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[DungeonCrawlEvent] - *Le Joyau de Ragash*

solunfaiel
solunfaiel Registered Users Messages: 22
Modifié (décembre 2012) dans Coin des joueurs
Le Joyau de Ragash


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1407101AredFaerun.jpg




"Regarde vers le Couchant, je vois mes camarades, mes amours, mes amis d'enfance,
ceux qui sont partis avant moi et ceux qui viendront me rejoindre.
Je les vois à l'ombre des grands chênes, ou perchés sur leurs branches, le visage baigné de soleil...
Ils m'appellent vers le Couchant, là où je vais."

La prière des mourants - Prière Tel'quessir.




Faerûn - Côte des épées - Forêt d'Arprofond - 1485 CV - Un jour d'Uktar




Dans la forêt d'Arprofond, un homme courait à vive allure au milieu des saules céruléens, des arbres cendrés et des hydrochênes, s'arrêtant de temps à autre pour jeter un coup d'oeil fugace par dessus son épaule. La pluie épaisse et le brouillard nocturne empêchaient toute visibilité à plus de quelques mètres, si bien qu'on aurait dit que l'humain tentait d'échapper à des poursuivants imaginaires. Scalion faisait très peu de bruit malgré sa course, l'orage couvrait le souffle rauque de sa respiration, et les petits bruits secs des branchages et feuilles mortes qui se cassaient sous ses pas.

Il ne lui fallut pas longtemps pour les entendre, car ils n'avaient pas abandonné leur proie. Les Drows étaient réputés pour leur pugnacité et leur ténacité. Des elfes noirs l'avaient certainement repéré alors qu'il campait à l'entrée de la forêt. Il savait que ces maudits elfes sortaient de temps à autre des entrailles de Faerûn pour mener des raids rapides contre les habitants de la surface. Vu qu'ils étaient largement en supériorité numérique, le guerrier avait décidé de fuir. Sur le coup cela lui avait semblé être la meilleure alternative, mais maintenant, il doutait de plus en plus que ce fut le cas. Une chose était sûre: la vision des drows leur permettait de repérer les différentes températures de leur environnement obscur et, vu la dépense d'énergie de leur cible, nul doute que Scalion devait briller de mille feux dans l'obscurité.

Les adorateurs de Lolth se rapprochaient plus vite que prévu. Désespéré, Scalion se recouvra entièrement de boue et de végétaux détrempés, puis s'accroupit dans les racines épaisses, essayant de se fondre dans l'ombre du mieux qu'il put. S'ils passaient sans le voir, il pourrait repartir dans une autre direction et oublier cette poursuite. Alors qu'il réfléchissait à la suite des évènements, quatre drows firent irruption à quatre mètres de lui. Il s'arrêtèrent net, au signal de main levée de l'un d'entre eux, qui scrutait le sol. Scalion retenait sa respiration en adressant une prière silencieuse à Kelemvor, afin que le dieu l'épargne et le dérobe un peu mieux aux yeux de ces Drows.

A sa grande surprise, ceux ci se remirent en route peu après, en réponse au bruit de course effrénée qui résonna soudain vers l'ouest.
Il sourit et remercia silencieusement le Seigneur des Morts.
Lorsqu'il entreprit de se relever, la pluie s'était arrêtée.
Un petit rire aigüe jaillit derrière lui.

"- Ne crois surtout pas qu'un dieu veille sur toi! ", dit une voix douce.


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* *



Une Elfe le toisait.
Elle était assise, ou plutôt perchée, sur une branche non loin de lui.
Sa beauté naturelle baignait dans un léger halo vert foncé: Scalion en fut subjugué, bouche bée.

"- Moi qui pensait que les hommes étaient de véritables moulins à paroles !!!", s'écria -t-elle en riant.
Scalion rit doucement, sentant la peur de la traque s'estomper peu à peu.
Il se sentait bien mieux depuis l'arrivée de cette étrange, mais si gracieuse créature à la chevelure blonde.

" - Mais revenons à la raison pour laquelle je t'ai sauvé la vie, jeune homme."
L'Elfe marqua une pause en voyant le sourire de Scalion s'estomper.
"- Nous sommes en chemin pour une auberge d'humain toute proche d'ici, en lisière de la forêt. Nous y allons pour éclaircir certaines rumeurs étranges. Cela serait tout à ton honneur de bien vouloir nous y accompagner en échange, pour avoir fait perdre la piste à ceux qui te poursuivaient."
"- Pourquoi? Vous m'avez l'air de pouvoir vous débrouiller par vous même.", répondit Scalion avant de regarder autour d'eux et d'ajouter:
"- Attendez un peu ... "Nous? ... "
Le visage de son interlocutrice se fendit d'un sourire gracieux tandis qu'elle fit un signe de la main au dessus de sa tête.
Deux silhouettes s'extirpèrent des ombres de la végétation épaisse et s'avancèrent vers eux.
" - Je te présente mes compagnons, Taris et Enariel.", dit -elle en faisant un mouvement de tête à vers les nouveaux arrivants.
"- La bonne rencontre!", dit le premier, un halfelin au visage émacié qui tortillait machinalement ses longs favoris bruns.
La seconde, une elfe de la lune, inclina légèrement son visage de fée, gratifiant le jeune guerrier en face de lui d'un regard plein d'empathie.

" - Pour répondre à ta question", reprit l'Elfe dans l'arbre, "Simplement parce que les humains préfèrent parfois parler avec leur congénères, voilà pourquoi. Et cela serait donc un atout de t'avoir avec nous dans ce cas."
"- Au vu de tes talents de fuyard, ce n'est certainement pas pour tes qualités de combattant qu'on souhaite que tu te joignes à nous.", dit Taris avec une grimace en guise de sourire. "Et aussi, ce que notre amie Aludriel a oublié de te dire, c'est qu'il y aura peut-être moyen de remplir tes poches de belles piécettes sonnantes et trébuchantes au passage".
"- Heureuse rencontre, rétorqua Scalion choisissant d'ignorer la remarque désobligeante : je suis votre homme d'armes et je vous protègerai au combat si besoin, mais pour ça, je veux une part équitable de tout ce que vous gagnerez et je me garde le droit de partir à tout moment."

Il vivait des temps très difficiles.
Cela faisait plusieurs jours que le guerrier errait sans véritable but, ou salaire, il ne voulait donc pas manquer cette aubaine.
La belle Elfe, Aludriel, plissa les yeux en opinant du visage:
"- Je suis d'accord avec tes conditions, et tu es ?"
"- Scalion Rivargent."




* * *
* *





Faerûn - Côte des épées - Lisière de Forêt d'Arprofond - 1485 CV - Uktar , 2ème jour



Les aventuriers se reposèrent un jour complet à la Truite chantante, un petite auberge assez misérable, située au bord d'une vieille route qui courait le long de la lisière sud-est de la Forêt d'Arprofond, une artère marchande autrefois importante, et ce, bien avant la Deuxième ère du Ciel embrasé, bien avant que la magepeste ne s'abatte sur Faerûn, cent ans plus tôt.

Le groupe s'y était vu confirmer, par le propriétaire du lieu, un certain Nalyon Illiaskine, les rumeurs pour lesquelles ils étaient venus.
En effet, depuis quelques mois, des gobelins étranges interpelaient les voyageurs, pour leur vendre tout et n'importe quoi, parfois même des interprétations de chansons! Comme si les gobelins pouvaient compter dans leur rangs des bardes appréciant la musique ... Mais le fait le plus intrigant fut que ces gobelins étaient décrits comme bienveillants et honnêtes, une rumeur qui attisait d'autant plus la curiosité des autochtones.

Aludriel décida donc qu'ils devraient se rendre dans la zone où ils avaient été vu.
Une fois sur place, ils se séparèrent quelques instants jusqu'à ce que Taris trouva enfin une piste intéressante: du doigt il pointait un petit chemin de terre qui s'enfonçait dans la forêt. Le groupe l'emprunta aussitôt, l'halfelin en tête, suivi de Scalion, Aludriel et Enariel. Après une longue marche vers l'ouest, ils découvrirent une petite partie moins boisée de la forêt, là où une crevasse béante longeait le chemin sur quelques mètres.



8928863Aredlacrevasse.jpg




Une corde, solidement nouée autour d'un tronc d'arbre, plongeait dans l'obscurité de cette crevasse.
Taris montra à ses partenaires une paire de petites traces dans la terre meuble autour de l'arbre: sans aucun doute celles de gobelins.

Scalion opina et entreprit d'attacher en queue de cheval ses longs cheveux noirs et lisses:
" - Bien joué, on dirait qu'on tient là notre début de piste.", dit-il en se penchant pour regarder vers les profondeurs en contrebas.
" - Merci. Tymora semble être avec nous. Mais il va nous falloir descendre un peu je pense.", répondit l'halfelin, l'air un brin taquin en regardant, amusé, l'armure lourde et l'encombrant pavois que portait le guerrier.

Aludriel confirma les paroles de Taris.
Ils commencèrent alors leur escalade lentement, s'assurant une dernière fois que personne ne les observait de la surface.



8994864Aredaufonddelacrevasse.jpg




Essoufflés par cette longue descente à la corde, les quatre compagnons découvrirent une plateforme rocheuse, d'où partaient de vieux escaliers s'enfonçant dans le noir.
Aludriel lança un sort sur son bâton, ramenant une vive lumière autour d'eux.
Là où ils se trouvaient, il n'y avait rien à part quelques débris et petits ossements divers.
Toujours dans le même ordre, le groupe s'engagea dans les escaliers.

Ils atteignirent très vite un mur en ruine en contrebas, d'où jaillirent des insectes énormes.
"- La Dame argentée nous protège! Qu'est-ce que c'est ?", s'écria Enariel, brandissant devant elle son symbole sacré de Séluné.
"- Des mille-pattes géants ! Méfiez-vous de leur morsure surtout!", cria Taris en se repliant derrière Scalion, qui levait haut son bouclier en le frappant du plat de l'épée, essayant d'attirer toute l'attention de ces horreurs sur lui.

Le combat fut âpre, mais personne ne fut blessé.
Scalion bloquant bien le passage avec son pavois, ses partenaires purent décocher quelques traits et sorts qui tuèrent assez rapidement les six mille-pattes géants sortis des parois.



4443305Aredbasescaliers.jpg




Les escaliers serpentaient parmi les ruines d'un bâtiment enfoui sous terre.
Au bout d'un grand nombre de marches, il les mena finalement dans une pièce remplie de décombres.
Alors que l'halfelin allait poser son pied dans la salle, il s'arrêta brusquement, ce qui stoppa tout le groupe.
D'un geste circulaire du doigt il délimita une surface sur le sol devant eux.
Aludriel et la prêtresse de Séluné opinèrent, laissant le soin au roublard de fouiller la pièce.
Taris laissa échapper un long et faible sifflement puis se mit à effectuer cabrioles et acrobaties qui l'emmenèrent de l'autre côté de la salle.
Là, il s'agenouilla et, à l'aide d'un petit outils en acier, se mit à bricoler on ne sait quoi au pied du mur septentrional.
Quelque chose, comme un claquement métallique, tinta dans l'air et l'halfelin appela le groupe d'un mouvement de tête.


* * *
* *



Au sortir de plusieurs couloirs délabrés, où les quatre aventuriers affrontèrent de nombreux mille-pattes et autres parasites tapis dans les entrailles de ces galeries souterraines, ils arrivèrent enfin devant une porte et un mur en bon état.
En silence, ils s'approchèrent de l'épaisse porte en bois.
Des voix se firent entendre de l'autre côté, elles s'exprimaient dans une langue que Scalion ne comprenait pas.

"- Qu'est-ce qu'ils....", essaya de dire l'homme, en vain car Aduriel lui plaqua fermement sa main sur la bouche, le fustigeant d'un regard noir.
La conversation de l'autre côté se poursuivit.
Les voix s'éloignèrent ensuite, tandis que tous, sauf Scalion, se regardaient les uns les autres, surpris.

L'humain écarta les mains, les paumes vers le plafond, en signe d'incompréhension.
"- Ils parlaient le gobelin. Mais ce n'est pas ça qui est surprenant, évidemment", lui murmura Aludriel. "C'est plutôt leur façon de parler et leur sujet de conversation qui le sont."
La magicienne se tut quand elle croisa le regard d'Enariel.
"- Et bin, quoi?", souffla Scalion, impatient.
"- Ils s'expriment sans la brutalité inhérente à leur race. Je n'avais jamais entendu parler d'une telle chose."
Aludriel se gratta le front plusieurs fois avant de reprendre:
"- Leur discussion tournait autour d'autres gobelins, qu'ils surnomment les faiseurs, et plus précisément sur le fait de devoir les garder enfermés pour que ceux là ne fassent aucun mal aux habitants et aux voyageurs de la fôret. Avant de partir, ils se demandaient aussi comment ils allaient pouvoir nourrir leurs prisonniers ."
"- De quoi? Je ne comprends rien.", râla Scalion.

"- En gros, ils gardent enfermés certains des leurs avec la ferme intention de les garder en vie sans jamais les relâcher...pour qu'ils sèment pas la zizanie... Bizarre pour des gobelins, non?", répéta Taris, les doigts dans ses favoris:
"- Oh ma tête .. par Oghma, pourquoi ai-je bu tant de vin hier soir ?"


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  • solunfaiel
    solunfaiel Registered Users Messages: 22
    Modifié (décembre 2012)
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    Taris crocheta la serrure de la porte en bois massif.
    Scalion et ses compagnons pénétrèrent dans une salle moyenne où beaucoup de caisses, tonneaux et sacs à provisions étaient entassés.



    6960226Aredremise.jpg




    Aludriel se dirigea droit sur la porte du mur opposé pour la toucher à l'aide d'une petite baguette dorée.
    Une lumière blanche illumina l'encadrement quelques secondes.
    Elle fit de même avec la porte par laquelle ils étaient entrés.

    "-Nous pouvons nous reposer un peu et aviser pour la suite.", déclara la magicienne elfe:
    "-Les portes sont verrouillées magiquement, ça nous laissera le temps de réagir si quelque chose ou quelqu'un vient par ici."

    La prêtresse et Aludriel s'installèrent à part pour respectivement prier et méditer.
    Scalion et Taris en profitèrent pour faire le tour des marchandises stockées ici et là.
    Ainsi, ils dénichèrent de quoi faire un repas rapide, composé de fruits secs et de fromages divers.

    "- Ils sont organisés et entretiennent le coin d'une façon qui ne ressemble guère aux tribus de gobelins. Ce qui me surprend d'autant plus, c'est que nous n'avons trouvé aucune arme.", dit Enariel
    "- Peut-être parce qu'ils les gardent ailleurs... ", lui répondit Taris.

    La poignée de la porte au nord de la pièce bougea plusieurs fois, suivi d'une discussion en gobelin.
    "- Ils ne savent pas ce qu'il se passe: la porte n'a pas de serrure.", murmura Aludriel.
    Quelques coups frappèrent à la porte:
    "- Qui dedans? Nous pas vouloir de mal, ouvrir nous!", dit tout haut une voix suraigüe, dans un commun plus qu'approximatif.

    Dans la salle, tout le monde échangea de longs regards abasourdis:
    en temps normal nul doute que des gobelins auraient enfoncé la porte pour trancher la gorge des intrus avant d'en faire leur diner.
    Comme souvent, ce fut Aludriel qui prit l'initiative en faisant signe à Taris d'aller se cacher.
    Celui-ci s'exécuta en silence.

    Face à la porte, la magicienne parla calmement:
    "- Heureuse rencontre, nous sommes désolés de vous surprendre de la sorte: nous ne vous voulons pas de mal et ne sommes pas ici pour voler quoi que ce soit. On nous a parlé de commerçants itinérants et d'artistes gobelins, nous sommes curieux de les rencontrer. Je vais ouvrir la porte lentement, ne faites rien contre nous, ou il vous en coûtera."

    Scalion se colla le dos au mur, épée longue au clair, paré à la confrontation.
    Enariel gardait son symbole sacré dans les mains, les yeux mi-clos, très sûrement en train de se concentrer sur une incantation divine.
    Quant à Taris, personne ne pouvait le voir, dissimulé dans l'ombre.
    Seul le cliquetis d'une arbalète chargée indiqua que le voleur était prêt.

    La même voix gobelinoïde se fit entendre à travers le bois épais:
    "- Oui, oui. Vous ouvrir porte et nous rester tranquille."
    "- C'est d'accord, nous ouvrons.", dit Aludriel qui posa sa main sur la porte, déclenchant un nouvel aura lumineux autour de celle-ci.

    La magicienne échangea un regard entendu avec Scalion puis ouvrit la porte.
    Trois petits gobelins, étrangement vêtus de vêtements bariolés d'enfants humains, s'avancèrent doucement, leurs mains verdâtres vides en avant, en guise de paix.
    Leurs yeux étaient différents des gobelins que les aventuriers avaient croisé par le passé:
    ils brillaient d'une lueur douce et surnaturelle.

    "- Nous, tribu de Raghash. Moi être Ogh, vous bienvenus.", proclama le plus grand des trois, avec un grand sourire.



    * * *
    * *




    1124987Aredsallecommune.jpg





    Scalion n'en croyait toujours pas ses yeux.
    Les gobelins les avaient emmenés jusqu'à une grande salle qu'ils avaient aménagé d'une façon bien plus civilisée que ne le faisaient généralement leurs tribus. Le jeune homme en avait d'ailleurs compté une bonne vingtaine, seulement des adultes mâles.
    Des petits feux brulaient de ci de là mais la lumière provenait surtout de grands champignons jaunâtres et phosphorescents, baignant l'endroit d'une lueur dorée plutôt reposante.

    On leur demanda de s'asseoir dans le coin ouest de la salle, autour du foyer le plus grand, où se regroupa aussi toute la tribu.
    Ces gobelins leur souriaient et riaient entre eux parfois, dans un concert de piaillements rapides, toujours plus aigües les uns que les autres.
    Même si Scalion se sentait un peu soulagé par la situation, elle provoquait aussi chez lui un certain malaise: voir ces gobelins accoutrés de la sorte, sans aucune arme, réagir entre eux comme une bande de gamins, le dérangeait. Son instinct lui criait gare.
    Il prit place près des braises avec les deux elfes, leur laissant le soin de discuter.

    "- Merci de nous accueillir chez vous, je suis Aludriel et voici Enariel et Scalion. Nous avons entendu parler de ... "gens".. comme vous et nous venons en paix pour vous rencontrer."
    "- Tribu de Ragash doit merci à vous. Vous premier à venir ici. Honneur de vous voir.", leur dit Ogh, toujours tout sourire, à ceci prêt qu'une fierté naïve se lisait dans sa façon de bomber son maigre torse.
    "- Nous venons d'Eauprofonde", poursuivit Aludriel, "et vous d'où venez vous?"
    "- Nous être arrivés ici pas longtemps avant froid venir dans forêt. Trouver vieux murs sous terre et rester jusqu'à ce que ...."

    Une forte explosion fit sursauter toute l'assemblée: la porte ouest vola en éclats, dans une grande gerbe enflammée.

    "- Les faiseurs!", cria Ogh qui se leva d'un bond, terrifié.



    * * *
    * *




    Toute une bande de gobelins armés chargea dans la pièce.
    Ceux là semblaient normaux, avec cette agressivité meurtrière si caractéristique.
    D'un seul coup, la grande salle commune se remplit de violence et de chaos.
    Les vingt gobelins prisonniers se jetèrent sur la tribu de Ragash, et ils ne firent aucune différence pour les quatre compagnons médusés.

    "- Attention!", cria Scalion.

    Le guerrier frappa lourdement au sol avec son pavois, provoquant une onde de choc bleutée qui projeta en arrière la première vague de gobelins, donnant ainsi le temps aux autres d'incanter leurs sorts.

    Un gobelin enragé se rua droit sur lui, l'humain le repoussa avec un nouveau grand coup de bouclier, qui le renversa sèchement. L'épée du guerrier lui transperça la gorge dans la foulée. Aludriel fit jaillir de ses mains un épais rayon glacial qui congela instantanément plusieurs de leurs assaillants.
    Taris surgit derrière eux et leur assena une série de coups précis, qui les réduisit en poussière gelée.

    "-Regardez! ", cria Enariel dans la tourmente.

    A chaque fois qu'ils tuaient un gobelin, un membre de la tribu de Ragash mourrait aussitôt.
    Chaque corps se transformait ensuite en une espèce de brouillard noirâtre, qui filait très vite dans l'ouverture de la porte défoncée.




    * * *
    * *




    5392028Aredsalledumiroir.jpg






    Le groupe avait tenu bon. Il ne restait plus que deux gobelins hostiles, repoussés dans la pièce d'où ils étaient venus.
    Heureusement qu'Enariel , digne prêtresse de Séluné, n'était pas avare pour dispenser les sorts de soins divins.
    Sinon, le combat aurait été tout autre.

    Ogh et un autre gobelin pleuraient, encore sous le choc: ils avaient perdu leur tribu.

    "- Vous assommer faiseurs, pas tuer. Pitié.", supplia Ogh.
    "- Pauvres créatures, dit doucement Enariel, nous devrions les écouter et ne pas tuer ceux qui restent. Au moins le temps de comprendre ce qui se passe ici."
    "- Tu veux essayer de capturer deux gobelins hargneux comme ça? Je suis plutôt pour essayer de comprendre plus tard en ce qui me concerne, je leur fais autant confiance qu'à un mage de Thay!", trancha Scalion, assez froidement.

    La pièce devant eux ressemblait à un vieux mausolée, avec des cercueils de pierre de chaque côté.
    Au centre du mur nord, sur une estrade, trônait un grand et sombre miroir au dessus duquel brillait une grosse pierre précieuse jaune.

    Des fourmis parcouraient les membres d'Aludriel.
    Elle leva les bras au dessus de son visage et les regarda un moment.
    "- Corellon ... je ne pensais pas ressentir ça à nouveau."
    "- Quoi encore?", pesta Scalion, qui avait assez eu de surprises pour la journée.
    "- Nous sommes dans ce qui ressemble à ce que, nous autres mages, appelons une zone de magie sauvage. Un endroit du tout est possible, si tu préfères.", dit la belle Elfe, l'air maintenant enivrée.
    "- Voilà déjà un point d'éclairci. Je parie que le joyau là bas nous fournira aussi des réponses." ricana Taris, le regard rivé sur la pierre en question.
    "- Pas toucher à Joyau de Ragash. Seul faiseurs touchent.", sanglota Ogh, qui s'était caché avec l'autre survivant, juste à l'entrée de la grande pièce commune.
    "- Bon, ça suffit!" s'écria Scalion.

    Il se leva et entra d'un pas décidé dans la pièce mortuaire.
    Les deux gobelins restants se précipitèrent au combat en même temps, si bien que l'un deux réussit à passer la défense du guerrier, lui assénant un coup de dague vicieux sur la joue droite. Scalion, surpris, recula de quelques pas pour s'arc-bouter derrière son grand bouclier et charger violemment ses deux opposants. Le coup les surprit. Les deux gobelins tombèrent, le souffle coupé par le choc. Le roublard se chargea du reste, d'un geste fluide, il trancha les gorges des peaux vertes.

    Deux cris résonnèrent dans la grande salle commune.
    Deux nuages noirs ne tardèrent pas à s'élever de là bas et à filer droit vers le joyau.
    Ce dernier les absorba instantanément, dans un grand éclair lumineux.

    "- Vous avez vu, c'était Ogh et l'autre. Pfiou, direct dans la pierre !!! ", dit fièrement Taris, "J'avais raison, hé hé!"




    * * *
    * *





    Les deux elfes, l'halfelin et l'humain était désormais seuls face à l'impressionnant miroir.
    Il était de très belle facture, d'un bois noir de jais, aux fines volutes soigneusement gravées autour de la grande surface réfléchissante.
    Chacun de leur regard était profondément plongé dans celui de leur reflet respectif.
    A cet instant, le temps sembla s'arrêter et cela leur fit du bien.
    Jusqu'à ce qu'une douleur vive, dans leur crâne, les rappelle brutalement à la réalité.

    Aludriel sut que quelque chose essayait de faire fléchir sa volonté.
    Elle dut se concentrer terriblement pour ne pas s'écrouler.
    Finalement, la pression et la douleur disparurent en même temps.
    Ses amis en revanche, étaient couchés au sol, inconscients.

    Trois silhouettes s'extirpaient du miroir, en poussant des cris stridents qui lui glaçait le sang.
    La magicienne apeurée reconnut ses partenaires, ou plutôt, leurs reflets, qui prenaient forme devant elle.
    Les répliques étaient affreusement semblables: armes , tenues, façon de bouger et charisme compris.
    Un sourire mauvais sur leurs lèvres, ils s'avancèrent vers la lanceuse de sorts.

    Aludriel sut qu'elle n'aurait aucune chance, seule contre ces doubles maléfiques:
    elle tendit la main vers le Joyau et tenta de le déloger de son socle grâce à sa manipulation à distance.
    Le reflet de Scalion leva son épée au devant d'elle.
    Il ricana froidement pendant que sa longue lame traversait le ventre de l'Elfe.

    La magicienne ne ressentit pas la douleur mais plutôt une immense décharge d'énergie magique qui parcourut son corps tout entier.
    Dans un dernier soubresaut de vie, elle tenta d'arracher le joyau du miroir avec sa télékinésie.

    Une terrible déflagration s'ensuivit, elle fut projetée contre le mur derrière elle, au pied duquel elle perdit connaissance à son tour.

    "- Corellon ..."




    * * *
    * *





    Faerûn - Côte des épées - Sous la forêt d'Arprofond - 1485 CV - Uktar , 3 ème jour




    Enariel tenait la tête d'Aludriel dans ses mains, sous les yeux de l'humain et de Taris.
    Ils avaient repris conscience ensemble, un peu plus tôt, devant le miroir, maintenant brisé en mille morceaux.
    C'est avec effroi qu'ils avaient trouvé le cadavre d'Aludriel.
    La prêtresse avait alors lu un parchemin en tenant la main de la magicienne morte.

    "- Elle ne devrait plus tarder à revenir parmi nous.", dit Enariel, la voix chargée de fatigue.

    Scalion opina et se mit à fouiller la pièce de fond en comble, bientôt assisté par l'halfelin.
    Ils découvrirent un petit coffret plein de diamants sous le miroir.
    Mais la pièce maîtresse du magot était cette étrange pierre jaune: le Joyau de Ragash.
    Ce dernier palpitait faiblement au fond du sac de Scalion.

    "- J'en connais quelques-uns qui vous paieront grassement pour ça à Eauprofonde.", murmura Aludriel, un petit sourire en coin.

    "- Loué soit la Seldarine! On dirait que tu as réussi à briser l'enchantement du miroir. Mais tu as mis du temps à reprendre tes esprits, j'étais inquiète. Je n'avais pas envie de prononcer la prière des mourants aujourd'hui, ma chère!", plaisanta la prêtresse.

    "- Et je n'avais pas du tout envie de l'entendre!"

    Les deux elfes rirent à gorge déployée.
    Le son de cette joie se répercuta longuement dans les souterrains d'Arpronfond, maintenant libérés de la malédiction du Joyau de Ragash.




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  • solunfaiel
    solunfaiel Registered Users Messages: 22
    Modifié (décembre 2012)
    [/ HRP /]

    Heureuse rencontre!

    Voici quelques précisions concernant mon récit ci-dessus.

    Le groupe d'aventuriers:

    - Scalion Rivargent: Humain, guerrier, Loyal Neutre;
    - Aludriel : Elfe, Magicienne, Chaotique Bon;
    - Taris: Halfelin, Voleur, Chaotique Neutre;
    - Enariel : Elfe, Prêtresse, Chaotique Bon.



    Les images:

    J'ai réalisé des maps sous le toolset de NWN2, puis j'ai pris des screenshots en MJ, mode caméra libre et au dessus des zones.
    Je voulais obtenir des petites cartes illustratives qui collaient au récit.

    La petite carte de la zone d'Arprofond sur la Côte des épées est quant à elle tirée de la carte officielle Wotc de Faerûn.



    Le miroir du Joyau de Ragash:

    Quand le Joyau de Ragash est enchâssé au sommet du meuble, ce grand miroir magique réagit si on y regarde son reflet.
    Il reproduit un peu le principe des miroirs d'opposition, en beaucoup plus puissant.

    Il faut réussir un jet de volonté pour ne pas céder à son sortilège.
    Auquel cas, un double fidèle en tout point à l'original (Caractéristiques, compétences, dons, pouvoirs, équipement, etc...) s'extirpe du miroir.
    Ce double a l'alignement opposé à celui ou celle qui s'y contemple.
    Ainsi pour les gobelins qui l'ont trouvé, ce fut des doubles à tendance Loyal bon qui en sont sortis, tandis que pour les aventuriers la surprise ne fut pas aussi bonne !

    De plus, il faut tenir compte du fait que le miroir semble se trouver dans une zone de magie sauvage, ce qui amplifie encore ses effets.
    C'est aussi pour cela que les reflets, tant qu'ils ne s'éloignent pas trop du miroir (quelques kilomètres), restent en vie pour une très longue période après s'être matérialisé.

    En somme, un combat pas simple à négocier pour les aventuriers qui tombent sur ce miroir, avec un drôle de "Boss" de fin, puisqu'ils se retrouvent contre l'exacte doublure de leur groupe.
    Pour pouvoir finir ce combat plus rapidement, il faut réussir à ôter le Joyau du miroir.
    Ce qui demande une énergie magique conséquente, le joyau ne pouvant être extrait de son châssis par la force.

    Olore.

    [/ HRP/ ]