte les lieux, proposa Liim
- Les nausicaans seront ici dans combien temps ? Interrogea Arhlys en regardant Seena Lax.
- Dans un quart d’heures, Capitaine.
- Quartz et moi, on garde l’entrée. Tous les deux vous évacuez les otages. Entendu ? Ordonna Arhlys.
D’une seule voix, ils répondirent « oui. » Quartz et Arhlys se positionnèrent à l’entrée de la salle. Ils utilisèrent des débris pour bloquer son accès et créer une zone de couverture. Ils devaient gagner du temps. Celui-ci devait permettre à Seena Lax et Liim de préparer toutes les victimes de Laim, dont Cheema, pour un rapatriement. Arhlys vérifia une dernière fois son arme, avant d’entendre les nausicaans approcher. Ils étaient au nombre de cinq. Quartz fit un signe de la main à Arhlys. Les mercenaires approchaient rapidement sans se douter de la surprise qui les attendait. Arhlys hocha la tête. Elle jeta un coup d’œil rapide dans le couloir. Elle commença un décompte à l’attention de Quartz. A la fin, ils sortirent de leurs planques et arrosèrent les nausicaans. Deux tombèrent, pris par surprise. Un troisième fut touché à la jambe. Les deux derniers se mirent à couvert. L’un d’eux lança un objet dans leur direction. Quartz et Arhlys se replièrent. Ils se doutaient que cet objet ne pouvait être qu’une grenade. Celle-ci s’écrasa au milieu de la salle avant d’exploser. Lorsque les nausicaans arrivèrent sur les lieux. La salle était vide.
Le runabout se détacha de la coque du Corvi et activa ses nacelles de distorsion. Arhlys regarda une nouvelle fois la fin du Corvi. Laim paiera pour ses crimes, se dit-elle, en regardant les derniers survivants du Corvi, Premier du nom.
Relectrice : Isania
Journal de bord du Capitaine, c’est avec une grande émotion que j’écris ces deniers mots. Le Benou vient de rentrer à la Starbase Sol pour y prendre une retraite bien méritée. Il nous manquera à tous. Durant tout le temps où j’ai servi à bord, j’ai vu son équipage grandir, accomplir des actes de bravoure et de dévouement qui font honneur aux valeurs de la Fédération et de Starfleet. Aujourd’****, nous clôturons un chapitre de notre vie. Mais le Benou ne sombrera pas dans l’oubli pour autant. Chacun d’entre nous le quittera en emportant avec lui tous nos souvenirs les plus marquants à son bord. Ainsi il continuera à vivre en chacun de nous…
Ordinateur, fin d’Enregistrement.
Arhlys arriva au seuil de la porte de ses quartiers. Elle se retourna afin de contempler une dernière fois ses appartements. La porte glissa et révéla le Lieutenant Liim. Il portait une simple besace avec lui. Il salua son Capitaine.
- Permission de débarquer ? demanda-t-il.
Arhlys sourit et acquiesça d’un signe de tête. Liim était son chef ingénieur. Il s’y connaissait et le faisait bien valoir. Chacune de leurs conversations tournait autour de l’ingénierie et de la salle des machines. Elle le détestait pour cela. Elle lui avait fait part de son sentiment à ce sujet ; notamment suite à leur capture sur le Corvi deuxième du nom. Depuis, leur relation s’était améliorée. Liim quitta le pas de sa porte. Il se rendait sur Terre auprès de sa famille. Il était l’héritier d’une longue lignée de coiffeurs barbiers sur les Champs Elysées parisiens. Cela avait fait rire Arhlys quand il en avait parlé. De ce qu’elle avait appris, Liim était en froid avec son père depuis qu’il avait intégré Starfleet Academy. Il voulait mettre les choses au point avec lui. Elle le retrouverait quelques jours plus tard à bord du nouveau navire dont elle prendrait le commandement. Celui-ci n’avait pas encore été nommé. L’amiral Quinn l’avait informée que ce serait sa première mission. La deuxième était d’intégrer l’une des flottes de Starfleet. Par ses actions passées, Arhlys avait gagné le droit de la choisir. Toutefois, elle reçut une étrange proposition de la part d’un certain Amiral Koda. Ils devaient se rencontrer à ce sujet. Elle avait parcourut son dossier. En plus d’être cité en exemple, il se trouvait être le plus jeune officier à avoir acquis le grade d’Amiral au sein de Starfleet. Il commandait une section spéciale, plus connue sous le nom d’Eclipse. De ce qu’elle avait pu obtenir ; Eclipse était actuellement affectée à la zone neutre romulienne. Arhlys prit ses affaires. Elle commençait à quitter ses quartiers lorsqu’elle se retourna sur le seuil de la porte. Elle sourit en se rappelant du Capitaine Langford. La lumière s’éteignit sur son ordre et elle s’en alla…
-STAR TREK-
MARE
TENEBROSUM
L’Espace, ultime océan de ténèbres. Occultant une multitude de civilisations, de cultures exotiques, d’espèces, de dangers insoupçonnés. Notre quête… Repousser la frontière de l’inconnu.
Ex Astris, Scientia.
Le Gienah et l’Anser
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Arhlys était confortablement installée dans l’un des fauteuils du lounge de la Starbase Sol. Son regard se perdait dans la contemplation des océans de la Terre. Elle savait qu’en des temps reculés, l’océan représentait l’ultime frontière pour les explorateurs. Aujourd’****, un espace infini avait succédé aux immenses étendues azurées. Depuis que l’homme avait pu s’affranchir de ses chaînes, il n’avait cessé de partir à la découverte de mondes inconnus. Malheureusement, ces derniers temps, l’exploration s’avérait beaucoup plus dangereuse. La Fédération, la plus grande organisation stellaire unifiant des centaines d’espèces différentes, était en conflit avec ses anciens alliés de l’Empire Klingon. Sans oublier que les factions issues d’Empires Stellaires défunts, comme La Vraie Voie ou les romuliens, voulaient restaurer leur puissance.
Arhlys aspirait à la paix en noyant son regard dans les océans de la planète natale de l’espèce humaine. Un peu de calme. Un jeune homme vint s’installer à sa table. Il portait un uniforme blanc. Son teint était légèrement bronzé, ses cheveux courts et aussi noirs que l’espace. Il sourit à Arhlys. Elle ne le connaissait pas, mais ces traits lui étaient familiers. Arhlys se demanda d’où elle pouvait le connaître. De toute façon, à son attitude, il souhaitait engager une conversation avec elle. Il lui présenta une tasse de raktagino chaud. Arhlys acquiesça et accepta le breuvage.
- Vous devez être Arhlys ? Demanda le jeune homme.
- On se connaît ? Répondit Arhlys en prenant une gorgée.
- Excusez-moi, je ne suis qu’un humble Ami qui cherche sa route.
- Pourquoi venir me voir alors ?
- J’ai entendu dire que vous étiez de bon conseil, d’après un bolien que j’ai croisé.
- Un bolien ?
Arhlys songea de suite à Liim. Mais cela était peu probable qu’il s’agisse de lui. Son ingénieur en chef n’était pas le seul de son espèce à avoir intégrer Starfleet. Cela ne pouvait être qu’une coïncidence.
- Alors que puis-je faire pour vous ?
Liim était le seul bolien qui savait qu’elle se rendait au lounge, chaque fois qu’ils débarquaient sur cette Starbase. Elle aimait se perdre dans l’observation de la Terre. Elle remarqua sur la poitrine de son interlocuteur le grade d’Amiral. Elle se demandait pourquoi un Amiral s’intéressait à elle. Dans une bonne demi-heure, elle devrait se rendre au bureau de l’Amiral Quinn afin de discuter de sa future affectation et de sa possible intégration dans la section « Eclipse. » Elle ne savait pas encore sur quel navire elle allait servir. L’Amiral voulait sûrement lui faire la surprise. Finalement, « l’Ami » et elle échangèrent leurs points de vue sur un nombre important de sujets.
- Je vais devoir vous quitter, l’Ami. Coupa Arhlys
- Déjà, ne suis-je pas de bonne compagnie ? Répondit-il, déçu.
- J’ai rendez-vous avec l’Amiral Quinn, l’un de vos confrères.
- Je ne pense pas qu’il pourra vous recevoir.
- Vous devez sûrement en connaître les raisons, alors ? Dit Arhlys perplexe.
- Exactement, il est retenu sur une affaire très importante de dernière minute.
- Savez-vous…
- Aucune inquiétude à avoir, Capitaine, notre entretien est terminé. Coupa l’Ami.
Il marqua un silence sur ces derniers mots et prit une gorgée du thé qu’il s’était commandé. Arhlys fut surprise par ses dernières paroles. Il sourit.
- Contrairement à ce qu’on peut lire dans votre dossier, votre personnalité est différente.
- J’ai changé.
- Il semblerait.
- Vous ne m’avez toujours pas dit votre nom ?
- Si, je suis votre Ami.
Arhlys le fixa un moment. Elle rassembla ses souvenirs de l’Academy concernant un jeune Amiral. Elle sourit.
- Vous m’avez dit que vous étiez d’Emerald Bay en Californie.
- C’est exact, et je vous ai même précisé que j’avais du sang Navajo.
- J’ai appris quelques notions de cet ancien dialecte, à Starfleet Academy.
- Le Professeur M’sor ?
- Le vieux Professeur M’sor.
- Je pensais qu’il avait pris sa retraite ?
- Vous ne faîtes pas erreur.
Ils se regardèrent dans les yeux un bref instant.
- Ami en Navajo nous donne Koda…
- Enchanté, dit l’Amiral en souriant.
La confusion se lut sur le visage d’Arhlys. Son intuition s’était révélée exacte. Vraisemblablement, cela amusait l’Amiral Koda. Il se leva et l’invita en lui présentant sa main droite. Elle répondit à son invitation.
- Comme le Benou en son temps, je vais vous offrir un nouveau souffle, Arhlys.
Elle rageait littéralement de l’intérieur. Elle contempla la passerelle depuis son fauteuil de Capitaine, tel un loup jugeant sa meute avant de partir en chasse. Son large front présentait une magnifique excroissance et ses longs cheveux châtains retombaient sur ses solides épaules. Elle portait encore l’armure familiale de sa Maison. Son sang était klingon, mais sa loyauté allait à celle que l’on ne nommait jamais. Elle et sa sœur HeghtIq avaient été dépossédées de leurs titres et de leur honneur par le Haut Conseil, dix ans auparavant. Cette tragédie marqua la fin d’un complot et de leur Maison. Il n’y avait que les lâches pour user de pareilles manœuvres. Un vrai guerrier n’avait pas peur de se lancer dans une vraie bataille. Celle qu’elles ne pouvaient nommer avait promis de les aider si elles travaillaient pour elle. Aujourd’****, elles tenaient leurs engagements.
Elles étaient venues, à bord de leur navire furtif, dans l’espace de la Fédération, pour y accomplir une mission. Elles devaient empêcher une mystérieuse faction d’agir. Si elles échouaient, cela pouvait compromettre le Grand Plan de celle que l’on ne nommait jamais. Leur vaisseau était un simple Qorgh. Un navire fait pour les guerrières comme elles et c’était tout ce qu’elles demandaient. Elles l’avaient stationné en orbite autour de la Station Stellaire de Sol. Leur Alliée leur avait fourni des codes et des programmes leur permettant de franchir les grilles de défenses de Starfleet.
Par le passé, elles avaient intégré Starfleet. Mais les événements en décidèrent autrement. A la demande du Haut Conseil, elles en démissionnèrent pour rallier la flotte de l’Empire. Si elles avaient su ce qui les attendait, elles seraient restées. Au moins, elles ne vivraient pas comme des parias. Depuis ses écrans, ‘IwtIq continuait d’observer la base stellaire. Ce lieu débordait d’activité, cela lui manquait. La nostalgie engourdit l’âme des guerriers, se disait-elle pour se ressaisir. Elle se leva brutalement et hurla sa demande à l’Officier des communications. ‘IwtIq s’inquiétait pour sa sœur jumelle : HeghtIq.
Par les Prophètes, le temps ne peut-il s’écouler plus vite ? Songea-t-il.
- Monsieur Erun, un Officier de votre rang se doit d’apprendre à contenir ses sentiments et non à les faire partager avec le reste de la passerelle. Lui adressa un Officier se tenant derrière lui.
Erun se retourna et trouva le Commandant T’Loss, installé dans le fauteuil du Capitaine. C’était un Vulcain qui avait suivi la branche scientifique avant de prendre le poste de Numéro Un du Longinus. Erun avait été recruté par cet Officier suite à ses actions lors de l’invasion Borg de la colonie Vega. Le navire de T’Loss avait participé à la ligne de défense de la colonie. Une grande partie de son personnel avait été tué durant le conflit et il avait dû être remplacé. T’Loss s’était montré très satisfait des ses compétences et l’encouragea à devenir Numéro Un.
Aujourd’****, cela était chose faite. Dans quelques instants, il prendrait ses fonctions aux côtés de celle qu’il avait tant attendue.
- Excusez-moi, Monsieur, d’exprimer mon impatience sur la passerelle, répondit Erun gêné.
- Veuillez tenir compte de mes recommandations à l’avenir.
T’Loss se leva et s’approcha de lui en croisant ses mains dans le dos.
- Comment s’appelle-t-elle ?
- Arhlys.
- Ne serait-ce pas plutôt le Capitaine Corvi ? Dit-il en levant un sourcil.
- En effet.
- Vous me décevez. J’avais émis l’hypothèse d’une quelconque amante vous attendant, larmoyante, à la station.
- Ce n’est pas n’importe qui, T’Loss.
- C’est quand même votre futur Capitaine.
Erun sourit quand le timonier lui annonça qu’il venait de clore la procédure d’arrimage.
Après ce petit détour, la navette vint stationner à proximité du navire se tenant fièrement dans son port d’attache, la plate-forme Alpha-0481. C’était un vaisseau de classe Excalibur. Un navire légèrement plus grand que le Benou, un classe Shikahr. Il fallait au moins un équipage de quatre cent personnes pour manœuvrer un Excalibur. L’Amiral Koda se tourna vers Arhlys.
- Il va falloir lui trouver un nom, Capitaine, lança l’Amiral Koda.
- On m’avait prévenu.
- Alors, comment devons-nous baptiser votre nouvel enfant ?
- Gienah, dit Arhlys en se tournant vers l’Amiral.
- Le Gienah ? Répéta l’Amiral.
- Vous avez bien entendu.
- Ce nom n’a pas été choisi au hasard, n’est-ce pas ?
- Vous avez raison.
- Alors ?
- C’est en hommage au Corvi.
- Votre Famille ou votre Navire Natal ?
- Je vois que vous avez parcouru mon dossier.
- Je fais mes devoirs, vous savez. Dit-il en souriant.
Le regard d’Arhlys balaya la coque de l’immense navire. Il est magnifique, se dit-elle. L’Amiral Koda manœuvra leur module afin qu’il survole le navire. Arhlys put pleinement savourer cet instant. Il l’informa que ce navire venait tout juste de sortir des chantiers d’Utopia Planitia. Elle devrait y faire ses preuves avant de pouvoir prétendre à un meilleur navire. Arhlys lui sourit.
Le Gienah était l’étoile la plus brillante de la constellation du Corbeau. Ce nom signifiait Aile du Corbeau, dans une langue ancienne de la Terre. Arhlys avait choisi son nom en mémoire à sa mère. Elle avait défendu la vie de sa fille au mépris de la sienne. Son navire protégerait la Fédération de ses ennemis, tant intérieurs qu’extérieurs.
Le petit module fit un premier passage en longeant le corps du Gienah. Il remonta et passa au-dessus de la soucoupe du navire. L’Amiral Koda pianota sur sa console et le module pivota pour passer à proximité de la nacelle de distorsion tribord du vaisseau. A leur passage, des arcs d’énergie en surgirent subitement. L’Amiral Koda composa rapidement une série de manœuvres sur sa console. La nacelle explosa, emportant dans son sillage le petit module dans un maelstrom d’énergie et de débris.
Il vit qu’il n’était pas seul. Un autre homme était présent. Ce dernier se tourna vers lui lorsqu’il le remarqua. Son visage présentait de multiples contusions au niveau du visage. D’après l’insigne épinglé sur son uniforme, c’était un Amiral. Le gradé se présenta à Erun sous le nom de Koda. Le bajoran le salua respectueusement avant de se voir remettre un padd. A première vue, cette plaquette de données contenait différents rapports.
- Ce n’est pas un accident. Trouvez le coupable, je vous prie, ordonna l’Amiral avant de le quitter.
Erun regarda l’Amiral s’éloigner. En sortant de la salle de soins, ce dernier alla à la rencontre d’un ferengi, habillé du même uniforme blanc que l’Amiral. Erun ne put voir son grade. L’Amiral et cet inconnu quittèrent les lieux ensemble. Il se demanda qui pouvaient être ces Officiers et à quelle flotte ils appartenaient. C’était la première fois qu’il voyait ce type d’uniforme. Il se renseignerait en temps voulu. Il tapota sur la paroi transparente pour appeler le médecin-chef. Il désirait en savoir plus sur l’état de santé de son Capitaine.
- Les Prophètes nous accompagnent … Arhlys, murmura Erun.
Elle quitta son poste d’observation pour faire un rapport à sa sœur, depuis un lieu sécurisé.
Depuis qu’elle avait rejoint les équipes d’Utopia Planitia, les chantiers navals de Starfleet, c’était la première fois qu’elle faisait face à une telle inconnue. Et pourtant, c’était son domaine. Elle avait participé à la construction de ce magnifique navire de classe Excalibur. Elle reporta son attention sur un padd qu’on venait de lui remettre. Elle lisait le dernier rapport d’une de ses équipes de maintenance. Elle voulait des réponses. Cet incident avait blessé gravement son futur Capitaine et légèrement un Amiral. Elle se retourna et se dirigea vers la console principale de la salle. Une négligence de la part des services techniques pourrait être à l’origine d’une problématique empêchant la résolution de cette énigme. A moins qu’un élément ne lui ait échappé. Aussitôt, elle convoqua les équipes techniques.
Finalement, après quelques heures d’investigation, le mystère commença à s’estomper. Une équipe trouva une série de modules non identifiés par les nomenclatures de Starfleet. Les premiers qui furent découverts étaient situés sur les systèmes régulant l’énergie plasmique du navire liés au pylône tribord. Contrairement aux autres modules, seuls ceux-ci n’avaient pas fondu lors de l’incident. En diffusant l’information, les équipes techniques découvrirent l’existence de ces appareils sur les restes des autres relais. D’après les communications que T’Lan recueillit, un des ingénieurs était en train d’en extraire un. Elle l’appela et lui conseilla de laisser cette tâche à un personnel plus qualifié. Malheureusement, son conseil ne fut pas suivi. Elle lui demanda donc de s’identifier. La réponse lui arriva quelques minutes plus tard lorsqu’un bolien émergea d’un conduit. Il tenait un étrange appareil dans les mains.
- Bonjour, Lieutenant, lui lança l’ingénieur en souriant.
- Monsieur, bien que l’on puisse apprécier votre esprit d’initiative… commença T’Lan. Le bolien coupa la vulcaine en lui posant un doigt sur ces lèvres.
- Excusez-moi, je me présente. Liim, ingénieur en chef de cette belle dame.
- Comment êtes-vous…
T’Lan s’interrompit quand elle remarqua un inconnu. Il venait de faire son apparition au cœur de la salle des machines. Il se tenait face au cœur du navire. Sur la poitrine du nouvel arrivant, elle remarqua le grade de Lieutenant. Son nez présentait des arrêtes plissées et son oreille gauche une très légère déformation due probablement au port d’une boucle d’oreille très particulière. Sur ses observations, elle devina aisément l’identité de cet Officier.
- Lieutenant T’Lan, pour vous servir, Monsieur, déclara la vulcaine.
- Honoré de faire votre connaissance, Erun, votre futur Numéro Un, répondit le bajoran. Liim, enchanté de vous revoir.
- Moi de même, Monsieur.
- Je vous croyais en congés.
- Vous ne croyez tout de même pas que j’allais partir en laissant notre Capitaine…
- Votre collaboration est appréciée, coupa Erun.
- J’en conclus que vous venez pour avoir le rapport sur l’état des lieux du navire, devina T’Lan.
- Premièrement, pour vous saluer et deuxièmement, pour votre rapport, répondit-il en souriant.
- Pour le moment, il sera très bref. Monsieur Liim vient de découvrir notre principale piste concernant cette affaire. Nous en saurons plus une fois qu’on aura fait une étude du module.
- Faîtes-moi part de vos conclusions au plus tôt.
T’Lan acquiesça. Liim et elle-même quittèrent Erun pour se rendre vers la console principale de la salle des machines.
Ayant accompagné des trills fusionnés, elle chérissait les histoires qu’ils lui contaient. Elle rêvait d’aventures et d’actions. C’est ce qui l’avait amenée à quitter son poste au sein du centre médical trill. Elle voulait découvrir l’univers et vivre elle-même les aventures qu’on lui avait narrées. Elle quitta Trill et intégra Starfleet Academy. Aujourd’****, elle arrivait au terme de sa formation. Elle avait été affectée à la station médicale de la Starbase Sol. Elle referma le petit livre qu’elle venait de lire à Arhlys. Elle se leva et contrôla les données qui s’affichaient sur le moniteur de santé. D’après les données, le Capitaine était toujours plongé dans un coma. Pourtant, les soins apportés auraient du lui faire quitter les bras de Morphée. Elle sourit, baisa le front du Capitaine et s’en alla. Avant de franchir la porte, elle s’arrêta et salua le Capitaine.
Quelques instants après le départ de Larenia, une silhouette se détacha d’un des murs de la chambre. Elle était entièrement enveloppée d’une combinaison en cuir sombre. Elle s’approcha d’Arhlys et observa les données biologiques de la patiente avant de sortir un hypospray. Ce dernier n’était qu’une seringue hypodermique et était utilisé par les services médicaux de Starfleet ou de la Fédération. Mais celui-ci ne contenait pas un produit médical, mais une substance mortelle. Elle dégagea le coup d’Arhlys et approcha la seringue hypodermique.
T’Lan fit un exposé des investigations qu’elle avait menées en collaboration avec Liim et les équipes techniques. Ils avaient découvert, grâce à Liim, des modules clandestins, reliés aux relais EPS. Uniquement sur ceux situés dans les tubes jefferies. Ces conduits traversaient tout le navire. Ils servaient notamment aux équipes de maintenance. Ils permettaient d’avoir accès à tous les systèmes en direct. Un seul module fut retrouvé intact. Après une première étude, celui-ci révéla son principal objectif. Liim travaillait encore dessous. A cet instant, ils pouvaient affirmer que sa fonction première était de déclencher une surcharge au niveau du relais EPS sur lequel il était fixé. Cela en neutralisant les systèmes de sécurité. L’ensemble du dispositif aurait conduit à une accumulation d’énergie plasmique et à l’explosion du navire et de la plateforme de maintenance. D’autres dommages collatéraux auraient aussi été à envisager. T’Lan s’excusa de n’avoir pas eu le temps d’établir une estimation plus approfondie de ce dernier sujet.
Erun conclut à un sabotage, au vu des états dressés par l’ingénieur. La vulcaine stipula que seuls les systèmes clandestins de la nacelle tribord fonctionnèrent correctement. Après investigation, il apparaissait que seule une intervention externe pouvait être à l’origine de ces dysfonctionnements. De plus, aucune équipe technique n’avait remarqué la présence de ces appareils. Elle ajouta qu’il fallait presque soupçonner leur existence pour les trouver. Erun réfléchissait en buvant une gorgée de thé, lorsque l’on s’annonça à sa porte. T’Lan indiqua au bajoran que se devait être Liim et Quartz. Liim entra accompagné d’un humanoïde à la peau cendrée. Sa peau était recouverte par endroit de petites plaques de quartz, particularité à l’origine du nom qui lui avait été donné. Ils rejoignirent le binôme. Erun fut surpris de le voir. Le futur Numéro Un n’avait pas souvenir qu’on lui avait annoncé l’arrivée de leur officier de sécurité. La présence de ce dernier lui rappela les événements qui conduisirent à leur première rencontre. Il sourit et les salua. Le couple se retourna et Quartz leur tendit le padd où était consigné son rapport.
- Quartz ? Lança Erun étonné.
- Enchanté de vous revoir Monsieur Erun, répondit Quartz.
Au sourire illuminant le visage du Bolien, T’Lan et Erun soupçonnèrent l’apport de nouvelles données. Depuis son arrivée à bord du navire, Quartz était venu en support aux investigations de T’Lan et de Liim. Ce dernier avait profité de son absence à la réunion de débriefing. Avec l’assistance de Quartz, le bolien avait effectué une étude complémentaire du secteur aux alentours du cœur de la salle des machines. Epaulé d’un binôme d’ingénieurs, ils découvrirent la cause de l’afflux d’énergie dans les réseaux. Ils venaient en faire part à T’Lan et Erun.
Avant de dévoiler leurs résultats, Liim confirma le rapport préliminaire. Il posa sur la table basse le module clandestin. Ce dernier avait deux fonctions. La première était d’altérer les programmes de gestion et les sécurités des relais EPS, ainsi que ceux du moteur du navire. La seconde était d’agir comme un détonateur en activant une surcharge des systèmes, dès que les senseurs passifs du navire détecteraient le signal du combadge du Capitaine. Quartz intervint à ce moment-là. Heureusement pour eux, un « renard, » tel était le nom qu’il lui donnait, était intervenu, malgré les protocoles de sécurité. Il avait réussi à altérer quelques modules clandestins. Au début, ils avaient cru à un dysfonctionnement d’une série, mais une étude approfondie révéla des modifications. La suite, tout le monde la connaissait. Quartz ajouta que leur « renard » avait laissé une empreinte dans le système du navire. Comme s’il désirait qu’on le retrouve.
- Vous voilà très cher, railla HeghtIq.
- Qui êtes-vous ? Demanda une voix neutre.
- Celle par qui le destin ne s’accomplira pas.
HeghtIq lui porta un violent coup de pied à l’abdomen, pliant son adversaire puis elle décocha un coup de poing sur l’arrière du crâne. Malheureusement, l’inconnu esquiva l’attaque et porta un coup de coude. HeghtIq réagit rapidement et présenta son front sur la trajectoire de l’attaque. Cette partie de son corps étant renforcé par une excroissance osseuse, le coup fut absorbé et la klingonne sourit. Elle envoya un coup de poing dans l’abdomen de son adversaire qui tomba à la renverse. La guerrière plongea pour lui lancer une nouvelle attaque, mais il roula sur le côté. Il se redressa avec célérité et assomma la klingonne d’un coup de poing. L’Inconnu s’enfuit.
Quelques secondes s’étaient écoulées quand HeghtIq entendit des tirs de phaseurs. L’Inconnu franchit la porte en s’écrasant aux pieds de la klingonne qui se relevaient. Deux officiers de Starfleet firent leur apparition dans l’encadrement de la porte. L’un d’eux avait une arête de nez plissée, tandis que l’autre avait une peau cendrée, couverte à certains endroits de plaques minérales.
- Nous tenons le « Renard » et notre Agresseur, lança le bajoran.
- Je vous remercie pour le coup de main, répondit HeghtIq.
La klingonne attrapa l’inconnu et activa son combadge. Des faisceaux orangés les enveloppèrent et les firent disparaître de la pièce. Erun ragea et activa son combadge pour donner l’alerte, mais rien ne se produisit. Quartz montra à l’Officier un brouilleur situé à l’endroit où se tenaient auparavant le « renard » et l’agresseur.
- Nous venons de nous faire prendre notre fromage… conclut Quartz.
Trop longtemps, se répondit-il en buvant une tasse de thé junja.
Nous avons tous besoin du soutien de notre famille dans les moments les plus sombres de notre vie, songea-t-il.
Depuis qu’il avait été capturé et torturé, Liim voulait renouer avec sa famille. C’était important. Il les avait quittés en très mauvais terme. Plus précisément, il avait dû partir suite à une violente dispute avec son père. Pour un motif très simple, Liim venait de rompre une très vieille tradition familiale en choisissant d’intégrer Starfleet Academy. Cette décision, il ne l’avait jamais regretté. Il était fier d’appartenir à cet illustre corps.
A l’horizon, le soleil se couchait embrasant la Tour Eiffel. De sa position, il pouvait voir la Tour de la Fédération étincelante. C’était les actions d’un Capitaine de Starfleet et de son équipage qui avaient permis la constitution d’une telle organisation. Le nom de ce Capitaine, il ne s’en souvenait plus. Il l’avait appris à l’académie. Il reporta son attention sur les Champs Elysées. Depuis qu’il était arrivé, il n’avait pas réussi à rassembler le courage nécessaire pour y aller.
Courage, Liim, se dit-il.
Tôt ou tard, il savait qu’il devrait passer par là. Le ciel orangé s’assombrissait lorsqu’il se leva et quitta le petit café, baptisé « Le Saint Cloud. » Un endroit magnifique qu’il conseillera à son Capitaine à son retour. Il décida de faire route vers le domicile familial à pied. Il voulait profiter de la beauté de la voûte céleste.
Il se demandait s’il n’avait pas été égoïste en prenant un congé maintenant. Le Capitaine avait probablement besoin de lui afin de faire préparer leur nouveau navire pour son lancement. Il chassa ses pensées. Arhlys avait insisté pour qu’il prenne un peu de repos et qu’il en profite pour se réconcilier avec sa famille. Elle lui avait rappelé qu’on avait qu’une famille. Pourtant, il avait l’impression de l’avoir abandonnée. Contrairement à lui, elle avait perdu toute sa famille lors d’un tragique abordage. Cela le rendit triste et amer. Il fixa de nouveau les étoiles.
- Halte-là l’ami, dit une voix féminine.
Liim se retourna. Une très belle femme, à la peau couleur jade, se présenta à lui. En la regardant, Liim eut une bouffée de chaleur. Il eut l’impression d’être trop habillé pour la saison. C’était sa première rencontre avec une femme d’Orion. Il avait entendu toutes sortes d’histoires les concernant, lorsqu’il était à l’académie. Ce soir, il faisait face à l’une d’elle. Il baissa la tête, gêné, avant de se ressaisir. Il lui sourit.
- En quoi puis-je vous aider, Madame, demanda Liim d’une voix hésitante.
- Vous êtes bien Liim, chef ingénieur à bord du Benou.
- J’étais, maintenant je suis…
Liim n’eut pas le temps de finir sa phrase, qu’il tomba sur le sol pavé de la capitale de la Fédération.
Relectrice : Isania
Remerciement à Colm Koda pour m'avoir permis d'utiliser son personnage pour cette histoire
J'ai dévoré, vivement la suite.
Sacré taf d'écriture sans oublier l'imagination, on croirais y être
Chapeau bas
Et oui, Bissim1, j'y ai pensé. Seul, l'avenir nous le dira.
Journal de bord du Capitaine, j’ai été absente trop longtemps. L’Amiral Koda, mon équipage et moi-même avons échappé de justesse à une attaque terroriste. L’Ennemi, qui a tenté de m’arracher à cette existence, n’a pas été identifié. Heureusement, je dois mon salut à un « Renard, » d’après Quartz. D’ailleurs, cela me fait penser à ce vieux conte : « Le Corbeau et le Renard. » En bref, le Gienah sera de nouveau opérationnel et prêt à appareiller pour le retour de Liim.
Ordinateur, fin d’Enregistrement.
Arhlys plongea son regard dans la tasse de raktagino qu’elle tenait à deux mains. Elle leva les yeux sur la baie vitrée de sa cabine. Depuis sa position, elle pouvait y voir la Terre, le berceau de l’humanité. Quelques siècles auparavant, l’espèce humaine avait failli disparaître dans sa quête égoïste du bien matériel. Heureusement, le destin s’était joué différemment. Il avait offert à l’humanité une seconde chance qu’elle avait su saisir. Contre toute attente, les humains avaient été à l’origine de la constitution de la Fédération, une organisation multiculturelle née sur les cendres d’une guerre sanglante.
Aujourd’****, en ces périodes de troubles et de conflits, on en venait à se demander si cette Entreprise n’était pas sur le déclin. Arhlys, comme tant d’autres, n’y croyait pas et avait foi en cette vénérable institution. Elle était de Starfleet. Certains décrivaient cette structure comme le bras armé de la Fédération, d’autres comme de simples diplomates. Ces personnes avaient tort. Starfleet n’était ni une force armée, ni un groupuscule politique. C’était avant tout un corps d’explorateurs et de représentants des valeurs définissant la Fédération. Tous les Officiers de Starfleet avaient pour devoir de les protéger et de les défendre, et non de les imposer à autrui.
Elle sourit à cette dernière pensée et reposa la tasse vide sur son bureau. Elle ramassa l’un des padds qui y était posé. Elle relisait l’un des derniers rapports qu’on lui avait transmis plus tôt. Il était question des diverses opérations menées pour restaurer la coque qui avait subi des dégâts collatéraux suite à l’explosion de la nacelle tribord. Elle avait commencé à le parcourir quand on sonna à sa porte. Elle se retourna et ordonna l’accès à sa cabine. La porte coulissa et Erun entra. Il s’approcha d’Arhlys.
- Très belle vue, émit-il.
- Elle n’est que temporaire, répondit Arhlys en souriant.
- Malheureusement. Etes-vous triste de lever l’ancre ?
- Il est temps pour l’oiseau de quitter son nid, n’est-ce pas ?
- Alors, je me dois de vous informer que nous sommes prêts, Capitaine.
Arhlys acquiesça et accompagna Erun vers la sortie. C’est à ce moment que le combadge d’Arhlys s’activa. Elle fixa un instant Erun dans les yeux avant de répondre.
Il souffrait. Son corps était encore marqué des traces de leur passage. Le métal froid sur lequel il était couché l’apaisait un peu. Il n’arrivait pas à dormir. Chacun de ses mouvements, même les plus infimes, provoquait l’apparition de nouvelles douleurs. Il ne savait rien. Pourtant on s’acharnait à vouloir lui arracher des secrets dont seuls ses geôliers semblaient connaître l’existence. Il se redressa péniblement et s’appuya sur le mur de métal froid pour éviter de tomber.
La pièce dans laquelle il était enfermé était plongée dans l’obscurité. Il entendit faiblement cette goutte d’eau qui tombait régulièrement du plafond. A son arrivée, il avait pu mesurer l’écoulement du temps, grâce à elle et ses sœurs. Malheureusement, il en avait perdu le compte lorsque ses geôliers le soumirent à la question. Ils n’étaient rien de plus que des brutes.
Il fallait qu’il sorte de cette cage. Il se retourna et se retrouva face au mur. Il palpa sa surface et se décida à chercher une issue pour fuir. Il arriva à ce qui ressemblait, au toucher, à un système d’ouverture. Ses doigts lui décrivirent le boîtier de contrôle. Il sourit. Un espoir venait de naître quand la porte s’ouvrit brusquement. La lumière l’aveugla.
-STAR TREK-
MARE
TENEBROSUM
L’Espace, ultime océan de ténèbres. Occultant une multitude de civilisations, de cultures exotiques, d’espèces, de dangers insoupçonnés. Notre quête… Repousser la frontière de l’inconnu.
Ex Astris, Scientia.
Monsieur Liim
******
Plongée dans la lecture d’un vieux manuscrit, Larenia ne remarqua pas l’ouverture des portes de l’infirmerie. Un couple entra. La salle étant constellée de divers caissons de fournitures, le binôme fut obligé de slalomer pour arriver à une couchette. Du moins, la seule qui n’était pas squattée par des panoplies d’accessoires médicaux. Du point de vue des arrivants, l’infirmerie ressemblait à un lieu abandonné de son personnel. Seena Lax fit un tour sur elle-même. Elle posa un regard interrogateur sur son blessé, en posant ses mains sur ses hanches.
- Tu es sur que le médecin de bord est arrivé ?
- Affirmatif, Lax, confirma Quartz en grimaçant.
- Bon, elle se trouve peut-être dans l’un de ses containers. A moins que j’invoque l’hologramme médical d’urgence, lança-t-elle en haussant le ton.
Par expérience, Seena Lax savait tout le bien qu’on pensait des fameux HMU. Ces derniers n’étaient que des manifestations photoniques de médecins. Ils étaient dotés de toute l’expérience médicale connue de Starfleet. Le seul, trouvant grâce aux yeux de la médecine, fut celui du Voyager. Il faisait partie, à son époque, des rares êtres photoniques à dépasser sa programmation pour devenir une personne. Ne voyant personne venir, Seena Lax se décida à se rendre au bureau. Cela en espérant y trouver le fameux médecin. Depuis son arrivée à bord, elle n’avait pas pris le temps d’aller faire la connaissance avec les autres officiers. Cela devait être le cas de ses collègues, à l’exception du Capitaine et du Numéro Un.
Quartz se redressa sur la couchette. Il rajusta son kimono. La trill et lui-même avait décidé de faire un peu d’exercice ensemble. Cela ne faisait pas de mal, surtout après ces quelques jours à préparer le navire à son départ. Malheureusement, une simple faute d’inattention lui avait fait gagner un bras cassé. Il réalisa d’un coup le temps qui s’était écoulé. Cela faisait un moment que Seena Lax s’était lancé à la recherche du docteur. Il détacha la ceinture de son kimono. Il l’utilisa afin de caler son bras contre lui. Il descendit de son lit et prit le même chemin que sa partenaire. Ce qu’il trouva dans le bureau fut surprenant. Personne à l’exception des contenaires qui inondaient la pièce. Certains box étaient ouverts. Quartz leva un sourcil interrogateur. Une singularité quantique, se dit-il quand il entendit gémir derrière le bureau. C’est à ce moment que surgit une trill aux longs cheveux noirs défaits. Son uniforme blanc renseignait Quartz sur sa profession. Elle tourna la tête en refermant sa veste.
- Enchantée, lança-t-elle en souriant à l’officier.
Quartz ne savait que répondre.
- Je suppose que vous avez besoin de mes services pour retrouver l’usage de la voix, à moins que cela ne soit pour votre bras ?
Seena Lax apparut à côté du médecin. Elle avait l’air étourdie. Elle se frottait l’arrière de la tête.
- Elle est tombée… expliqua le médecin… à cause de l’un de mes livres.
Quartz remarqua alors que le chemin menant derrière le bureau était jonché de livres. Certains étaient même ouverts. Il revint vers le médecin.
- Oh, pardonnez-moi, poursuivit-elle, je m’appelle Larenia et je suis…
- …notre médecin de bord, termina Seena Lax en se redressant.
- Rassurez-vous mes talents ne sont pas à l’image de cette infirmerie. Pour le moment du moins.
- J’apprécierais à ne pas avoir à me présenter en réunion ainsi, si vous me le permettez, présenta Quartz.
A sa droite se tenait son second, Erun, un bajoran. C’était un orphelin, comme elle. D’ailleurs, Arhlys se demandait si ce n’était pas la raison pour laquelle elle se sentait proche de lui. Il avait perdu ses parents suite aux actions d’un groupuscule vénérant d’obscures entités. Celles-ci étaient connues sous le nom de Pag Wraith. De ce qu’elle savait, elles étaient les ennemies des Prophètes. Entités vivantes et créatrices du vortex bajoran, ou du Temple Céleste, comme l’appelait Erun. Malgré la perte de ses parents, l’officier avait conservé sa foi envers eux.
A ses côtés se tenait Quartz, l’officier en charge de la sécurité. Il était le seul représentant connu de son espèce. Il avait été trouvé dans un cocon de quartz sur Janus VI, par des mineurs et des hortas, des êtres intelligents constitués en partie de silicium. On le considère comme un parent proche de cette espèce. Quartz reste un mystère dont on aimerait bien lever le voile.
Il était assis près de Seena Lax, une trill symbiosée. Elle portait dans son ventre une sorte de larve, un symbiote du nom de Lax. Cet être intelligent avait la capacité de fusionner ses expériences et sa personnalité avec celle de son hôte pour créer un être nouveau. Ainsi la Seena qui se tenait devant eux était la somme des expériences passées de Lax et de son hôte. Elle n’avait plus rien à voir avec celle qu’elle était avant cette union.
En face d’elle se tenait T’Lan, une vulcaine. Encore récemment, elle était affectée à Utopia Planitia, comme ingénieur. Elle aurait dû prendre ses fonctions plus tard, mais les circonstances avaient amené Arhlys à demander de valider sa mutation sur le Gienah plus tôt que prévu. Elle attendait la réponse de Starfleet Command. T’Lan seconderait Liim, en tant que chef des opérations. Ayant participé à la conception du Gienah, la décision d’Arhlys était logique.
La dernière place était occupée par Larenia, une trill. Elle venait de finir son cycle d’étude à Starfleet Academy. Elle avait soif d’aventures. Comme T’Lan, Larenia devait prendre ses fonctions plus tard. Malheureusement, le Médecin qui devait être affecté au Gienah avait quitté Starfleet prématurément, pour des motifs personnels. Grâce à ses soins et à son attention, son Capitaine avait récupéré de ses blessures.
Arhlys s’arrêta sur le fauteuil suivant. Il était vide. Mais il ne le resterait pas pour très longtemps. Son regard s’attrista, avant de revenir à ceux présents autour de la table. Elle fit un rapide point sur les événements depuis la destruction de la nacelle de distorsion. Le Capitaine interrogea ensuite chacun de ses officiers présents. T’Lan l’informa que le Gienah serait opérationnel dans moins de 20 heures. Cette information surprit l’assistance. La vulcaine révéla que des équipes d’ingénieurs étaient venues en renfort. Larenia indiqua qu’elle n’avait pas eu l’occasion de faire un état des lieux de l’Infirmerie. Son regard croisa ceux de Seena Lax et de Quartz. Elle rappela, aussi, que son équipe arriverait prochainement. Arhlys acquiesça.
- Capitaine, pourrait-on connaître les raisons excusant notre ingénieur en chef à cette réunion ? Demanda T’Lan.
- J’allais y venir. Il semblerait que Monsieur Liim soit porté disparu, lança Arhlys avec tristesse.
- Porté disparu ? Comment cela est-il arrivé ? Questionna Larenia avec curiosité.
- Nous ne le savons pas encore, répondit Erun.
- De mémoire, il passait son congé sur Terre. Ne serait-ce pas à la sécurité de régler ce genre de problème ? Intervint Seena Lax.
- Elle n’a pas été informé, répondit Arhlys.
- Je suppose que mes compétences sont requises, intervint Quartz.
- En effet, dit Arhlys, je préfère qu’on se charge de cette affaire.
Alors Erun et Arhlys allaient quitter la cabine du Capitaine, ils reçurent un appel de la mère de Liim. Elle s’inquiétait de ne pas avoir eu de nouvelles de son fils. Arhlys fut surprise. La bolienne avait alerté Starfleet. Ne voyant aucune réaction, elle s’était décidée à joindre le Capitaine de son fils. Liim lui avait demandé une permission afin de rendre une visite de courtoisie à sa famille. Or, cela n’avait pas été le cas. Erun réagit aussitôt et demanda une localisation de l’ingénieur. Les senseurs du Gienah ne détectèrent aucun présence de Liim tant sur le navire. Arhlys rassura la mère de Liim en l’informant qu’elle lancerait une enquête pour le retrouver. La bolienne l’en remercia avant de mettre fin à la communication. Avant de rejoindre la salle de réunion, Arhlys contacta Starfleet Command. Il avait bien reçu l’appel de détresse de la mère de Liim. L’officier n’avait pas accédé à sa demande. Il estimait que son fils devait avoir eu mieux à faire que d’aller retrouver ses parents. Cette réponse ne convint pas à Arhlys. L’officier le comprit très vite et s’excusa de mon manque de clairvoyance.
Quartz informa son Capitaine qu’il souhaitait avoir l’aide de Seena Lax pour mener à bien ses investigations. Arhlys approuva en lui indiquant qu’elle les accompagnerait. Larenia protesta. D’un point de vue médical, le Capitaine était encore faible d’après son dernier bilan. De plus, le médecin désirait secrètement participer à cette enquête.
Combien de temps s’était-il écoulé de nouveau, depuis son retour ?
Il avait froid, faim et avait beaucoup de mal à se mouvoir.
Viendront-ils me chercher ?
Il n’en connaissait pas la réponse. Lui-même ne savait pas où il était. Il commença même à douter de son existence. Il se mit à chercher la seule chose qui pouvait le réconforter : les gouttes d’eau. Après une rude et lente investigation, il découvrit qu’un mince filet d’eau s’écoulait dans sa geôle. Il fixa le plafond.
- Je suis prête, lança-t-elle gaiement à travers toute l’infirmerie du Gienah.
Ses collaborateurs se retournèrent soudainement et dévisagèrent leur responsable. Larenia fit un petit signe de la main en souriant et en se glissant vers la sortie. Elle devait se rendre au téléporteur trois. En chemin, elle rêva d’une enquête pleine d’aventures et d’actions.
D’ailleurs, cette affaire lui rappelait une histoire qu’un trill fusionné lui avait contée un jour. A une certaine époque, il avait été Capitaine de Transporteur sillonnant l’espace de la Fédération en quête de marchés lucratifs pour lui et son équipage. Un jour, un de ses officiers de bord disparut mystérieusement lors d’une escale sur Rigel V. Après quelques heures de recherche, il avait retrouvé son officier, ou du moins, la peau de ce dernier. Elle avait dû servir pour la confection d’un long manteau. Le reste du malheureux avait été vendu à l’un des fast-foods ambulants du coin. Le Capitaine en avait eu la nausée et avait vomi son repas lorsqu’il avait découvert ce qu’il avait mangé. Certains de ses hommes et lui-même venaient de découvrir le goût de la chair rigelienne.
Elle arriva à la salle du téléporteur trois. Elle était la dernière arrivée. D’ailleurs d’après l’humeur de Quartz, cela devait faire un bon moment qu’elle était attendue. Elle haussa les épaules et fit un petit sourire d’excuses, avant de se faufiler dernière la Capitaine. Elle ne voulait plus voir le regard sévère de Quartz.
Leurs investigations préliminaires leur avaient permis de découvrir que la famille de Liim venait de se lancer dans la production de soins capillaires, afin de concurrencer les produits de son rival. D’ailleurs, ce dernier était en perte de vitesse. Quartz avait évoqué la guerre commerciale comme mobile pour le kidnapping de l’Ingénieur en Chef. A cette idée, Larenia ne pouvait s’empêcher de rire, la famille concurrente était d’origine caitainne, des humanoïdes dont l’apparence se rapprochait de celle des félins.
De leur côté, Seena Lax, aidée d’Arhlys, était parvenue à capter le faible signal du combadge de Liim. Il leur était impossible de savoir si Liim l’avait toujours sur lui. Ils avaient tenté de le téléporter, mais des interférences avaient empêché l’opération d’aboutir. Finalement, elles s’étaient résolues à définir sa position exacte, mais n’avaient réussi qu’à établir un périmètre acceptable de recherche. La plus grosse difficulté venait du fait que la localisation du signal provenait des catacombes de la cité des lumières. Arhlys avait obtenu les autorisations pour accéder à cette partie de la cité, ainsi qu’une carte des souterrains. Contrairement à Larenia, cela n’enthousiasma pas le reste de l’équipe.
Seena Lax rajustait son uniforme quand elle fut assaillie par une myriade de faisceaux verticaux azurs. La salle dans laquelle elle se tenait quelques secondes auparavant fut remplacée par une immense place circulaire où se dressait une colossale arche en pierre sculptée. Larenia la reconnut.
Arhlys chercha l’accès aux catacombes. L’entrée devait se trouver à proximité. Elle la trouva très facilement. La porte menant aux entrailles de la cité se présentait sous l’apparence d’une écoutille dans le pur style de la Belle Epoque. Arhlys entra son code d’accès et le sas s’ouvrit sur une échelle. Des luminaires se mirent en route dévoilant la profondeur du puits. Larenia, voyant le fond, eut un rictus de dégoût.
Arhlys et Quartz descendirent les premiers, précédant Seena Lax et Larenia. Le tunnel dans lequel ils se trouvaient était étroit et mal éclairé. On ne pouvait pas y circuler à plus de deux personnes côte à côte. De plus, cette section ne présentait que deux possibilités permettant de s’engouffrer plus profondément dans les souterrains de la cité. Seena Lax s’intéressa de nouveau aux données de son tricordeur afin de savoir quelle direction prendre. Larenia se pencha vers sa collègue.
- Le signal est plus fort, mais impossible de savoir dans quelle direction on doit aller. Lança Larenia.
- On a formé des binômes pour cette raison, répondit Arhlys.
- Nous prendrons par l’Ouest, Capitaine, intervint Quartz.
- Il ne reste plus que l’Est, n’est-ce pas ? Rapport toutes les demi-heures, Monsieur Quartz ! Ordonna Arhlys.
- Entendu, Capitaine.
L’adrénaline aidant, il avança plus rapidement dans ce labyrinthe qu’il ne l’aurait cru, et ce, malgré la hauteur de l’eau. Elle était crasseuse et de temps à autre, il croisait le cadavre d’un nuisible qui flottait. Serait-ce son destin ? Certainement pas, se dit-il. Le temps était une donnée précieuse pour que son action aboutisse. Il se demandait dans combien de temps ses geôliers le prendraient en chasse. Il lui fallait trouver rapidement une issue à ce piège à rat.
Il arriva à un carrefour et s’arrêta soudainement. Le bourdonnement dans ses oreilles étant moins fort, il crut entendre un bruit. Il se concentra et son impression se confirma. Deux personnes approchaient de sa position. Il se demanda si l’alerte n’avait pas été donnée ou si ce n’était pas simplement que ces tunnels étaient eux aussi surveillés. Il ne le savait pas. Elles étaient, sans aucun doute, en meilleure condition physique que lui. Il lui fallait trouver une position de repli. Il fixa l’eau et sourit.
Seena Lax redressa la tête et fit un signe à Quartz. Le signal venait de derrière l’angle du carrefour vers lequel ils approchaient. Quartz sortit son phaseur par précaution, en le réglant sur paralysie. Ainsi, son tir neutraliserait sa cible, sans pour autant la blesser. Seena Lax contacta l’autre binôme en tapotant sur son tricordeur. A l’académie, ils avaient appris à utiliser ce type de communication, constituée d’un ensemble de sons plus ou moins longs. La prudence était de mise. D’après son tricordeur, un second signal accompagnait celui du combadge. Il était d’origine biologique mais l’appareil n’arrivait pas à déterminer son appartenance. Il pouvait aussi bien s’agir de Liim que d’un natif de ces lieux obscurs.
Quartz passa devant Seena Lax. Il s’adossa au mur et fixa un instant sa collègue. Elle hocha la tête en signe d’approbation. Quartz vira vers la source du signal. A sa grande surprise, il n’y avait rien qui lui faisait face. La lumière de cette portion de tunnel étant faible, il pallia à cette difficulté en utilisant sa lampe.
Cette question le tourmentait depuis un bon moment, mais il n’avait pas d’autres solutions. Il devait tenir. Il était hors de question qu’il retourne en cage. Sa volonté devait être plus forte, ainsi il pourrait repousser ses limites. Malheureusement, il constata que son propre corps se mutinait. Sa volonté commençait à céder le pas. Ses poumons étaient en train de s’embraser. Ses nombreuses séances avec ses geôliers avaient eu raison de son endurance. Il avait besoin d’air, de pouvoir respirer. La colère emplit son esprit, il devait agir.
Larenia confirma la réception du message. Contrairement à Seena Lax et Quartz, Larenia et Arhlys circulaient dans une zone où l’eau montait à hauteur de genoux. Le déplacement était plus aisé. Elles sortirent leurs phaseurs et rallièrent un carrefour. D’après la cartographie qu’on leur avait fournie, le sujet devait obligatoirement passer par cet embranchement. Arhlys donna des consignes à Larenia pour recevoir le sujet, avec les égards auxquels il avait droit. Elles n’eurent pas besoin du tricordeur pour connaître sa position. Il devait être paniqué pour se déplacer aussi vite dans cette eau infecte.
Larenia et Arhlys se postèrent en embuscade. Afin d’optimiser leur action, elles s’appuyèrent sur les données de leur tricordeur respectif. Le sujet se déplaçait rapidement. Il arrivait par l’extrémité de la portion qu’elles surveillaient. Arhlys fit un signe de tête à Larenia. Il approchait. Au dernier instant, elles surgirent et frappèrent le sujet à l’aide de rayons paralysants, le projetant en arrière. Le binôme s’approcha prudemment de sa cible.
Il prit une inspiration et goûta à la fraîcheur du lieu. Il ne savait pas où il se trouvait. Peut-être que les étoiles, se dit-il, pourront l’aider. Sa vue s’améliora, lui révélant un panorama des plus saisissants. Les étoiles devinrent des fragments de lumières. Ceux-ci perçaient un feuillage tapissant les cieux. Il parcourut du regard les branches qui le menèrent à un arbre gigantesque trônant au milieu du lac. Au fur et à mesure que la brume se dissipait, il remarqua que son embarcation était assiégée par des hérons cendrés.
- Où suis-je ? Murmura-t-il.
De mémoire, il ne connaissait pas un tel lieu. C’était magnifique. Une jeune Bergère vint dans sa direction. Elle marchait sur l’eau. D’après son apparence, elle devait être humaine. Elle avait des traits fins et jeunes. Elle s’approcha de lui en tendant une pomme.
- Aux Champs Elyseum, Être linéaire, répondit-elle d’une voix douce et sucrée.
Il accepta le fruit et le prit à deux mains. Elles tremblaient. Le sourire de la Bergère finit par le rassurer et il mordit à pleines dents la pomme. Elle était acide. Il porta sa main à sa gorge. Il avait du mal à respirer. Il tenta de lui parler. Des larmes s’échappèrent de ses yeux.
- Lorsque tu reverras l’Architecte, Être linéaire. Annonce-lui que la Longue Nuit aura lieu.
Le Parisy s’éveilla lentement. Il eut un geste brusque de panique, mais Larenia arriva à le calmer grâce à un coup vif d’hypospray. Cette seringue hypodermique contenait un calmant. Le Médecin de Starfleet avait anticipé la réaction de son patient à son réveil. Elle se tourna vers Arhlys et lui fit signe d’approcher doucement. Le Capitaine acquiesça et posa un genou à terre. Avec quelques mots, elle rassura le jeune homme, se présenta et lui demanda son nom.
- Erohan, répondit-il en bégayant.
- Enchanté Erohan, dit Arhlys en posant une main sur sa poitrine.
Elle lui tendit le combadge de Liim. Erohan le regarda et releva la tête vers Arhlys. Sa peur s’envola définitivement lorsqu’il remarqua que la dame en noir avait la même décoration au niveau de sa poitrine. Il fit le tour des trois autres et remarqua leurs insignes. Il sourit et en fut réconforté. Ce symbole lui rappelait cette personne qui venait les voir régulièrement. Elle était gentille et prévenante à l’encontre de leur communauté. Même si les siens avaient refusé à plusieurs reprises la proposition de cette personne, ses parents lui avaient signalé qu’on pouvait leur faire confiance.
- Ami Bleu avoir perdu tatouage. Moi lui rendre. Vous venir pour Ami Bleu ? Demanda-t-il
- Oui, répondit doucement Arhlys. Savez-vous où il est ?
- Lui être avec hommes à têtes de miaous.
- Est-ce que tu peux nous montrer ?
Erohan hocha la tête. Arhlys se leva et lui tendit la main. Il la prit et s’en aida pour se redresser. Elle lui ouvrit la main et lui posa, dans la paume, le combadge de Liim. Elle lui sourit et lui demanda de les conduire chez les « hommes à têtes de miaous. » Larenia réfléchissait aux dernières paroles d’Erohan. Elle se demandait ce que pouvait bien être un miaou. Durant le trajet, elle présenta son interrogation à Seena Lax. La Trill fusionnée faillit éclater de rire mais se retint difficilement.
Erohan les avait menés jusqu’à la demeure d’une illustre famille Caitain. Seena Lax leur fit remarquer que c’était celle qui était en concurrence avec les parents de Liim. Quartz avait levé un sourcil et nota cette coïncidence. Larenia balaya la demeure avec son tricordeur et confirma la présence d’un Bolian dans ces murs. Avant de se présenter au maître des lieux, le quatuor du Gienah remonta pour prendre des uniformes plus propres. Leur passage dans les catacombes de la Cité des Lumières avait marqué leurs vêtements d’une odeur très désagréable.
Seuls Arhlys et Quartz rendirent visite aux caitains. Ils se nommaient les Maë. Leurs racines étaient aussi anciennes dans le métier de la coiffure que celles de la famille de Liim. Par précaution, Quartz avait emmené un phaseur de poing, tandis qu’Arhlys estima qu’un tricordeur lui suffirait amplement. L’entretien qu’ils eurent avec Lo’Maë, le Chef de famille, se passa convenablement. Du moins jusqu’à ce qu’Arhlys lui demanda s’il n’avait pas recueilli un bolien dernièrement. Le Caitain s’emporta et Arhlys tenta de le raisonner. N’y arrivant pas, Quartz prit le relais et Arhlys décida de trouver son Officier à l’aide du tricordeur.
Lorsqu’Arhlys trouva Liim, elle comprit l’étrange comportement du caitain. Quelques instants plus tôt, il avait, lui-même, appris ce qu’Arhlys et Quartz venaient de découvrir. Liim, couvert de bandages, était en pleine activité physique avec la fille de Lo’Maë. L’Officier de Starfleet fut très surpris de l’arrivée d’Arhlys et de Quartz, tout autant que la jeune Caitain. Liim raconta à Arhlys et à ses collègues la mésaventure qui l’amena chez les Maë. Il avait été agressé peu après avoir quitté un café du côté de Saint Cloud. Si Ven’Maë, la fille de Lo, n’était pas intervenue avec son frère, il ne serait plus qu’un simple morceau de bleu.
L’Ingénieur voulut faire de l’humour en se comparant à l’un des célèbres mets gastronomiques que l’on servait dans les restaurants de la cité. Sa tentative échoua, à l’exception de Larenia qui avait probablement compris le trait d’esprit. La jeune caitain et son frère l’avait emmené chez eux pour le soigner. Durant sa convalescence, elle était restée auprès de lui. C’est ainsi qu’il fit sa connaissance et qu’ils tombèrent réciproquement sous le charme.
Arhlys sourit et ouvrit les yeux. La passerelle s’illumina et ses officiers sortirent du turbolift qui venait d’arriver. Ils se rendirent à leur poste respectif. Arhlys les observa avant de se retourner et se diriger vers son fauteuil. Elle caressa du doigt l’accoudoir en cuir, avant de faire le tour du siège et de s’y installer. Elle activa l’écran tactile qui y était incrusté. Elle songea au discours que Zefram Cochrane avait prononcé lors de l’inauguration du complexe Warp 5.
Imaginez des milliers de planètes inhabitées, placées à portée de mains et nous serons capables d’explorer ces nouveaux mondes étranges, de découvrir de nouvelles vies, de nouvelles civilisations (…) où aucun homme n’est jamais allé.
Cette élocution avait été reprise pour le lancement du premier Entreprise de Starfleet. Arhlys se demandait comment le Capitaine Archer avait ressenti ce moment historique. Elle leva les yeux vers l’horizon et sourit.
- Monsieur Quartz, mettez le Cap vers le bloc secteur Iota Pavonis.
Cette scène n’avait pas échappé à la jeune femme qui se tenait face aux baies vitrées du Lounge de la Starbase Sol. Elle portait l’uniforme de Starfleet et possédait le grade de Capitaine. A ses yeux noirs, on pouvait deviner qu’elle était d’origine betazoïde. Elle les tenait du côté de son père. Ce dernier était à moitié betazoïde, contrairement à sa mère qui était humaine. Elle les avait aimés jusqu’à ce qu’elle apprenne l’acte horrible dont ils s’étaient rendus coupables.
Son visage fin n’exprimait aucune joie en voyant partir le Gienah. Elle renvoya l’une de ses mèches écarlates vers l’arrière d’un coup de main. Elle avait échoué et son agent avait été capturé. Ses intérêts personnels avaient pris le pas sur sa mission. L’architecte n’allait pas apprécier qu’elle ait mis en péril l’opération. Mais elle détestait Arhlys tout comme l’Autre. On l’informa par combadge que son entretien avec l’Amiral Esus aurait lieu dans un quart d’heure. Elle finit d’une traite son thé et se dirigea vers la sortie.
- En Avant Toute…
Relectrice : Isania
Journal de bord du Capitaine, le Gienah se rend dans le système Cynaed où nous sommes attendus. Cette planète est l’une des nombreuses colonies romuliennes construites dans l’ancienne zone neutre, suite à la destruction d’Hobus. Cynaed s’est déclarée indépendante vis-à-vis du nouvel Empire romulien. Elle a demandé le protectorat et l’assistance de la Fédération. Et cela, tant qu’elle ne sera pas en mesure de pouvoir se défendre par elle-même. D’après l’Amiral, c’est une chance pour la Fédération. Je le comprends. Un premier pas vers la paix et peut-être vers une réconciliation probable entre romuliens et vulcains. Toutefois, il ne faut pas oublier notre mission. Nous avons aussi été chargés de livrer du matériel et des vivres sur Cynaed VII.
Ordinateur, fin d’Enregistrement.
Les portes du turbolift s’ouvrirent sur la passerelle. Arhlys émergea de la cabine. Elle balaya les lieux du regard. Elle était vêtue d’une tenue sportive. Quelques instants auparavant, elle avait suivi son programme quotidien. Il se déroulait dans l’espace holodeck. Le but était de la maintenir en forme. Elle avait dû interrompre ses exercices quand Erun l’avait contactée. Il l’avait informée qu’ils venaient de détecter un signal de détresse. Le bajoran se trouvait, actuellement, avec Seena Lax au niveau de la console scientifique. Arhlys fixa l’écran principal. Il n’y avait aucun visuel de navire en perdition, même pas un morceau de débris. Elle alla retrouver son Numéro Un et son officier scientifique.
- Ai-je raté quelque chose ou s’est-on mal compris, Erun ? Demanda Arhlys.
- Je vous rassure, Capitaine. Nous sommes aussi perplexes que vous, répondit Erun.
- Un problème avec les senseurs du navire ?
- C’est ce qu’on a supposé au début. Nous avons demandé à Liim de vérifier.
- Cela ne l’a guère enchanté, lança Seena Lax.
- Il nous a confirmé que les systèmes fonctionnaient correctement.
- Une chance pour nous, sinon il aurait été très irritable, railla Arhlys.
- Le signal de détresse a disparu lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, rappela Seena Lax sans quitter les yeux de l’écran.
- Nous avons probablement affaire à un navire occulté, supposa Erun.
- Pouvez-vous m’expliquer ? Intervint Arhlys.
- Lorsque vous êtes arrivée, nous venions de découvrir d’infimes particules de tetryon, répondit Seena Lax.
- Pourquoi ne pas l’avoir dit plutôt ? Demanda Arhlys
- J’allais y venir Capitaine. Nous avons probablement affaire à un navire occulté, qu’il soit romulien ou klingon, ajouta Erun.
- Et l’appel de détresse ?
- Une énigme ?
- Restons vigilant. Faites une analyse complète du secteur. Si vous ne découvrez rien, reprenez le cap vers Cynaed VII ! Ordonna Arhlys.
Les deux officiers acquiescèrent. Elle leur sourit avant de partir en direction du turbolift. Erun la rattrapa lorsqu’elle entra dans la cabine. Elle venait d’ordonner son déplacement vers le pont 5 quand elle remarqua le bajoran.
- Y a-t-il autre chose, monsieur Erun ? Demanda Arhlys en souriant.
Erun commanda le blocage de l’ascenseur.
- En effet, j’ai une proposition à vous faire. Ou plutôt une demande à formuler.
- Est-ce si personnel et urgent que cela ?
- Oui et non, Capitaine.
- Pourquoi ici ?
- Euh, l’instant présent, bafouilla le bajoran.
- Croyez-vous que l’endroit soit si approprié ? J’ai un bureau, vous savez, rappela Arhlys.
- Désolé, Capitaine.
- Allez-y.
- J’ai remarqué que vous utilisiez quotidiennement l’espace holodeck du pont 5.
- Vous me surveillez ? Plaisanta Arhlys.
- Non, pas du tout, répondit Erun gêné. Je voulais juste savoir si vous accepteriez un compagnon d’entraînement.
- Accordé. On se retrouve demain. Ne soyez pas en ****. Lança Arhlys en déverrouillant le turbolift.
Les portes s’ouvrirent subitement sur Larenia et le pont 5. La jeune trill salua chaleureusement le couple, avec un sourire complice. Elle se demandait ce que pouvaient bien faire un Capitaine et son second dans cet espace confiné. Cela faisait un petit moment déjà qu’elle attendait le turbolift. En enquêtant, l’ordinateur lui avait indiqué qu’il avait été bloqué. Sa curiosité piquée, elle l’interrogea afin de savoir qui occupait la cabine. Arhlys sortit en saluant Larenia. Le Capitaine se dirigea vers l’espace Holodeck. Erun fit un clin d’œil à Larenia avant de revenir vers la passerelle. Le médecin pivota pour rattraper son Capitaine.
- Capitaine, c’était comment avec Erun ?
- Nous ne sommes pas suffisamment…
L’officier s’arrêta et se tourna vers une Larenia souriante. Arhlys lui fit comprendre du regard qu’elle n’avait pas apprécié.
- Dois-je vous rappeler que nous sommes des officiers de Starfleet. Le devoir guide et conditionne notre vie, lança Arhlys en poursuivant son chemin.
- En tant que médecin, je me dois de veiller sur votre santé. Et sans vouloir vous manquer de respect, je me dois de vous conseiller de trouver un équilibre entre le devoir et le plaisir. D’ailleurs en parlant de devoir, pourrais-je vous accompagner sur Cynaed VII ? Proposa Larenia.
- Pour quelle raison ?
- Découvrir des mondes nouveaux, de nouvelles civilisations…
- On verra si je suis de bonne humeur, dit Arhlys en s’arrêtant devant l’holodeck.
- Voyez, vous ne vous relaxez pas assez. Conclut le médecin de bord. Sachez-vous que T’Lan peut vous apprendre des techniques de…
Arhlys adressa un sourire à Larenia quand les portes du holodeck les séparèrent. Elle lâcha un soupir. Contrairement aux officiers de son précédent navire, ceux-ci avaient le désir d’être plus proche d’elle.
-STAR TREK-
MARE
TENEBROSUM
L’Espace, ultime océan de ténèbres. Occultant une multitude de civilisations, de cultures exotiques, d’espèces, de dangers insoupçonnés. Notre quête… Repousser la frontière de l’inconnu.
Ex Astris, Scientia.
Pax Romana
- Part I -
******
Arrivant en vue de sa destination, le Gienah sortit de distorsion. Il vira de bord pour se placer en orbite haute de Cynaed VII. Erun voulut en informer le Capitaine quand elle apparut soudainement à ses côtés. Il ne l’avait pas entendu approcher, ni arriver par le turbolift. Elle était en uniforme. Elle se tourna vers lui. Ses cheveux étaient encore légèrement mouillés et dégageaient un léger parfum de junja. Cela lui rappelait sa jeunesse sur Bajor. Il aurait voulu s’approcher de cette cascade pour respirer les senteurs, mais il se retint. Il repensa à sa dernière conversation avec T’Loss. Il se sentit **** sur le moment.
- Capitaine ? Lâcha-t-il encore perturbé.
- Comme je peux le constater, nous sommes arrivés en orbite de Cynaed VII.
- Effectivement.
- Et notre appel de détresse ?
- Un écho fantôme… probablement.
- Nous avons un appel du sénat de la planète, coupa Seena Lax depuis son poste.
- Sur écran, ordonna Erun.
Le panorama visible depuis l’orbite de Cynaed VII fit place à celui d’un intérieur de bureau. Il était décoré avec un style « Empire. » La pièce était ornée de différents bustes, tentures et aigles dorés. Une personne s’installa en premier plan, faisant passer la décoration au second ordre. Le romulien avait les cheveux sombres et courts, et naturellement, des oreilles en pointes. En s’arrêtant à ces détails, il était facile de penser qu’il s’agissait d’un vulcain. Mais ce n’était pas le cas. Juste au-dessus de son nez partaient deux nervures vers le haut de son crâne en s’écartant. Ce trait physique levait tout doute quant à son appartenance ethnique. Il était romulien par le sang. Il n’était pas étonnant que cette espèce partage autant de points communs avec les vulcains. Fut un temps où les romuliens en étaient. Ces derniers optèrent pour une philosophie différente. Elle se nommait la voie d’Era. Elle prônait et les incitait à suivre leurs émotions et à cultiver leur don pour les intrigues. C’était de ce dernier point dont Arhlys se méfiait le plus. Les romuliens étaient passés maîtres dans l’art du complot et de la mise en scène. La prudence était toujours de mise quand on traitait avec eux. En poussant la réflexion plus loin, l’écho fantôme pouvait être un élément clé d’une pièce. Mais l’heure n’était pas à la paranoïa et aux sombres manœuvres.
- Bienvenue sur Cynaed VII, Capitaine Beth Corvi, lança le romulien.
- Mes hommages, Sénateur Maraed, répondit le Capitaine.
- Je complimente la Fédération et Starfleet pour sa célérité dans le traitement de ma requête.
- Nous devrions nous rencontrer au plus tôt, cela afin de pouvoir organiser la distribution des marchandises.
- En effet, ce moyen de communication n’est pas approprié à la tâche qui nous attend.
- Nous sommes d’accord.
- Je vous transmets les coordonnées de téléportation pour notre entrevue.
- A tout de suite Sénateur.
- Serviteur, Capitaine.
Cynaed VII n’était pas la seule colonie fondée suite à l’éclatement de l’Empire romulien. Une multitude de communautés s’était établie dans l’ancienne zone neutre. Ce secteur de l’espace servait, à une époque, de tampon entre l’espace de la Fédération et celui de l’Empire romulien. Il avait été défini à la fin du conflit qui avait opposé les romuliens à l’Alliance. Une organisation, née sous l’impulsion des humains, constituée des espèces qui allaient fonder la Fédération Unie des Planètes.
Le conflit terminé, un ordre nouveau émergea des ruines de l’Empire romulien grâce à l’impulsion d’une romulienne du nom de Sela. Elle se proclama Impératrice et rassembla ses partisans. Ensemble, ils allaient fonder un âge nouveau pour les romuliens. Ou plutôt, une renaissance, comme cela avait été le cas par le passé. Quand les futurs romuliens avaient quitté Vulcain pour suivre leur propre voie. Aujourd’****, un nouvel Empire était né. Un retour aux sources pour certains romuliens traditionnalistes. Diverses colonies s’étaient ralliées, soit volontairement, soit par la force. Malheureusement, l’action diplomatique de l’Impératrice, avait mené une poignée de colonies à déclarer leur indépendance. Notamment, celles installées dans l’ancienne zone neutre. L’Impératrice Sela n’accepta pas leur décision. Elle annonça, dés lors, le début d’une vague d’hostilité à leur encontre. C’est ainsi que des colonies, comme Cynaed VII, demandèrent l’assistance de la Fédération afin de les aider à préserver leur nouvelle liberté.
Maraed, ainsi que son assistance Seya, vinrent à la rencontre des officiers de Starfleet. Cette entrevue était très importante pour le Sénateur et pour son grand projet. Aussi altruiste la Fédération était-elle, il savait que ses ressources étaient limitées. Cette organisation stellaire était en guerre avec l’Empire Klingon. De plus, ce dernier avait commencé à envahir les territoires ayant appartenu par le passé aux romuliens. L’inquiétude de Maraed concernait surtout la durée de l’appui que la Fédération leur apporterait. Sa seule certitude résidait dans le fait que la Fédération ne pouvait pas se permettre de laisser le Nouvel Empire romulien s’étendre.
- Enchanté de vous rencontrer, Capitaine, salua le Sénateur.
- Et nous de même, répondit Arhlys. Je vous présente Seena Lax, mon officier scientifique.
- Mes hommages, Officier. La personne se tenant à mes côtés se nomme Seya. C’est mon assistante.
Arhlys et Seena Lax saluèrent la jeune romulienne qui s’inclina sans un mot. Le Sénateur Maraed précisa qu’elle était muette suite à un accident. Il conduisit ensuite le petit groupe vers le Sénacle, le lieu où était concentré le pouvoir politique de Cynaed VII. Cette planète-état était dirigée par une poignée de sénateurs. Il y en avait autant que de provinces et ils étaient élus par ces dernières. Le sénat ainsi formé arrêtait les décisions qui affecteraient la vie de la communauté. Pour les affaires importantes, comme celle que traitait Maraed, le Sénat nommait un représentant. Cette personne prenait le titre de Sénateur durant toute l’affaire. Elle pouvait être issue de n’importe quelle couche de la société de Cynaed, tant est qu’elle disposât des compétences nécessaires à l’accomplissement de son unique mission. Cela permettait de mener à bien les affaires dont était investie cette Assemblée.
- Je suis impressionnée par votre cité, lança Seena Lax.
- Merci. Croyez-moi, cela ne fut pas évident au départ. Mais avec de la bonne volonté et un brin d’ingéniosité, toute entreprise commune aboutit à de grandes œuvres, expliqua Maraed. Contrairement à d’autres colonies romuliennes indépendantistes, nous avons bénéficié de ressources exceptionnelles.
- Pourquoi ne pas les avoir partagées avec les autres ? Demanda Arhlys.
- A l’époque, nous étions perdus, isolés. Il faut comprendre qu’Hobus a provoqué un chaos dans notre société. Une longue nuit s’est abattue sur notre Empire. Pouvions-nous, à ce moment-là, dilapider nos ressources ? Nos dirigeants en ont décidé autrement. Il fallait rebâtir ce qui avait été perdu. Malheureusement, j’aimerais pouvoir revenir en arrière, mais cela est impossible. Alors, allons de l’avant.
Maraed arrêta le groupe devant une porte. Il se tourna vers Arhlys et l’informa qu’ils étaient arrivés.
- Que faites-vous, Docteur ?
Larenia, n’ayant pas remarqué l’arrivée d’Erun, sursauta. Elle venait de faire un bon en arrière en lâchant son appareil. Elle crut qu’elle allait défaillir. Elle posa une main au niveau de son cœur. Erun s’approcha en ramassant le tricordeur. Il le lui rendit en souriant.
- Est-ce que je ne vous ai pas fait trop peur, Docteur ?
- J’ai failli y passer. Répondit-elle en mesurant son pouls.
- Que faites-vous ?
- Je m’occupe un peu. L’infirmerie est calme, aujourd’****.
- En analysant des marchandises ?
Larenia haussa les épaules. Elle était encore vexée par la décision du Capitaine. Cette dernière avait préféré Seena Lax à elle. Elle aurait tant voulu découvrir Cyaned VII, sa faune et sa flore, ainsi que les romuliens y vivant. Elle ne les connaissait qu’au travers des rapports de mission. Elle reprit son tricordeur en remerciant le bajoran d’un signe de tête.
- Je sais qu’ils ont été contrôlés avant embarquement, mais il fallait que je m’occupe.
- Vous êtes contrariée que le Capitaine n’ait pas voulu vous emmener avec elle ? Taquina Erun.
- Pas du tout, répondit Larenia en baissant la tête.
Le tricordeur sonna en enregistrant une nouvelle donnée. Larenia examina l’écran avant de relever la tête. Elle fixa Erun en lui tendant son appareil. Il lut l’analyse et activa aussitôt son combadge.
- Quartz, est-ce que vous pouvez nous rejoindre tout de suite ?
Les rémiens avaient été, durant des décennies, les esclaves du peuple romulien. Ils étaient affectés aux travaux pénibles sur Remus. Une planète située dans l’ombre de Romulus. Cette situation changea lorsque l’un d’entre eux brisa les chaînes de leur condition en menant un coup d’état. La Fédération eut alors connaissance de l’existence de ce peuple opprimé. Malheureusement, cette prise de pouvoir servait de plus noirs desseins, ceux du mystérieux Shinzon. Ce dernier n’était pas un rémien de naissance, mais un humain cloné à partir de l’ADN du Capitaine Jean Luc Picard. Il devait servir à d’obscurs projets qui ayant été annulés à l’époque. Son action leur avait permis d’exister et aujourd’****, les rémiens représentaient le revers de l’Empire romulien. Actuellement, Starfleet, comme la Fédération, ignorait tout encore de leurs origines. Certains racontaient qu’ils avaient été découverts par les romuliens à leur arrivée sur Romulus, avant leur exil sur Remus ; d’autres qu’il s’agissait des romuliens qui sétaient adaptés aux conditions de vie sur Remus.
Quant à la Sénatrice Nerchal, elle représentait bien sa colonie. Elle était issue d’un métissage entre les deux peuples. Elle ne s’en cachait pas. D’ailleurs, cela se lisait sur les traits de son visage. Sa colonie venait de sortir d’une effroyable guerre civile, notamment grâce à l’intervention du sénateur Maraed. La fin du conflit avait levé le voile sur une nouvelle menace. Elle se nommait Famine et arriverait prochainement sur Venae V. Son gouvernement avait demandé de l’aide aux systèmes voisins. Seuls Maraed et le nouvel Empire romulien avaient répondu à leur appel. Voulant conserver son indépendance, Venae V avait refusé l’assistance de l’Impératrice Sela et ses conditions. Malheureusement, Maraed ne disposait pas des ressources nécessaires. C’était ainsi qu’il en était venu à adresser sa requête à la Fédération.
Du fait que Maraed avait permis à Venae V de retrouver la paix, la colonie avait accepté sa solution afin de régler ce problème au plus vite. Le Sénateur savait que le gouvernement de Venae V était encore fragile. Celui-ci s’en retrouverait consolidé s’il évitait une nouvelle crise. Contrairement à Maraed, le peuple de Venae V était encore très méfiant vis à vis de la Fédération. Il fallait donc éviter une intervention directe de celle-ci. Leur aide pourrait être mal comprise et fragiliser les pouvoirs nouvellement constitués. C’était là que se plaçait Maraed. En se positionnant comme médiateur, il consolidait l’action de Venae V afin d’endiguer la famine à venir.
La réunion s’éternisait. La Sénatrice Nerchal revenait sur tous les points de l’organisation et la sécurisation du transport des marchandises. Elle voulait écarter tout risque majeur. Arhlys comprenait, mais cet excès de prudence pouvait leur porter préjudice et ralentir grandement la procédure d’aide. De plus, la situation commençait à empirer sur Venae V. L’assemblée apprit, vers la fin de la journée, que les greniers de la colonie venaient de subir un acte de terrorisme. Cela inquiéta Arhlys et Seena Lax. Cet incident leur laissait penser qu’une faction non identifiée était intervenue. Cela pouvait être la source d’une autre menace.
Au moment où la réunion se clôturait pour la journée, Erun contacta Arhlys et Seena Lax. Elles apprirent, que grâce à Larenia, ils venaient d’éviter une tragédie. Les denrées à destination de Venae V étaient contaminées. Elles avaient été empoisonnées par une toxine inconnue. Larenia travaillait actuellement dessus. Erun remercia Arhlys de l’avoir laissée à bord du navire. Par mesure de sécurité, T’Lan et Liim vérifiaient les équipements industriels. Il les informa aussi que Quartz cherchait le ou les « rats, » comme il les nommait si bien, à bord du Gienah. Etant donné que les rations avaient été contrôlées juste après leur départ de la base stellaire, l’empoisonnement devait s’être produit entre ce moment-là et leur arrivée sur Cynaed. Arhlys demanda à Erun de la tenir informée de l’avancée de leur chasse. Elle se tourna vers l’assemblée.
- Je crois que nous n’avons pas affaire à une simple coïncidence, dit Arhlys.
- Qu’insinuez-vous, Starfleet ? Cracha la Sénatrice Nerchal. Que nous avons panifié cette opération afin de vous perdre ?
- Je disais simplement que je suppose que ces incidents doivent être tous liés. Quand à leur auteur, il est de notre devoir de le démasquer.
- Peut-être est-ce la Fédération qui est derrière tout ça ?
- Nous n’avons aucune preuve pour que vous évoquiez de telles suspicions.
- J’en aurais. Lâcha la métisse avant de quitter la salle.
- Je suis vraiment désolé, Capitaine, s’excusa Maraed.
- Ce n’est rien. Il faut la comprendre. Son peuple attend beaucoup d’elle.
- Cela ne sert à rien de débattre pour ce soir. Nous devons nous accorder une pause avant de reprendre.
- Vous avez raison.
- Resterez-vous avec nous ce soir ?
Arhlys croisa, durant un bref instant, le regard de son officier. Celle-ci lui sourit en haussant les épaules.
- Pourquoi pas, répondit Arhlys. Cela lui permettrait peut-être d’en découvrir plus sur cette affaire, se dit-elle.
- Alors ? Demanda-t-il d’un ton monocorde.
- Vous voulez tous ma mort à bord de ce navire !
- Loin de moi cette idée. D’ailleurs, il existe de multiples manières pour le faire sans laisser de traces. Contrairement à une crise cardiaque de ce type.
- Très drôle, lança Larenia en se reprenant.
- Qu’avez-vous découvert ?
- Etant donné que la molécule de la toxine a fusionné avec celle des diverses denrées, j’ai été contrainte d’aller récupérer des échantillons sains dans notre laboratoire.
- Et ?
- C’est en cours de traitement, répondit Larenia en se levant.
Le médecin traversa l’infirmerie pour se rendre à son bureau. Quartz jeta un œil dans le microscope. La trill s’arrêta et se retourna :
- C’est par ici, officier. Là, vous ne faites qu’observer une nouvelle bactérie, plaisanta-t-elle.
- Croyez-vous que cela soit très prudent de laisser une bactérie sans surveillance ?
- Ne vous en inquiétez pas. Venez donc plutôt par ici. Ce n’est pas une simple bactérie qui mettra en péril tout le navire ?
- Vous avez la mémoire courte pour un médecin…
- Venez enfin, appela Larenia en faisant la moue à l’intention de l’officier. Cela le surprit. Il lui sourit avant d’accéder à sa requête.
T’Lan surgit lentement derrière l’une des colonnes de conteneurs. Elle referma son tricordeur en approchant de Liim.
- En êtes-vous bien sûr ? Demanda T’Lan.
- Je suis catégorique sur le sujet.
- Je ne vous ai toujours pas révélé le résultat de mes contrôles !
- Si vous aviez découvert quelque chose, j’en aurais été informé aussitôt.
- Cela va de soi.
Liim rangea son tricordeur. Il soupira un instant.
- Je me demandais une chose ? Lança le bolien.
- Posez votre question, répondit la vulcaine.
- Pourquoi convoyer des denrées périssables alors qu’on pourrait simplement leur fournir des synthétiseurs ?
- La Fédération a été très explicite sur le sujet. Peut-être n’avez-vu pas lu le dossier ?
- Mea culpa. Dit-il en filant vers la sortie de l’entrepôt accompagné de T’Lan.
- Tout simplement car le destinataire ne souhaitait pas en recevoir.
- C’est tout ?
- Oui.
- C’est quand même très étrange pour un peuple aussi avancé.
- A plus tard, Monsieur Liim, informa T’Lan en lui tendant son tricordeur, avant de prendre la direction opposée dans le corridor.
- Merci pour le coup de main.
Liim fit un tour sur lui-même. Il ouvrit le tricordeur de la vulcaine pour vérifier les données. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à faire son rapport auprès d’Erun.
- Est-ce une tenue à porter en présence de son Capitaine ?
- J’avais besoin de me détendre, répondit-elle en souriant. Saviez-vous qu’il y avait un jacuzzi à la terrasse supérieure ?
- Pas du tout. Ne risquez-vous pas d’attraper froid dans cette tenue ?
- Cela sera prétexte pour faire venir Larenia afin qu’elle puisse me soigner.
- Je vous ferais plutôt téléporter à l’infirmerie.
Seena Lax adressa une légère grimace au Capitaine. La trill se rappela qu’on leur avait signalé la fraîcheur des nuits sur Cyanaed VII. Finalement, cela n’était pas dénué de sens, se dit Seena Lax. Elle quitta temporairement Arhlys afin de revêtir un vêtement plus chaud. Arhlys sortit de sa veste d’uniforme un petit carnet en cuir. Une plume noire en dépassait légèrement. Elle lui servait à la fois de marque-page et de plume. Arhlys l’ouvrit et consigna les derniers événements de la journée, ainsi que ses impressions. Chaque fois qu’elle rédigeait quelques mots dans ce carnet, elle avait le sentiment de les partager avec ses parents. En ces rares instants, elle avait la sensation qu’on lui soufflait à l’oreille quelques paroles d’encouragement ou de bons conseils. Cela la réconfortait et lui donnait de la force. Son père avait raison. Ils l’accompagnaient toujours là où elle allait. Seena Lax revint vêtue de son uniforme, la veste entre-ouverte. Arhlys ne préféra pas relever ce détail. Après tout, la journée avait été éprouvante tant pour la scientifique que pour elle-même. La trill alla prendre deux bières romuliennes au synthétiseur avant de venir retrouver Arhlys. Elle rangea le manuscrit et la plume, pendant que la scientifique s’installait. Seena Lax lui tendit l’une des bières. Arhlys accepta et troqua sa tasse de raktagino vide pour le breuvage romulien.
- Très bonne idée, lança-t-elle en prenant la boisson. Mais croyez-vous que cela soit raisonnable ?
- Je ne crois pas. Surtout après le dîner auquel nous avons eu droit, répondit Seena Lax en riant. Elle fit tourner la bière dans le verre, un court instant. C’est magnifique comme panorama, vous ne trouvez pas ? En tournant la tête vers son Capitaine.
- En effet.
- Laquelle de ces étoiles est le Gienah ? Demanda la scientifique, tout en contemplant la voûte céleste.
- Pourquoi ?
- J’aime savoir d’où m’observe mon Chaperon, dit Seena Lax en lâchant un rire étouffé.
- Bel Oiseau, daigneriez-vous m’accompagner sous ces cieux étoilés ? Demanda une voix masculine.
Seena Lax et Arhlys se regardèrent un instant avant de scruter du regard le parc s’étendant aux pieds de la terrasse. Maraed s’y tenait, souriant. Il réitéra son invitation à l’attention du Capitaine. Arhlys ne savait que répondre. Elle se tourna vers Seena Lax pour lui demander conseil. Elle hocha les épaules en lui adressant un regard complice.
- Cela fait partie de vos Devoirs, Capitaine. Vous ne pouvez pas y échapper.
- Un navire ferengi vient d’arriver, annonça T’Lan.
- Les ferengis ? Que viennent-ils faire ? Commença Quartz. L’appât du gain, pour sûre.
- En croisant la conjoncture actuelle, il n’est pas étonnant de les voir apparaître maintenant.
- Belle conclusion. Je vais en informer de suite le Capitaine et Erun. Veillez à ce qu’ils nous déclarent leur intention.
- A vos ordres, conclut T’Lan.
- Peut-être est-ce dû à l’absence de ver dans son abdomen ? Murmura Liim.
En attendant que les herbes infusent, il s’était attelé à une inspection dans les tubes jefferies du navire, au niveau du pont des salles de stockage. Ces conduits sillonnaient l’intégralité du vaisseau. Ils permettaient d’accéder facilement à tous les systèmes du navire. Il avait entendu, au mess, que le personnel de la sécurité cherchait « un rat. » Liim détestait les rongeurs. Tels des virus intestinaux, ils étaient capables de provoquer de lourds dommages à un navire. De son point de vue, ils étaient plus dangereux que le collectif borg.
Il déverrouilla un panneau, révélant les systèmes alimentant et gérant les téléporteurs du pont. N’étant actuellement pas utilisés, Liim s’attela à sa tâche. Elle consistait en une rapide inspection des systèmes. Il voulait être sûr qu’ils n’avaient pas été corrompus. Etant donné qu’il y avait un passager clandestin, ce dernier pouvait avoir modifié les protocoles des programmes. Une altération des programmes lui permettrait de quitter le vaisseau sans que l’ordinateur de bord ne le détecte. En vérifiant les différents systèmes, il découvrit une soudaine montée d’énergie. Quelqu’un utilisait l’un des téléporteurs sans autorisation.
L’ingénieur déclencha son combadge pour appeler Erun. Ce dernier lui confirma qu’aucune permission ou consigne de descendre à la surface de la planète n’avait été donnée.
- Cette sculpture est remarquable. Elle me fait penser à ce fameux projet qu’entretenait l’Ambassadeur Spock, annonça Maraed.
- C'est-à-dire, demanda Arhlys perplexe.
- L’unification. Trop longtemps, nous sommes restés…
Arhlys remarqua une ondée azurée se refléter dans l’eau du bassin. Instinctivement, elle se retourna. Une ombre arriva rapidement dans leur direction…
Relectrice : Isania
- C'est-à-dire, demanda Arhlys perplexe.
- L’unification. Trop longtemps, nous sommes restés…
Arhlys remarqua une ondée azurée se refléter dans l’eau du bassin. Instinctivement, elle se retourna. Une ombre arriva rapidement dans leur direction. D’un geste vif, elle écarta le Sénateur pour se positionner entre lui et l’inconnu. Celui-ci tendit le bras, projetant une pointe en direction du Capitaine. Arhlys esquiva de justesse le tir. Trop sûr de son coup, l’assassin se retrouva à la merci de l’officier. Celle-ci lui attrapa le bras pour lui porter un coup au niveau du visage. Il pivota au dernier moment afin d’éviter le coup de paume du Capitaine et se dégagea brusquement. Arhlys perdit l’équilibre. Son adversaire profita de l’opportunité pour tenter de l’assommer. Il joignit ses deux mains pour les faire retomber, avec force, sur les épaules de l’Officier. Elle tomba à genoux. L’inconnu la redressa pour presser contre sa veste son pistolet. Il tira sur Arhlys en la repoussant et se tourna vers le Sénateur. Ce dernier avait observé la scène sans bouger.
- Qui êtes-vous ? Demanda-t-il.
- La Section 31 vous rend ses hommages, cher Seihu.
- La Section 31 ? Répéta Maraed perplexe.
Une main se posa sur l’épaule de l’assassin.
- Vous disiez ? Dit une voix derrière l’inconnu.
Celui-ci se retourna en tentant de se dégager. Mais Arhlys avait anticipé son action. Elle lui plia le bras pour le bloquer dans le dos. L’inconnu émit un cri de douleur. Le Capitaine le força à poser genoux à terre. Elle poursuivit son action en callant sa jambe dans le dos de son adversaire. Une partie de son visage étant masqué, Arhlys voulait le confondre. Elle fixa Maraed. Il avait eu peur. L’Officier le lisait dans son regard.
- Qu’est-ce que la Section 31 ? Murmura Maraed.
- Nous sommes de Starfleet, répondit l’inconnu.
- C’est faux. Vous ne faites pas partie de notre organisation. Lança Arhlys.
Elle appuya sur le dos de l’inconnu. Ce dernier lâcha à nouveau un cri de douleur.
- Officiellement, ajouta-t-il.
Le regard de Maraed croisa celui d’Arhlys. Il voulait une réponse à son incompréhension. Qu’avait à gagner Starfleet en le tuant ? Le Capitaine eut soudain la sensation d’une piqure dans le dos. Elle commença à pivoter quand elle ressentit un début de vertige. Juste avant de s’écrouler, elle murmura quelque chose en tapotant son combadge.
- Elle nous revient, déclara Larenia en souriant.
- Et le Sénateur ? Demanda Quartz.
- Il est stable, répondit Seena Lax en rangeant le tricordeur médical.
- Ce qui ne sera pas le cas de votre situation, coupa une voix un peu lointaine et sèche.
L’assistance se tourna vers le groupe venant d’apparaître sur les lieux. Arhlys en profita pour se redresser. Elle n’avait pas les idées très claires. Tout lui paraissait s’écouler lentement. Larenia, découvrant que son Capitaine s’était levé, vint la rattraper. En effet, à une seconde près, Arhlys allait retomber. Quartz se posta entre les arrivants et ses collègues.
- Identifiez-vous, je vous prie, lâcha l’Officier de sécurité sur un ton ferme.
- Ce serait plutôt à vous, Officiers, cracha l’un des romuliens.
Celui qui venait de prendre la parole se tenait au centre d’une escorte. A son uniforme, Quartz devina que c’était son équivalent pour ce secteur. Il était tout à fait normal de le retrouver ici.
Dans les faits, les romuliens devaient avoir détecté deux téléportations non autorisées. Les conséquences de la première avaient été l’agression. La seconde, leur présence sur les lieux. Lorsque Liim avait signalé une téléportation non autorisée, Erun avait tenté d’alerter, sans succès, le Capitaine. Il s’était retranché sur Seena Lax. Ce fut à ce moment, que T’Lan constata qu’il leur était impossible de connaître la position de leur Capitaine. De plus, le site de téléportation non autorisée avait été supprimé de leur base de données. Par recoupement, il était logique de penser que la cible pouvait être soit Arhlys, soit Maraed, voire les deux. Seena Lax leur avait divulgué la présence du Sénateur aux côtés de leur Capitaine.
Maintenant qu’ils étaient ici, ils risquaient l’incident diplomatique. Deux des gardes, sur ordre de leur supérieur, obligèrent Seena Lax à s’éloigner du corps inanimé du Sénateur. Ces jours n’étaient pas en danger si Larenia ou un médecin compétent intervenait. Toutefois, l’inconnu se trouvait dans la capacité médicale de ces romuliens. Cette pensée frustrait Quartz. Comme leur situation actuelle d’ailleurs. Il n’était pas doué pour la diplomatie. Il se tourna légèrement vers Larenia. Celle-ci lui indiqua d’un signe de tête que le Capitaine n’était pas encore en mesure d’intervenir. Deux options s’offraient alors. Revenir à bord du Gienah ou se rendre pour prouver leur bonne foi. Il opta pour la seconde en prévenant Erun. Aussitôt, les romuliens braquèrent leurs armes dans leur direction.
- Capitaine Beth Corvi, vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre du Seihu Maraed, condamna le romulien.
-STAR TREK-
MARE
TENEBROSUM
L’Espace, ultime océan de ténèbres. Occultant une multitude de civilisations, de cultures exotiques, d’espèces, de dangers insoupçonnés. Notre quête… Repousser la frontière de l’inconnu.
Ex Astris, Scientia.
Pax Romana
- Part II -
******
Cela faisait un moment déjà qu’il avait ouvert les communications en direction du navire arrivant. C’était un vaisseau ferengi de classe D’Kora. Aucune réponse. Peut-être que leurs systèmes de communications étaient en panne. Leur coque était constellée d’impacts d’armes de type disrupteur. Mais ce que se demandait le Numéro Un du Gienah était ce qui pouvait bien amener les ferengis dans ce coin de la galaxie. Même s’il avait quelque doute, les coïncidences n’existaient pas avec eux. Malgré tout, il ne devait pas se laisser polluer par des préjugés. Après tout, il était un officier de Starfleet. Il pensa aux cardassiens. Autrefois, ils étaient les croque-mitaines des bajorans. Depuis la fin de la guerre contre le Dominion, ils avaient prouvé leur profond désir de réformer leur société. Erun tourna la tête en direction de T’Lan, avant de revenir face à l’écran.
- Commandant Erun de l’USS Gienah de la Fédération Unie des Planètes, je vous prie de vous identifier, lança Erun.
Contrairement aux autres tentatives, un ferengi apparut cette fois-ci à l’écran. Il pivota la tête légèrement avant de se gratter l’oreille. Erun le dévisagea.
- Rag, Capitaine du Lavna. Nous avons eu… commença-t-il avant de s’arrêter.
Il semblait écouter une personne derrière lui. Erun se tourna de nouveau vers T’Lan. Celle-ci effectuait des opérations sur sa console. Le Numéro Un revint sur l’écran au moment où le ferengi allait reprendre.
- Avez-vous besoin d’assistance ? Demanda Erun.
- Pour d’honnêtes… commerçants comme nous… je vous en… remercie, Capitaine. Rag terminé.
La communication fut coupée brutalement. Erun s’approcha de T’Lan. Contrairement à la vulcaine, son visage affichait une certaine inquiétude. T’Lan l’informa que les senseurs du Gienah relevaient le début d’une fuite de la nacelle tribord du vaisseau ferengi. Erun dévisagea l’officier. Son absence d’émotion visible le fit se sentir seul sur la passerelle. La présence des ferengis ne pouvait pas être due à une simple coïncidence. Cette sensation avait du mal à le quitter. Bien que leur gouvernement se soit tourné vers une politique commerciale moins agressive et axée sur le profit, Erun savait qu’il fallait plus d’une décennie pour changer les mentalités de toute une espèce. A l’Académie, il avait appris qu’il s’était écoulé presque un demi-siècle avant que les humains ne soient moins matérialistes.
Puissent les Prophètes lui offrirent de bonnes nouvelles pour la suite.
- Larenia… Vous avez raté votre entrée, lança la prisonnière en soupirant.
- Capitaine, je vous avais bien dit que cela vous porterait malheur de ne pas m’emmener.
- J’espérais pour vous que vous n’aviez rien à voir dans tout ça, bluffa Arhlys.
- Vous ne croyez tout de même pas…
- Larenia, coupa Arhlys, je plaisantais.
- Je préfère, dit-elle en posant une main sur le cœur.
Arhlys se leva pour s’approcher du médecin. Elle avait remarqué que Larenia était venue avec son matériel. Cela était étonnant, de son point de vue. Aucune difficulté vis-à-vis de son Officier pour entrer ici, nota le Capitaine. Tout cela était très étrange. Comme le fait que les agents de sécurité l’avaient à peine fouillée avant de l’enfermer. C’était à croire qu’on aurait voulu qu’elle s’échappe. Peut-être était-ce le cas. Larenia déplia son tricordeur médical. Elle voulait s’assurer que son Capitaine n’avait pas subi de mauvais traitements.
- Contrairement au haut de votre uniforme, vous allez bien, constata Larenia.
- Vous avez l’œil, lança Arhlys.
Elle avait oublié ce détail.
- Des nouvelles du Sénateur ?
- Son état se dégrade lentement, d’après ce que j’ai compris, souffla le médecin. Les romuliens ne souhaitent pas que je les assiste.
- Je vois, répondit Arhlys songeuse.
- A moins que je ne dispose d’une piste sur la substance l’ayant contaminé. Cela me permettrait d’avoir un levier pour tenter de sauver le Sénateur.
Depuis un moment déjà, le Capitaine avait remarqué l’insistance de son médecin à l’observer. Comme une bête étrange dans un zoo. Cela commençait à l’indisposer, quand elle réalisa que c’était la perforation de la veste de son uniforme qui l’intéressait. Un silence se posa sur la scène, entrecoupé par les tintements du tricordeur.
- Très intéressant, pensa Larenia à voix haute.
- Pourriez-vous préciser votre pensée ?
- Il semblerait que vous avez un échantillon du poison…
- Un échantillon du poison ? Répéta Arhlys perplexe.
Larenia montra du doigt la perforation dans la veste de son Capitaine. Arhlys fixa le trou et réalisa la découverte de son médecin. Elle tira de son uniforme une boîte en fer. Le coffrage était troué. Malgré la faible luminosité de la pièce, Larenia et Arhlys distinguaient les taches séchées d’un produit autour de l’ouverture. Elles tenaient peut-être le moyen de sauver la vie du Sénateur.
- Pensez-vous que cela sera suffisant ? Demanda Arhlys songeuse.
- Je ne sais pas, mais cela vaut le coup d’essayer.
Ce fut à cet instant que les portes coulissèrent. Elles dévoilèrent la présence de l’Officier de la sécurité, accompagné d’un inconnu. A son style vestimentaire, Arhlys en conclut qu’il devait faire partie de la sphère politique de Cynaed VII. Le visage du politicien était particulier. Arhlys ne savait pas si elle avait affaire à un homme ou à une femme. L’absence de lumière ne permettant pas de le savoir.
- Jolan tru, Capitaine Beth Corvi, dit le diplomate en approchant. Je suppose que c’est votre médecin traitant.
- Enchantée et en effet, c’est mon médecin, confirma Arhlys. A qui avons-nous affaire ?
- Oh, je vous prie de m’excuser. Sénateur C’Teek.
- En quoi puis-je vous être utile, Sénateur ?
- Je vous dois des excuses, Capitaine… au nom du gouvernement de Cynaed VII.
Arhlys rangea le coffret dans sa veste. Elle était aussi surprise que Larenia. Les préjugés avaient la vie dure, pensa l’Officier de Starfleet. Elle se rapprocha du binôme, intriguée.
- Des excuses ?
- Oui. Notre officier de la sécurité vous a emprisonnée, sans que l’on ait entendu votre plaidoyer. Nous devons vous laisser le bénéfice du doute, jusqu’à la fin de nos investigations.
- Je suis d’accord. Mais, j’aimerais connaître l’état du Sénateur Maraed.
- Il se dégrade au fil du temps. J’ai bien peur qu’en l’absence d’un échantillon du poison, nous ne puissions le sauver.
- Est-ce que mon médecin pourrait assister votre service médical ? Ses compétences ne seraient pas de trop.
Le Sénateur réfléchit un instant. Finalement, il accepta la proposition du Capitaine de Starfleet.
- Excusez-moi, Capitaine, commença Seena Lax en tendant le padd, je lisais le dernier rapport d’Erun.
- Faites-moi un condensé, s’il vous plait ? Demanda Arhlys en prenant la tablette.
- Les ferengis sont là. Leur navire a subi de lourds dommages structurels. Par contre, la coïncidence a voulu que leurs soutes soient pleines d’engrais… dont ceux que nous avons perdus.
Arhlys allait faire une supposition quand Quartz entra. Le Capitaine se leva et alla à la rencontre de l’Officier.
- Capitaine, les négociations vont reprendre. Je serais votre escorte, dit-il.
- Crois-tu que notre Capitaine ait besoin d’une protection ? Lança une Seena Lax taquine.
- Dans les circonstances actuelles, j’estime que les mesures de sécurité sont insuffisantes.
- Ne vous inquiétez pas pour moi, Lieutenant.
- Comment comptez-vous rester dans la course ? Demanda la trill intriguée.
Seena Lax eut pour seule réponse un Capitaine quittant la pièce. Juste avant de disparaître, celle-ci lança le padd dans un fauteuil à proximité. Quartz la suivit en faisant un clin d’œil à la scientifique.
Lorsque Larenia pénétra dans la chambre de Maraed, elle déglutit. La pièce était noyée dans la pénombre. Le lit du Sénateur s’élevant tel un fanal tentant de chasser l’obscurité. Le médecin avait l’impression que tout espoir avait quitté les lieux. Pourtant, il lui avait semblé qu’on continuait à s’occuper de lui. Elle ne pouvait avoir mal entendu. Elle déplia son tricordeur pour sonder son système auditif. Elle ne trouva rien d’anormal. Elle poursuivit son analyse avec ses ondes cérébrales. Une moue s’échappa de son visage interrogateur quand elle remarqua une silhouette. Celle-ci était longue et squelettique. Elle approchait de son futur patient. Aussitôt, la mémoire de la trill se mit en branle. Il ne pouvait s’agir que de ces créatures hantant la nuit, à la recherche du liquide impie. Celui symbolisant la vie pour eux : le sang. Peut-être allait-elle être la prochaine ? Peut-être allait-elle devenir l’une des leurs ? De multiples questions noyèrent ses pensées. Heureusement, son combadge s’activa, la ramenant ainsi à la réalité. C’était Quartz qui la contactait. Il lui demandait si tout se passait bien. Elle ne sut que répondre. Son regard s’était complètement ancré sur la créature à la peau violacée. Maintenant elle se penchait sur le corps immobile du Sénateur. Un frisson traversa Larenia. Son cœur lui donnait l’impression qu’il allait exploser dans sa poitrine.
Combien de temps s’écoula avant que Quartz et Seena Lax arrivent à son secours. Elle n’aurait su le dire. Mais la honte empourpra ses joues lorsque toute la lumière fut faite sur la créature. Elle devait passer trop de temps à lire. La créature n’existait pas. La venue de ses compagnons la muta en un médecin rémien. La confusion se lut sur son visage durant un long moment encore. Heureusement pour elle, il n’y eut aucun incident diplomatique. Cette situation avait autant amusé le docteur que ses collègues. Larenia se demanda comment le Capitaine allait réagir en l’apprenant. Après cet interlude, le rémien lui fit un rapide résumé de la situation en lui présentant ses découvertes. Le scientifique de la vie avait bien avancé. Mais comme elle avec le grain, il lui avait manqué un élément essentiel. L’agent contaminant n’avait jamais été répertorié. Donc inconnu des bases de données du Musketeer ainsi que de celles de cette colonie. Heureusement, grâce au Capitaine, Larenia disposait d’un atout de poids. Elle le révéla à son confrère. Celui-ci ne put tant réprimer sa joie qu’il prit l’Officier dans ses bras. Ensemble, ils commencèrent à travailler sur un remède. Afin de favoriser leurs recherches, ils furent assistés par Seena Lax et Quartz. L’avenir d’un Sénateur reposait entre les mains de ces deux Officiers. Régulièrement, ils surveillaient l’état de leur patient et lui injectaient son traitement, en suivant le protocole établi par le médecin rémien. Larenia décrocha de son écran pour observer ses deux collègues. Des parents au chevet de leur enfant. Si ce n’était pas le cas, ils en donnaient l’impression.
- Qu’en pensez-vous ? Dit le rémien à Larenia en lui présentant ses résultats.
- Vos conclusions sont effrayantes, n’est-ce pas ? Lança la trill en découvrant les données.
- Il nous faudrait plus de produit originel. Celui de votre Capitaine était malheureusement trop contaminé.
- Et je suis la première à le regretter.
- Malgré tout, nous devons poursuivre.
Cela fit sourire Larenia. Ce médecin avait de la persévérance. Contrairement à ses collègues, il n’avait pas abandonné le Sénateur à son mal. Malgré une apparence effrayante au premier abord, il cachait un cœur d’or. Peut-être que si le temps le lui permettrait, elle pourrait… Un cri résonna dans la salle. Sans réfléchir, les deux médecins se précipitèrent vers le lit de Maraed. Aussitôt, Seena Lax et Quartz s’écartèrent. Le duo médical dansa autour du patient tandis le corps se vrillait et se contorsionnait. Chacun d’eux récitait une litanie que Quartz ne comprenait pas. Il espérait que sa collègue pourrait lui traduire, car il regrettait que son combadge ne puisse le faire. Les visages étaient crispés et braqués sur le pantin se désarticulant. Quartz ne savait pas si tout ceci démontrait une issue favorable ou non. Il s’éloigna quand son combadge s’activa.
Il ôta le relais. Ce dernier n’était pas le bon modèle. Allez savoir ce qui s’était passé entre les lobes de l’ingénieur. Ce module était incompatible avec leurs systèmes. Très vite, le fautif lui révéla la présence de l’adaptateur. Il avait fondu, provoquant une rupture dans le flux du navire. A ce rythme, il en aurait pour une bonne vingtaine d’années, alors qu’à la base, il était venu pour une réparation de routine. Juste de quoi leur permettre de pouvoir se rendre sur une station spatiale. Là-bas, ils pourraient trouver un équipement plus approprié pour leur réparation. Finalement, il se demanda si cela n’était pas mieux pour le navire s’il partait pour un repos. Les seules parties qui étaient correctement entretenues se trouvaient être les soutes et les quartiers du Capitaine. Une honte. Ses réflexions stoppèrent quand son combadge sonna.
- Liim, se présenta-t-il.
- C’est Erun, où en êtes-vous ?
- Toujours dans les boyaux du navire ferengi.
- En avez-vous pour longtemps ?
Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour revenir à bord du Musketeer. Au moins, lui, était bien entretenu par son ingénieur en chef. Normalement, à l’heure qu’il était, cela aurait dû être le cas. Mais le Numéro Un avait voulu qu’il retarde son retour. Le Capitaine avait un plan. De ce qu’il savait, les ferengis disposaient de grains. Exactement le même que celui qu’ils avaient. La suite était simple à deviner. Leur chère Capitaine avait estimé que seul l’ingénieur en chef était à même de se salir les mains pour cette mission. D’une certaine manière, cela en était réconfortant. Pas de phaseurs sur la tempe, juste de la crasse. Un liquide noirâtre et visqueux lui tomba dessus. Il se retint de crier. Tout en conservant une prestance professionnelle, il se tourna vers celui qui l’accompagnait. Celui-ci n’eut pour réponse qu’un simple haussement des épaules.
- Nous en avons encore pour un petit moment. Ce navire est une caverne aux trésors.
- Très bien. Musketeer terminé.
Liim lâcha un soupir. Ce n’était pas encore pour tout de suite, pensa-t-il en fixant le pseudo ingénieur.
Elle n’était pas née pour devenir une diplomate. Elle se voyait plus comme une combattante. Le doute l’envahissait peu à peu. Il l’engourdissait. Elle devait le combattre. Elle le savait mais elle n’en faisait rien. Elle n’avait rien obtenu lors de la première confrontation. Comme le répétait souvent le Professeur Mura, un diplomate enseignant à Starfleet Academy, l’émotion assiégeant son esprit était un cruel ennemi. Toujours tapi dans les plus sombres recoins de notre pensée, il venait flétrir le plus remarquable des esprits. Arhlys se tenait face aux doubles portes du Sénacle. Les mots de Mura lui revinrent. Ce n’était pas le combat qui effrayait le Capitaine du Musketeer, juste l’arme dont elle devait se servir. Le Verbe. Pourtant, c’était le plus beau et le plus dévastateur des outils de guerre. De son tranchant, il pouvait désamorcer les conflits naissants. Et de sa pointe, percer l’âme de ses adversaires. Arhlys ne pouvait rester plantée là. Elle était un Officier de Starfleet, après tout. Si elle se résignait à son sort, jamais plus elle ne pourrait continuer à porter l’uniforme. Elle posa une main sur la porte. Elle la poussa, comme pour écarter le doute. Confiante par le souvenir des enseignements de Mura, elle entra à grand pas dans la salle.
Plus bas, un binôme de ferengis discutait avec la représentante de Venae V et son assistance. Il devait probablement être en train de négocier. Le Capitaine de Starfleet se rendit compte qu’elle ne croyait pas en la providence. Par d’étranges circonstances, un groupe de ferengis arrivait sur Cynaed VII avec le même type de grains qu’eux. Une denrée qui avait été contaminée. Loin d’Arhlys d’accuser ces marchands d’être responsables de cet acte. Cela semblait trop évident. Il fallait ajouter que cela irait à son encontre, la Sénatrice Nerchal pouvant y voir une forme de préjugé de la part du représentant de Starfleet. Arhlys n’aimait pas ça. Par contre, elle voyait mal les ferengis tenter d’assassiner le Sénateur Maraed. Sinon, cela aurait été très troublant s’ils avaient disposé d’un vaccin contre le mal rongeant le politicien romulien. Arhlys descendit vers eux, lentement. C’était une manière de leur communiquer sa confiance et sa détermination. Le Capitaine ferengi devait probablement tenter de lister ses options. Son objectif étant d’anticiper leurs demandes. Rien ne vient.
- Sénatrice Nerchal, et je suppose Monsieur Rag, salua Arhlys en lui présentant la main.
Ce dernier hésita à la lui serrer. Le Capitaine l’invita à le faire d’un simple sourire. De la nervosité se lut sur son visage. La confiance que dégageait Arhlys l’incommodait. Comme le fait qu’elle soit aussi une femme. Il n’arrivait toujours pas à s’habituer à devoir composer avec d’aussi faibles créatures. Tous ces vêtements ne l’aidant pas à se mettre dans les meilleures conditions. Par expérience, il savait que les Officiers de Starfleet avaient plus d’une carte dans leur jeu. Il devait s’en méfier comme de la peste. Après tout, la Fédération, par le biais de son Starfleet, avait inspiré la révolution culturelle chez les siens. La nausée monta en lui, mais il se contint. Il ne souhaitait pas leur montrer son écœurement. Cela pouvait être néfaste pour les affaires. Lui, qui avait toujours été élevé dans la tradition, il se sentait comme en enfer.
Il cracha sur cette chance qui s’abstenait de se présenter. Comme la venue des richesses qu’il convoitait tant. La ruine de l’ancien Empire romulien aurait pu faire sa fortune. Malheureusement pour lui, et contrairement à son frère, la seule récolte à laquelle il avait droit était ces infamies. Il sourit au Capitaine de Starfleet. Un temps qu’il mit à profit pour raviser sa rancœur et autres émotions néfastes. Cela afin de favoriser une affaire florissante pour lui-même.
- Vous osez, après ce que vous avez fait… cracha la Sénatrice.
- Pardonnez-moi, Sénatrice, mais ce n’est pas le sujet d’actualité, rétorqua Arhlys fermement.
Une occasion, se dit Rag. Il n’en espérait pas tant. La fortune lui souriait à nouveau.
- Si je comprends bien, vous ne niez pas les faits.
- Les seuls faits à retenir, Sénatrice sont que nous avons été manipulés, évoqua l’Officier de Starfleet.
Le ferengi se frottait déjà les mains. Toutes les infortunes l’avaient mené à cet instant. Le Capitaine de Starfleet allait être mis sur la touche. Il faudra qu’il fasse une donation à la Grande Trésorerie pour ce bénéfice. Le cours de sa vie allait prendre une augmentation. Il sentait déjà les barres de latinium emplir la pièce. Il entendait aussi cette arrogante Capitaine lui murmurer à l’oreille. Il faillit exposer son enthousiasme par inadvertance. Il se rendit très vite compte que l’assistance le fixait. Il ne put que bafouiller quand il présenta des excuses. Il se demandait ce qui s’était passé entre les deux femelles. Il ressentait la crise financière lui engourdir les jambes. Il déglutit chaque fois que l’Officier le nommait. Il ne savait que répondre. Les seuls sons qu’il entendait n’étaient qu’un bourdonnement. Un peu comme celui d’une téléportation.
Erun attendait, confortablement installé dans le fauteuil du Capitaine. Une tasse de thé à la main, il consultait les divers rapports des services. Cela était satisfaisant, même s’il faudrait faire un remaniement de certaines équipes. Le Capitaine était sain et sauf. C’était l’essentiel pour lui. Toutefois, il aurait préféré un brin d’action. Il soupira en se tournant vers T’Lan. L’Officier restait impassible, sans conversation. Comment une espèce aussi froide et peu ouverte aux émotions pouvait arriver à se reproduire ? Peut-être que l’une des trills pouvait avoir la réponse à cette question. Il nota qu’il fallait de préférence voir auprès de Seena Lax. Au moins avec elle, il était sûr de ne pas se retrouver à étaler sa vie privée. Larenia, contrairement à T’Lan, était très facile à cerner. Celle-ci le fixa, comme si elle avait capté ses pensées la concernant. Un frisson parcourut l’échine du bajoran. Il déglutit et se ressaisit rapidement.
- Les senseurs du navire captent un écho de tachyon, annonça la vulcaine.
- Du tachyon, répéta perplexe le Numéro Un.
- Vous m’avez bien entendue. Toutefois, l’écho est très faible. Il est très difficile à localiser avec précision.
- Cela ne pourrait-il pas n’être qu’une tache ?
- C’est une possibilité, mais compte tenu des derniers événements, les probabilités nous orientent plus vers un navire occulté.
- Intéressant, murmura Erun en scrutant l’horizon à travers l’écran principal.
Le Numéro Un réfléchit un instant. S’il avait affaire à un navire furtif, sa présence devait être liée à l’agression du Sénateur. Une preuve supplémentaire prouvant l’innocence de leur Capitaine. Les Prophètes étaient avec eux. Il se tourna vers la vulcaine. Celle-ci faisait danser ses doigts sur le tableau lumineux. Il la soupçonna de tenter d’approfondir sa découverte. Il était toujours rassurant d’avoir un vulcain sur la passerelle. Bien qu’étant d’une nature logique et asociale, de son point de vue, leur espèce avait le don d’être très pointilleux sur les détails. Du moins, ceux qu’il avait rencontrés jusqu’à maintenant. Contrairement à T’Lan, les autres aimaient disserter en public. Car, depuis qu’elle était à bord, Erun l’avait rarement vue participer à une conservation, ni s’élancer dans un quelconque débat. Cela donnait l’impression qu’elle cachait certaines choses. Lorsque leurs regards se croisaient, Erun pouvait sentir la sagesse vulcaine la guider.
- J’ai localisé la zone où le vaisseau doit probablement se trouver, informa T’Lan.
- Très bien. Pouvez-vous faire… commença Erun.
Avant qu’il eut terminé de formuler sa demande, la vulcaine fit apparaître l’endroit où devait se situer l’inconnu. Habituellement, on ne repérait que trop tard la présence d’un tel navire. Les circonstances présentes faisaient qu’ils étaient plus vigilants. Si on savait ce qu’on cherchait, un bouclier occulteur n’était qu’une entrave supplémentaire. Qu’importe le dispositif, ils émettaient toujours un rayonnement. Il suffisait juste de savoir lequel. Pour les romuliens, c’était le tachyon. Malheureusement, ces vaisseaux restaient, tout de même, de terribles menaces. Maintenant qu’ils avaient détecté sa présence, Erun ne souhaitait pas le perdre de vue.
- Désolé, mais on ne peut plus rien faire, annonça le médecin rémien d’un air résigné.
- En êtes-vous sûr ? Interrogea Arhlys.
- Malheureusement, Capitaine, je confirme le diagnostic de mon très cher confrère, répondit Larenia.
Arhlys resta songeuse devant le corps allongé du ferengi. Elle fit une grimace avant de se tourner vers le lit du Sénateur romulien.
- Il va mieux, la rassura Larenia. Et les négociations ?
- En absence du Sénateur Maraed, je crains que nous soyons dans une impasse, lâcha une Arhlys tentant de contenir sa colère. La Sénatrice me tient personnellement responsable de la dégradation de leur situation.
- Contrairement à vous, le Sénateur se doit de garder le lit, pour encore quelques temps, stipula le médecin rémien en invitant les deux Officiers de Starfleet à quitter la pièce.
Arhlys aurait voulu réagir, mais elle obtempéra. Elle se rappelait quand elle avait reçu ses ordres. Elle avait protesté. Elle n’avait pas l’âme d’un diplomate, comme l’Ambassadeur Picard. Elle aurait préféré être secondée pour cette mission. Malheureusement, ces derniers temps, le corps diplomatique était très sollicité. Arhlys devait faire avec. Elle espérait simplement que le contexte ne se dégraderait pas plus. Il lui faudrait trouver un moyen de redresser la situation auprès de la Sénatrice. Elle réussit à obtenir un dernier regard sur le Sénateur Maraed avant que les portes ne se referment.
Une des premières choses que ses parents lui apprirent fut le pouvoir des mots. Intuitivement, il se doutait que la section 31 était quelque chose d’important. Un indice sur ceux qui lui aient porté le coup. On ne se révélait pas sans raison. On attendait de lui, dans son agonie, qu’il dévoile ce nom. Pour quelle raison ? Il l’ignorait. Ouvrir les yeux lui fut très difficile. Il se demanda s’il en était de même lorsqu’on naissait. D’une certaine manière, c’était son cas. Ou plutôt devrait-il dire une renaissance. Il avait courtisé la mort. Et tel un courtisan, il s’en éloignait pour chasser une nouvelle proie : la vie. On l’y avait aidé. Au tout début, tout était flou. Il avait l’impression d’être plongé dans la brume. Puis lentement, les étoiles et les ténèbres se substituèrent au voile blafard. Ses sens devaient être encore engourdis. Un halo bleuté teinta temporairement l’obscurité. Bien qu’il s’en doutât, cela lui confirma l’endroit où il se trouvait. Une ombre approcha. Sa silhouette lui était familière. Elle commença à répéter les mêmes mots qui avaient précédé son long sommeil. Elle ne termina pas son monologue. Quelque chose venait de l’attraper, d’après ce qu’il devinait.
- Echec et mat, souffla le dernier arrivant.
- Relâchez-moi, c’est la Section 31 qui m’envoie, murmura l’assassin entre ses dents.
- Devrais-je le savoir ?
- Tout être sensible est une symbiose d’ombre et de lumière. Il en est de même pour les plus illustres organisations.
- Intéressant, monsieur l’agent photonique, révéla Larenia en arrivant, le tricordeur tendu vers l’assassin.
L’agent photonique lâcha son arme pour se retourner quand il s’évapora. Dans sa disparition, un anneau retomba sur le sol. Le Sénateur C’Teek, accompagné de deux agents de sécurité et de Arhlys, venaient d’entrer. Le Capitaine s’approcha du lit où elle ramassa le bracelet tandis que Quartz récupéra l’arme. Celui-ci la confia à une Larenia toute souriante. Le médecin rémien et elle-même allaient enfin avoir un échantillon sain du poison. A eux deux, ils allaient enfin pouvoir trouver un traitement au mal rongeant le Sénateur. Arhlys analysa le bracelet. C’était un holo-émetteur portatif. Elle le remit aux romuliens.
- Ceci sera la clef qui vous mènera aux conspirateurs, Sénateur C’Teek.
- Merci bien, Capitaine, dit-il en s’inclinant.
Arhlys fit quelques pas avant de s’installer dans son fauteuil. Elle prit une nouvelle gorgée. Finalement, elle revint sur son jugement. Le café romulien était vraiment infect. On ne l’y reprendrait pas deux fois. L’Officier activa l’écran holographique de son bureau. Les données qu’elle avait recueillies du bracelet y défilaient. Encore un cours qu’elle avait sauté, se rappela-t-elle. Heureusement, ce fut le moment que choisit T’Lan pour rendre son rapport sur le sujet. Arhlys autorisa la vulcaine à entrer. Celle-ci était accompagnée d’Erun. Il était temps d’en apprendre plus sur les commanditaires de l’assassin photonique. Le Capitaine les invita à s’installer dans son petit salon. Elle leur proposa une boisson. Comme à son habitude, son Numéro Un opta pour un thé, quant à la vulcaine, elle refusa poliment. Arhlys prit un second raktagino. Elle allait en avoir besoin. T’Lan était peu encline au social, mais ce n’était pas la raison. La vulcaine était l’équivalent de Liim quand il s’agissait d’aborder son domaine. Si le bolien démontrait son enthousiasme et son émotion quand il parlait, ce n’était pas le cas de la jeune femme. Le breuvage klingon était là pour aider Arhlys à passer ce moment. Finalement, il n’y eut qu’une chose essentielle à retenir : l’appareil n’était pas de conception fédérale, mais romulienne. La piste du Tal Shiar était évoquée. Mais il pouvait s’agir d’une autre faction. Car cela avait été très facile à T’Lan de découvrir les imperfections révélées par les données d’Arhlys.
Relectrice : Isania